Pourquoi la prise de contrôle d’un robot par un champignon est une avancée majeure
Il existe des champignons qui peuvent prendre le contrôle de leurs hôtes. Le Cordyceps, rendu célèbre par le jeu vidéo adapté en série télévisée Le dernier d’entre nousest l’une d’entre elles. Mais jamais auparavant une espèce fongique n’avait réussi à prendre le contrôle d’un robot. C’est désormais le cas grâce à une équipe de chercheurs américano-italiens.
Des scientifiques de l’Université Cornell (Etats-Unis) et de l’Université de Florence (Italie) ont tenté de placer un champignon comestible aux commandes de plusieurs petits véhicules robotisés, rapporte Science Alert. La série de tests a été réalisée à l’aide de pleurotes eryngii (champignons-huîtres royaux).
« Permettre à la machine de percevoir l’environnement et d’y répondre »
Les expériences ont démontré qu’il est possible d’utiliser l’activité électrophysiologique du champignon pour la traduire en signaux environnementaux. Ces informations peuvent ensuite être interprétées comme des directives pour contrôler les mouvements d’un appareil mécanique.
« En faisant pousser du mycélium à l’intérieur de l’électronique d’un robot, nous avons pu permettre à la machine biohybride de percevoir et de réagir à son environnement. »détaille Robert Shepherd, chercheur principal et scientifique des matériaux à l’Université Cornell, dans l’étude publiée dans Science Robotics.
Le mycélium est le réseau végétatif des champignons. Souvent invisible, il ressemble à une longue traînée de fils blanchâtres qui réagit aux changements de leur environnement. Les scientifiques ont donc exposé des pleurotes royaux à la lumière UV pour déclencher des réponses mécaniques chez deux types de robots : un appareil souple à cinq pattes et un véhicule à quatre roues.
Une technologie qui pourrait déclencher des actions automatiques en fonction de l’environnement
Au cours de ces expériences, les chercheurs ont non seulement tenté d’interpréter les signaux envoyés par le pleurote royal, mais aussi de l’influencer et de neutraliser ses impulsions « naturelles ». Mais le but ultime de l’étude n’est pas seulement de faire bouger les robots.
« Il s’agit de créer une véritable connexion avec le système vivant. Car une fois que vous entendez le signal, vous comprenez également ce qui se passe. Peut-être que ce signal provient d’une sorte de stress. Vous voyez donc la réponse physique, car ces signaux ne peuvent pas être visualisés, mais le robot, lui, le peut. »explique Anand Mishra, bioroboticien à l’Université Cornell.
Le potentiel de maîtrise d’une telle technologie pourrait permettre de réaliser des installations mécaniques plus simples que les deux robots testés par l’équipe de recherche. La capture et la compréhension de signaux environnementaux de ce type pourraient aider à automatiser l’apport de nutriments ou de pesticides aux sols. Des applications sont également possibles lorsqu’une augmentation des polluants est observée ou pour réagir à des changements au sein d’un corps humain.
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