Les athlètes afghans utilisent les Jeux de Paris comme une plateforme
Alors que les talibans continuent de restreindre les droits des femmes en Afghanistan, plusieurs athlètes féminines profitent de leur participation aux Jeux olympiques ou paralympiques pour dénoncer la situation.
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C’est l’une des images de la semaine. Une Afghane sur le podium des Jeux paralympiques : Zakia Khudadadi est médaillée de bronze en para taekwondo, une occasion pour elle de dénoncer la situation des femmes dans ce pays qui vient de promulguer une loi interdisant aux femmes de chanter, par exemple. Pour ne pas oublier ces femmes, un appel a été lancé dimanche 1er septembre depuis Paris.
Les Jeux olympiques et paralympiques sont une belle occasion de parler de la situation des femmes en Afghanistan. Une opportunité saisie par Manizha Talash, 21 ans, qui, lors de l’épreuve olympique de breakdance, portait une cape sur laquelle était écrit : « Libérons les femmes afghanes » (« Libérons les femmes afghanes »). Un geste qui lui a valu d’être disqualifiée de la compétition.
« Tout d’abord, ce n’est pas une décision que j’ai prise sur un coup de tête, c’est quelque chose à laquelle j’ai réfléchi pendant quatre mois, jour et nuit, elle dit. Pour moi, ce n’était pas un message politique, c’était un message que je voulais envoyer au monde. Je pensais aussi qu’il y avait mes propres rêves, et puis il y a le sort des femmes afghanes, le sort de mes amies, de mes camarades. Et cette cause est plus importante que mon rêve personnel. Cela dit, je ne pensais pas non plus que cette action me conduirait à être totalement exclue du concours. »
Ces propos en persan ont été traduits grâce à Sotoda Hashemi, présidente du collectif N’oublions pas l’Afghanistan. Elle est arrivée en France à l’âge de 6 ans après avoir quitté son pays, où les femmes n’ont plus le droit de chanter ou de lire à voix haute en public. « Les talibans sont au pouvoir depuis trois ans, trois ans que les droits des femmes ont été progressivement réduits, à travers des décrets, qui ont aujourd’hui pris la forme d’une loi de plus de 100 pages et 35 articles, qui les restreignent encore plus, elle se lamente. Avec des mesures comme ne pas pouvoir élever la voix, se déplacer librement, avoir droit à l’éducation, accéder aux soins de santé.
« Cette loi est en réalité une déshumanisation des femmes qui se réalise plus que jamais en Afghanistan. »
Sotoda Hashemi, présidente du collectif « N’oublions pas l’Afghanistan »à franceinfo
Dans ces conditions, le sport est évidemment interdit. Zainab Nikzad, 22 ans, faisait partie de l’équipe nationale afghane de volley-ball. « Cela fait un an et demi que je suis arrivé en France, dit le joueur. Quand j’étais en Afghanistan, c’était très dur parce que c’était dangereux pour les sportives. Les talibans ont tué une des membres de notre équipe parce qu’elle était policière.
Face à cette situation, la communauté internationale, et notamment la France, ne réagit pas. C’est en tout cas ce que dénonce Marie-George Buffet, ancienne ministre de la Jeunesse et des Sports, qui a fondé une association qui œuvre à l’exfiltration des sportives afghanes. « Pour l’instant, heureusement, le pouvoir des talibans n’est pas reconnu, mais il y a une sorte de tolérance au fait qu’ils soient en place », elle observe. Et nous ne disons rien, nous ne faisons rien. Nous sommes capables, la France, quand nous le décidons, nous l’avons vu dans d’autres situations internationales, de faire entendre une voix pour la défense des droits de l’homme, des libertés fondamentales. »
« Et je souhaite que la France prenne le leadership de ce mouvement international pour pointer du doigt et condamner le pouvoir des talibans. »
Marie-George Buffet, ancienne ministre de la Jeunesse et des Sportsà franceinfo
L’ancienne ministre réclame donc l’organisation d’une conférence internationale à Paris où, grâce aux Jeux olympiques, ces femmes afghanes, réduites au silence dans leur pays, ont pu se faire entendre.