De la musique électro pour clôturer les JO 2024, consécration d’un « patrimoine vivant »
Autrefois expérimentale et marginale, la musique électronique a « envahi le monde » jusqu’aux Jeux Olympiques de Paris, qui seront célébrés lors de la cérémonie de clôture des Jeux Paralympiques dimanche. « patrimoine vivant » Un français capable de faire danser les foules.
Stade de France, Saint-Denis. Dans cette ville au nord de Paris, nécropole des rois de France, 24 DJ s’apprêtent à couronner leur art à l’échelle mondiale lors d’un final musical et visuel d’une durée d’environ une heure.
Comme un « voyage des vagues » Recherchés par Victor le Masne, directeur musical des cérémonies, ces artistes d’univers différents formeront la bande-son de la French touch — étendard qui rassemble l’électro française reconnue et exportée internationalement — et de ses tendances.
« La musique électronique française a sa place en France et dans le monde et je suis heureux qu’elle ait la place qu’elle mérite (…) dans un événement grand public »Valentin Brunel, nom de scène Kungs, qui fait partie des sélectionnés, a indiqué à l’AFP.
Ce mouvement musical s’était déjà taillé une place de choix lors de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques le 11 août dernier, marquée par les prestations du groupe Air et Kavinsky, accompagnés par la chanteuse Angèle pour une reprise de « Appel de nuit »Plus tôt dans la soirée, plusieurs chansons du duo Justice avaient résonné dans les haut-parleurs du stade.
Dimanche, Kavinsky sera de nouveau sur scène, aux côtés d’un panel de DJs réputés – Martin Solveig, Cassius – ou plus confidentiels – comme Chloé Caillet ou Tatyana Jane. Le tout présenté par Jean-Michel Jarre, maestro de l’électro et aussi sa mémoire vivante.
1928, les vagues Martenot
« La musique électronique est née en France et en Europe » Il y a environ un siècle, on retrouve Jean-Michel Jarre, héritier du compositeur Pierre Henry, parmi les pionniers de l’électro à travers la musique concrète, dans laquelle les matériaux sonores sont soumis à des expérimentations.
Dans les années 1920, Maurice Martenot, musicien et musicologue, cherche à développer de nouvelles formes d’expression musicale : en 1928 naissent les ondes Martenot, l’un des plus anciens instruments de musique électroniques avec le thérémine russe.
Musique et innovation technologique s’entremêlent, l’électro quitte les labos et les conservatoires pour s’inviter dans les fêtes, jusqu’à basculer dans une nouvelle dimension à l’ère des synthétiseurs et des ordinateurs. Les Anglais ont White Noise, les Allemands brandissent Kraftwerk et la France brille, avec Daft Punk comme étendard.
« On pourrait dire que, de la même manière que le rock est une musique ethnique américaine qui a envahi le monde, la musique électronique est une musique française et européenne qui a envahi le monde. »compare Jean-Michel Jarre, qui souligne « sa véritable légitimité » par rapport à d’autres formes artistiques comme le cinéma ou la littérature.
Parallèlement, dans les années 2000, apparaît la danse électro, première et unique danse urbaine née en France, popularisée via internet.
« En mouvement »
Pour asseoir son succès, l’électro bénéficie aussi d’une recette imparable : un rythme entre 120 et 140 bpm (battements par minute), proche du rythme cardiaque lors d’un effort modéré, couplé à des chansons avares en paroles, quand elles ne sont pas totalement absentes. Pratique pour danser et se propager au-delà des frontières.
« Je pense que la place de la musique électronique est dans un stade d’athlétisme, c’est une musique hyper physique car le +kick+ (son de la grosse caisse, ndlr), la basse, transperce notre corps et nous donne envie de bouger »souligne César de Rummel, demi d’Ofenbach, qui compte bien le prouver dimanche.
« C’est un patrimoine vivant »résume Thomas Jolly, directeur artistique des cérémonies des Jeux Olympiques. « Le célébrer n’est pas seulement festif, mais cela fait aussi partie de notre histoire culturelle. »
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