À Athènes, les trottoirs se dégradent et les piétons chutent
Flâner dans les rues d’Athènes, admirer ses façades anciennes, quitter le centre touristique pour découvrir ses faubourgs authentiques, se perdre dans ses ruelles… Et se casser la figure. Dans la capitale grecque, observe The Guardian, habitants et touristes déplorent l’état des trottoirs, qui rend la marche difficile voire dangereuse. Nids-de-poule, pavés cassés, différences de revêtements et de niveaux : sur les réseaux sociaux, les témoignages fleurissent, déplorant l’état catastrophique du sol.
Haris Doukas, le maire de la ville, partage ces inquiétudes et promet des mesures pour rendre la ville plus accessible aux piétons. Deux priorités sont annoncées : la lutte contre le stationnement illégal et la restauration des trottoirs abîmés.
Des trottoirs endommagés pour des millions de visiteurs
La situation est d’autant plus inquiétante qu’Athènes a récemment vu son nombre de visiteurs exploser. En 2023, près de 7 millions de touristes sont attendus. Cette fréquentation record confirme que la ville, hier encore parfois considérée comme une étape sur la route des îles ou du reste du pays, est désormais perçue comme un incontournable des circuits touristiques. Ce qui rend l’état des rues et des trottoirs d’autant plus problématique.
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La mobilisation s’organise également. Des groupes de défense des droits des piétons, comme Pezi, se forment.J’ai rejoint Pezi il y a 20 ans, lorsque j’ai commencé à remarquer à quel point il était difficile pour mon père vieillissant de marcher même 200 mètres en ville, explique Nikos Stappas, ingénieur en environnement. Car sur n’importe quel trottoir, cette distance signifie que vous allez rencontrer des obstacles. Il existe des politiques efficaces et peu coûteuses qui pourraient être mises en œuvre facilement. Mais la planification de ces politiques est complètement aléatoire. Et je pense que les gens ont complètement perdu espoir.«
L’état des trottoirs athéniens rend les personnes vulnérables invisibles
Signe que la situation est grave, la chute de piétons à Athènes est même devenue un sujet à part entière sur la plateforme TripAdvisor, où les internautes partagent leurs conseils pour éviter les chutes.
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L’état des trottoirs explique l’absence, au sein de l’espace public, des catégories de piétons les plus vulnérables, comme les personnes âgées, mais aussi les parents avec poussettes et les citoyens en situation de handicap moteur.
Un autre problème souvent évoqué est que les trottoirs d’Athènes sont régulièrement envahis (illégalement) par des terrasses dédiées aux restaurants ou par divers éléments privés comme des jardinières ou des poubelles. « Tout le monde semble considérer les trottoirs de la ville comme une extension de leur propriété. »regrette un retraité. Qui, comme de nombreuses associations, demande que ces places soient rendues aux piétons et que des mesures plus strictes soient appliquées contre les voitures mal garées.
La voiture, un autre grand coupable
Le taux de motorisation est en effet très élevé à Athènes, avec 816 véhicules pour 1 000 habitants, soit l’un des taux les plus élevés au monde. En conséquence, face aux difficultés de stationnement, de nombreux automobilistes se sont mis à stationner sur les trottoirs.
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La mobilité douce reste par ailleurs minoritaire dans la capitale grecque : seuls 11% des 3,2 millions d’Athéniens ont choisi le vélo, un pourcentage bien inférieur à celui observé à Londres (27%) ou Barcelone (36%).
Pour rendre Athènes à ses piétons, des mesures drastiques et politiques sont donc indispensables, analyse Alexandros Bartzokas-Tsiompras, urbaniste à la tête du projet Walkable Athens. « Pour améliorer les trottoirs, nous devons résoudre le problème du stationnement. Pour cela, nous devons améliorer les transports publics, créer des stations de vélos électriques en libre-service aux arrêts de métro, introduire un péage urbain à la londonienne et des rues sans stationnement. »
Si l’ambition est louable, le chemin à parcourir est encore long, d’autant que la question des mobilités douces, lorsqu’elle est évoquée, apparaît souvent plus comme un argument de communication que comme un véritable enjeu.
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La preuve en est avec Ellinikon, une ville nouvelle promise pour 2037 à quelques kilomètres d’Athènes, sur les cendres de l’ancien aéroport de la ville. Si ses promoteurs immobiliers l’annoncent comme « une ville du quart d’heure », dont les habitants pourront tout faire, ou presque, à pied, ses logements seront, pour la plupart, livrés avec un parking…
GrP1