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Pourquoi des photos de tournage d’aéroport apparaissent-elles partout sur les réseaux sociaux ?



Il y a décidément beaucoup de choses à faire dans un avion ou dans un aéroport. Après la tendance du raw-dogging, qui consiste à passer tout le vol à fixer le siège qui se trouve devant soi, après le programme stopover, qui réinvente la liaison entre deux vols pour découvrir une destination supplémentaire, le secteur aérien voit actuellement émerger une nouvelle tendance appelée « airport tray aesthetics ».

Et comme c’est souvent le cas en 2024, cela se passe sur TikTok.

Organisez vos effets personnels pour vendre du rêve

Jusqu’à présent, l’étape du contrôle de sécurité était considérée comme une simple formalité destinée à garantir l’absence d’objets interdits en cabine (et à imposer quelques pas maladroits aux passagers, affublés de splendides surchaussures en papier).

Notre époque contemporaine ayant consacré l’image et fait triompher les réseaux sociaux, cette étape jusqu’ici dénuée de tout intérêt donne désormais naissance à un phénomène nouveau, explique The Guardian. Celui-ci consiste, pour les passagers de l’aéroport, à organiser soigneusement le contenu de leur plateau afin de mettre en valeur chaussures, parfums, accessoires, écouteurs, lunettes de soleil… Puis à photographier le tout et à partager le résultat avec leurs abonnés.

Comme souvent sur les réseaux sociaux, le but ici n’est pas de retranscrire la réalité du quotidien mais au contraire de vendre du rêve. Et donc de montrer au monde une vie idéale faite d’objets glamour, chics ou poétiques. Et peu importe que le contenant utilisé pour cela soit gris, moche et en plastique.

« Ne vous attendez pas à voir des sacs en plastique froissés remplis de petits tubes de dentifrice sur ces photos, CNN sourit. Il s’agit au contraire d’afficher une façon de voyager qui fait rêver. Il vous faudra donc caler un appareil photo argentique entre une paire de mocassins vintage et une édition originale de Sur la route de Kerouac. » Personne, d’ailleurs, ne saura que vous n’avez jamais fini de le lire.

Exposez votre vie, votre travail, vos objets

Ce nouveau phénomène s’inscrit dans une tendance plus large d’exposition en ligne d’objets personnels. De TikTok à Instagram en passant par Pinterest, les publications fleurissent mettant en valeur notre décoration quotidienne : étagères de bibliothèque, tables de chevet, tiroirs de bureau… Et même l’intérieur des réfrigérateurs.

L’homme a inventé le feu, certes, mais il a aussi inventé le « fridgescaping », qui consiste à disposer les aliments et les bocaux de la manière la plus harmonieuse possible dans son réfrigérateur. Et, pour les besoins de la photo, à les faire cohabiter avec des éléments décoratifs comme des vases, des cadres photo ou des bibelots.

Que ceux qui sont pressés s’abstiennent.

A l’aéroport, le phénomène n’est pas seulement superficiel : il est aussi problématique car il perturbe l’organisation minutieuse mise en place pour gérer le flux de voyageurs. Le New York Post déplore une tendance qui fait perdre du temps à tout le monde. Quant au journal britannique Metro, il prévient ceux qui seraient tentés par un cliché qu’il pourrait leur valoir le titre de « La personne la plus détestée de l’aéroport. »

L’Américaine Piper Taich semble avoir trouvé une solution pour participer à l’aventure sans retarder personne. Dans un post TikTok vu des centaines de milliers de fois, cette jeune femme de Chicago se filme chez elle, en train de remplir un plateau gris qu’elle explique avoir commandé sur Amazon. Elle y ajoute ses chaussures, ses accessoires et même une fausse carte d’embarquement réalisée sur Photoshop, avant de prendre le tout en photo…

@pipertaich

En réponse à @Kimberly Tutoriel photo esthétique sur les poubelles TSA Mayflower ! ✈️ #pinterest #thrifted #airportaesthetic #phototutorial

♬ son original – Piper Taich

Voilà de quoi faire réfléchir. La question est de savoir qui a réellement envie de vendre du rêve dans un nid de microbes. En 2018, une étude de l’université de Nottingham citée par Les Echos avait en effet alerté sur l’hygiène des bacs utilisés lors des contrôles de sécurité. Véritables nids à germes pathogènes, ils contiennent pour la plupart plus de microbes que les toilettes publiques.



GrP1

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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