Broderie, photographie, artisanat… sept expositions de mode à découvrir en France
La maison de broderie Lesagele photographe Françoise Huguier, le savoir-faire des maîtres d’art ou l’œuvre de l’artiste plasticien Jérémy Gobé ou encore celle de créatrice de vêtements Aurore Thibout faire l’objet d’expositions à Paris et en région, dès la rentrée. Suivez le guide.
« Lesage, 100 ans de mode et de décoration » à Paris
L’exposition Lesage, 100 ans de mode et de décoration célèbre les cent ans d’excellence et d’innovation de cette maison de broderie et de textile résidente au 19M. Elle met en lumière de nouvelles formes artistiques nées du dialogue entre la broderie et d’autres médiums ainsi que des collaborations inédites avec des créateurs contemporains (mode, arts plastiques, décoration, design d’espace et d’objets…). Le parcours est ponctué de pièces d’artisanat d’art réalisées pour des maisons de haute couture. Un aperçu détaillé des techniques, des gestes et des étapes de création plonge dans l’héritage de cette maison. Des installations immersives (capsules sonores, vidéo, etc.) permettent aux visiteurs de découvrir l’histoire de Lesage et les coulisses des ateliers, rendant hommage au travail de ses artisans.
Pour ce 100e anniversaire, le directeur artistique Hubert Barrère et l’atelier de broderie ont collaboré avec l’artiste Aristide Barraud pour concevoir MurmureComposé de centaines d’étourneaux brodés par des milliers de mains sur plusieurs panneaux d’organza, ce dessin monumental interroge ce phénomène naturel de migration qui conduit les étourneaux d’un continent à l’autre. Tout au long de l’année 2024, différents tronçons de cette broderie ont voyagé et des ateliers d’initiation gratuits ont été proposés au public. Après Marseille, Paris, Dakar et Venise, Murmure est de retour à la Galerie du 19M Paris/Aubervilliers.
Lesage, 100 ans de mode et de décoration du 26 septembre au 5 janvier 2025. La Galerie à partir de 19M. 2, place Skanderbeg, 75019 Paris.
« La couleur, mode d’emploi » de Françoise Huguier à Paris
Entre journalisme de terrain et mises en scène acid-pop des années 80, voici les photographies de mode de Françoise Huguier.procédé d’impression photographique en couleur) dans des tirages uniques éclatants de couleurs et des polaroïds vaporeux incarnent ce que le journaliste et critique Gérard Lefort – qui fut, avec Christian Caujolle, l’un des premiers à envoyer le reporter sur le terrain de la haute couture et des défilés du quotidien Libération – appelle la touche Huguier : « ce cadrage incliné, tordu, courbé, qui est sa marque de fabrique ». Une géométrie fascinante qu’elle a fait sienne pour bouleverser et sublimer l’image de la mode pour Vogue, Marie-Claire et le New York Times Magazine.
Devant l’objectif de Françoise Huguier, vingt ans de prêt-à-porter et de couture défilent, captés par un œil qui bénéficie d’une époque où les rédactions avaient une culture du reportage qui constitue le creuset de ses inspirations, de la Russie à l’Afrique de l’Ouest en passant par le Cambodge, l’Indonésie ou le Japon, dont elle encense les cinéastes comme Ozu, Kurosawa ou Mizoguchi. De ces maîtres du cadrage, elle a retenu une leçon : « Le premier plan est fondamental, c’est ce qui donne la dimension et le mouvement. » Un principe cher à celui qui a été élu, en janvier 2023, au sein de la section photographie de l’Académie des Beaux-Arts.
Couleur, mode d’emploi par Françoise Huguier jusqu’au 26 octobre. Galerie Polka. Tribunal de Venise. 12, rue Saint Gilles. 75003 Paris.
« Crin dans toute sa splendeur » à Jouy
L’exposition Le crin de cheval dans toute sa splendeur propose de découvrir l’histoire de cette fibre, le crin de cheval. Le parcours revisite le rôle emblématique du cheval dans la région de Jouy-en-Josas où la noblesse et la bourgeoisie pratiquaient la chasse à cheval. Celles-ci inspirèrent les iconographies de certaines toiles de Jouy. L’équitation était un passe-temps apprécié de Christophe-Philippe Oberkampf, fondateur de la manufacture de Jouy.
Issu d’un animal qui a marqué la société depuis la préhistoire, le crin de cheval est une matière utilisée pour de nombreuses applications. Utilisé brut dans certains objets utilitaires traditionnels, il est également tissé depuis le XVIIe siècle en Europe, pour créer des tissus uniques. Cette fibre, bien que récurrente depuis le XVIIIe siècle, a été très peu étudiée du point de vue de l’histoire du textile en Occident. Ainsi, à travers une soixantaine de pièces, cette exposition vous invite à découvrir les usages de cette fibre remarquable aux propriétés physiques et esthétiques : résistante, solide, durable, imputrescible, rigide mais souple. Elle est appréciée en raison de sa brillance et de sa douceur qui permettent la création de tissus aux tissages variés, jouant sur les reflets satinés et les effets de lumière. L’exposition présente les caractéristiques utilitaires, techniques, artistiques et esthétiques via des objets utilitaires traditionnels jusqu’aux créations contemporaines.
Le crin de cheval dans toute sa splendeur jusqu’au 12 janvier 2025. Musée de la Toile de Jouy. Château de l’Églantine. 54, rue Charles de Gaulle. 78350 Jouy en Josas.
« Sous le soleil du savoir-faire, les maîtres d’art à Versailles »
Organisée en partenariat avec l’Association des Maîtres d’Art, l’exposition Sous le soleil du savoir-faire, les maîtres d’art à Versailles valorise la démarche d’artisans d’exception. Décerné par le ministère de la Culture, le titre de maître d’art est accordé à vie, en reconnaissance de la maîtrise et de la transmission de savoir-faire rares. Il joue un rôle essentiel dans la perpétuation d’un patrimoine immatériel, pour l’excellence duquel la France est reconnue dans le monde entier depuis Louis XIV.
100 créations réalisées par 33 maîtres d’art utilisant des matériaux et des techniques variés : ornements floraux, laques, vitraux, plumassiers, parfois réalisées en collaboration avec des artistes de renom comme Annette Messager et Jean-Michel Othoniel. Ces œuvres sont exposées au cœur de l’espace Richaud. Des textes détaillés et des étiquettes expliquent ces gestes et savoir-faire, parfois séculaires, mais qui peuvent aussi faire appel à des technologies de pointe.
Sous le soleil du savoir-faire, les Maîtres d’art à Versailles jusqu’au 22 septembre. Espace Richaud. 78, boulevard de la Reine. 78000 Versailles. Entrée gratuite mais inscription obligatoire à espace.richaud@versailles.fr
« Reticulum Maris – Dentelle des mers » à Caudry
L’artiste plasticien Jérémy Gobé présente son projet Corail Artefact. Porté par l’idée que l’art n’est pas déconnecté du réel, Jérémy Gobé insuffle une nouvelle vie à des objets et des métiers qu’il transforme pour les soustraire au quotidien. En 2010, il trouve chez Emmaüs des squelettes de corail qui deviendront une source d’inspiration pour sa série Corail Restauration. Lorsqu’il remarque que le motif Point d’esprit de la dentelle est similaire à la structure du squelette de corail, le projet Corail Artefact prend vie. Ce programme de Recherche, Développement et Innovation cherche à proposer une solution à la dégradation des récifs coralliens et associe art, science, industrie et éducation afin de sensibiliser le public.
C’est ainsi que Jérémy Gobé s’est tourné vers la dentelle Leavers fabriquée à Caudry pour poursuivre ses expérimentations. En partenariat avec l’entreprise caudrienne Solstiss, il a souhaité créer une dentelle unique à partir de polymères produits par des êtres vivants. Dans une perspective scientifique mais aussi artistique, l’exposition présente plusieurs œuvres du plasticien. Des échantillons de dentelles, des créations haute couture en dentelle et broderie (Yiquin Yin, On Aura Tout Vu…) et des œuvres d’artistes et créateurs (Aurélie Lanoiselée, Simone Pheulpin, Tzuri Gueta…) évoquant les fonds marins complètent les collections du musée.
Reticulum Maris – Dentelle de mer du 20 septembre au 24 août 2025. Musée de la Dentelle et de la Broderie. Place des Mantilles. 59540 Caudry.
« Aurore Thibout, Dentelle et Katazome en mouvement » à Calais
Créateurs de mode, nouveau rendez-vous de la Cité de la dentelle et de la mode, ouvre une fenêtre sur les savoir-faire des métiers de la mode avec pour cette première édition, Aurore Thibout. Créatrice de vêtements et artiste textile, elle crée des collections en séries limitées et dessine des costumes pour les arts du spectacle. En dialogue avec des artisans du monde entier, notamment d’Asie, elle travaille sur l’évolution des gestes de techniques millénaires et développe une mode engagée dans l’univers poétique. En 2015, lauréate de la Villa Kujoyama à Kyoto au Japon, elle développe un travail de recherche sur le katazome, technique traditionnelle japonaise de teinture aux pochoirs et réserve de colle de riz. Questionnant les possibilités de créer en harmonie avec l’environnement et perpétuant les traditions artisanales ancestrales, elle tisse des liens avec des tisserands, teinturiers, imprimeurs et artistes japonais.
Ici, Aurore Thibout présente des vêtements en soie chirimen traditionnelle, en bois tissé et en papier. Ils sont le fruit de ses échanges avec des tisserands de la région de Tango au Japon, comme Tamiya Raden et son tissage en bois veiné, ou l’artisan teinturier Akasaka Taketoshi, spécialiste de la technique du pochoir dite « katazome ». Dans une symbiose à quatre mains, Aurore Thibout et Akasaka Taketoshi appliquent les couleurs au pinceau selon des gestes spontanés mais chorégraphiés pour une maîtrise de la technique du flou et de la maîtrise du hasard.
Aurore Thibout, Dentelle et Katazome en mouvement du 21 septembre au 15 décembre 2024. Cité de la Dentelle et de la Mode. 135, quai du Commerce. 62100 Calais.
« À travers le lin et le chanvre » de Joanna Staniszkis, à Villeneuve-le-Z Avignon
L’Abbaye Saint-André présente une exposition de l’artiste textile Joanna Staniszkis, créatrice dont les œuvres, imprégnées de l’histoire et des traditions textiles européennes, transcendent le temps. Cette artiste polymorphe se distingue par son exploration audacieuse des fibres et des teintures naturelles, mêlant traditions anciennes et expressions contemporaines. Son travail est un dialogue entre les lieux qu’elle habite et les histoires qu’ils murmurent. En Provence, elle s’est fascinée pour l’utilisation ancestrale du chanvre et du lin, deux fibres robustes chargées d’histoire. À l’aide de teintures naturelles, elle s’imprègne des propriétés uniques des fibres anciennes. Ses techniques incluent la sérigraphie, l’impression et les méthodes de tissage traditionnelles qu’elle réinterprète pour révéler de nouvelles textures et couleurs.
L’exposition présente un ensemble d’œuvres récentes mettant en lumière l’évolution de son travail avec le lin et le chanvre. Ici, des pièces teintes naturellement, des imprimés sérigraphiés et des créations où les fibres anciennes rencontrent des designs modernes.
Sur les traces du lin et du chanvre par Joanna Staniszkisjusqu’au 31 octobre. Abbaye Saint-André. 58, rue Montée du Fort. 30400 Villeneuve Lez Avignon.
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