« Le Parfum d’Irak » ou la douceur de l’enfance face à la guerre
Le destin du peuple irakien lui a été enlevé. Il lui a été enlevé par la guerre, par la dictature, par l’occupation américaine, par le terrorisme. Il fallait donc que le grand reporter d’origine irakienne Feurat Alani lui offre une nouvelle chance. Sans rien cacher des atrocités qui y ont eu lieu au fil des décennies, mais en abordant le sujet avec sincérité et douceur.
Créé en 2016, Le parfum de l’Irak est un récit autobiographique où le contexte historique influence la trajectoire personnelle de Feurat Alani, et vice-versa. Le journaliste juge alors essentiel de ne pas laisser la haine prendre le dessus sur le dialogue, dans une France en deuil après les attentats de 2015. « J’ai toujours ressenti comme une injustice le fait que mon entourage ne comprenne pas l’importance de ce qui se passait en Irak pour le monde entier. »il se souvient.
Misère, feu et sang
Après 1 000 tweets publiés en deux mois, puis une version bande dessinée (lauréate du prix Albert-Londres en 2019), Feurat Alani a retravaillé la matière originale avec son collègue dessinateur Léonard Cohen pour la transformer en film d’animation.
Pour y parvenir, le journaliste s’est appuyé sur deux piliers : assumer son regard sur la situation et souligner les liens qui existent entre les « personnages » de son récit et les spectateurs. « Au cours des discussions que j’ai eues lors des séances de dédicaces et des réunions, le retour le plus récurrent était que l’histoire était universelle, déclare Feurat Alani. Les sentiments, les relations familiales, la guerre… Tout le monde est concerné.
La bataille est pourtant loin d’être gagnée. Du régime autoritaire de Saddam Hussein à l’émergence du mouvement terroriste Daesh, en passant par l’invasion américaine du pays, l’image internationale de l’Irak est celle d’un pays à feu et à sang.
Feurat Alani en a été victime. Fils de réfugiés irakiens venus en France pour fuir la dictature, il a dû faire un travail d’introspection avant d’être en paix avec ses origines. Après l’avoir idéalisée dans sa jeunesse, Feurat Alani a subi de plein fouet la dureté de l’Irak lorsqu’il a travaillé comme correspondant de guerre. Malgré tout, plus que la géopolitique, c’est la douceur d’une glace à l’abricot, l’émotion de son père dans l’avion pour le pays qu’il a dû fuir, la découverte d’une culture foisonnante qui font Le parfum de l’Irak si précieux. La figure de son père, justement, en est l’épine dorsale.
Tout a commencé avec lui, torturé et accusé de trahison en Irak, militant de la Ligue communiste révolutionnaire dès son arrivée en France. Sa présence, telle une « miroir déformant »imprègne chaque plan ; tandis que sa mort, avant le début de la production du film, a suscité la création de séquences inédites en hommage. Le résultat est une fresque qui ne cesse de confirme sa grandeur, tant par son vibrant hommage à un pays ravagé par le conflit que par le dialogue instauré entre un fils en deuil et son père défunt.
Le parfum de l’IrakArt, 22h25
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