Comment les enquêteurs ont identifié les agresseurs de Gisèle P.
Analyse de factures téléphoniques, logiciel de reconnaissance faciale : le commissaire en charge de l’affaire du viol de Mazan a détaillé mercredi le long et fastidieux travail des enquêteurs pour retrouver les agresseurs de Gisèle P., abusée par des dizaines d’inconnus recrutés par son mari sur internet.
Après avoir recensé quelque 200 viols sur la victime, entre juillet 2011 et octobre 2020, la plupart par son mari lui-même, les enquêteurs ont finalement établi une liste de 72 individus restant à identifier, a expliqué devant le tribunal correctionnel de Vaucluse le commissaire divisionnaire Jérémie Bosse Platière, aujourd’hui directeur de la police interdépartementale (DIPN) des Hautes-Alpes.
Compte tenu de l’ampleur du nombre de personnes suspectées, la police devra étaler ses arrestations en cinq vagues, entre fin 2020 et septembre 2021.
A cette date, 50 hommes avaient été formellement identifiés, en plus du mari. Ces 50 hommes âgés de 26 à 74 ans étaient jugés depuis lundi et jusqu’au 20 décembre, à Avignon, aux côtés de Dominique P., 71 ans. Tous risquent jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle.
Le travail de la police judiciaire a été grandement facilité par les milliers de photos et vidéos prises par le mari, enregistrées sur un disque dur puis méticuleusement décrites et classées dans un dossier. » abus « Avec un sous-dossier pour chaque homme venu violer sa femme.
« Une liste sera ensuite établie pour chaque individu en fonction du nom du dossier »le commissaire précise. Objectif : identifier « Chris le pompier », « Quentin », « Gaston » Ou « David le Noir ».
Parallèlement, la police exploite les nombreuses traces laissées par les innombrables échanges téléphoniques et conversations en ligne entre le mari et les agresseurs de sa femme.
« Nous allons partir des numéros de téléphone (sur les factures téléphoniques de Dominique P.) et regarder à chaque date s’il y a un lien entre l’appel passé et les faits constatés. » sur les images retrouvées, précise M. Bosse Platière.
Dominique P. avait également bloqué de nombreux contacts sur ses téléphones, éveillant les soupçons des enquêteurs. « C’est inhabituel, on voit qu’un grand nombre de contacts sont bloqués, et on pense que certaines personnes du groupe seraient concernées » par des viols, poursuit le policier.
Pour retracer l’identité de ces hommes, les enquêteurs ont contacté les opérateurs téléphoniques, « un travail qui va durer presque deux ans ».
Une autre méthode consiste à extraire les images trouvées et à utiliser la reconnaissance faciale via un logiciel utilisé par la police nationale : « À partir de l’extraction de la photo, cela nous donnera un taux de ressemblance. Cela nous permettra d’identifier un tiers des auteurs »explique Jérémie Bosse Platière.
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