Nouvelles locales

À Montréal, on prend le rire au sérieux


Louise Richer, son école forme des professionnels de l’humour

Lorsqu’elle lance son école en 1988, plusieurs pensent d’abord qu’il s’agit d’une blague. « Mais faire rire est un vrai métier, d’auteur et d’interprète, qui demande beaucoup de ressources et une bonne capacité d’analyse pour atteindre son objectif », explique la comédienne de 71 ans. Son combat porte ses fruits. En 1992, le diplôme décerné par son établissement, l’École nationale de l’humour (ÉNH), est reconnu par le ministère de l’Éducation du Québec.

Parmi les cours : écriture, création humoristique, scénarisation d’une comédie fictionnelle… Seule une vingtaine d’élus étudient ici, au septième étage d’un immeuble de Sherbrooke Est. « Le rire est universel, mais à Montréal, il est plus inclusif, s’appuyant moins sur le jeu de mots que sur l’expérience, note Louise. Pour nous, le rire est d’abord et avant tout une affaire de partage. » Le succès, sur scène et à l’écran, de nombreux anciens élèves (dont le Français Roman Frayssinet) a complété la réputation de cette école unique au monde.

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Couleurs d’automne à Montréal

Paul Toussaint, le chef haïtien

Kamúy, « soleil » en taïno, la langue des autochtones des Caraïbes. Paul, 37 ans, n’a pas choisi le nom de son restaurant au hasard. Là, au cœur de Montréal, le soleil brille, avec ses saveurs chaudes et épicées. Né à Jacmel, le cœur artistique d’Haïti, le jeune homme a créé cet îlot sur la Place des Arts, dans le Quartier des spectacles.

Salade de crevettes jerk et de tomates anciennes, le chef s’amuse en cuisine, mélangeant créations caribéennes et cuisine québécoise, avec merengue et salsa en fond sonore. Dire qu’il est arrivé ici à 17 ans pour devenir avocat ! « Ce que j’ai pu faire à Montréal n’est pas possible partout, dit-il. Ici, la tolérance est érigée en modèle. Il faut se battre pour ses projets, mais les difficultés ne viennent jamais du fait qu’on vient d’ailleurs. »

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Paul Toussaint, chef, allie créations caribéennes et cuisine québécoise. Ludovic ROLLAND-MARCOTTE

Kenzo, le coiffeur philosophe

Ses clients ? Il les appelle tous « mes amours »… Après une coupe de cheveux qui tient un peu de la thérapie, ils repartent avec un fruit frais ou un bonbon. Dans son carnet de rendez-vous, Kenzo n’écrit pas de nom, juste le mot « amour ». « Mes journées sont donc remplies de rendez-vous avec l’amour, confie-t-il. C’est mon secret pour être heureux. »

À 65 ans, le coiffeur excentrique, marié et père de quatre enfants, a trouvé à Montréal « la ville parfaite » qui résume son mantra : « Peu importe ce que tu es, riche ou pauvre, hétéro, gai, transgenre, dépressif ou non, on t’aime comme tu es… C’est la force de cette ville, alors je fais la même chose. » Dans son salon de l’avenue Duluth, dans le quartier du Plateau Mont-Royal, le décor tient à la fois du temple vintage et du sanctuaire bouddhiste. Kenzo, né au Vietnam, a fui la guerre et obtenu l’asile au Canada, comme d’autres boat people. « La vie m’a mis ici, à deux pas du mont Royal, où je vais méditer quand j’ai besoin d’une pause. »

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Kenzo a installé son salon de coiffure dans le quartier du Plateau Mont-Royal. © Ludovic ROLLAND-MARCOTTE

Shana Carroll, son collectif présente son cirque dans le monde entier

Née en Californie, elle est venue à Montréal en 1991 pour apprendre le trapèze pendant un an. Elle n’en est jamais repartie. À 54 ans, Shana a raconté, dans l’un de ses spectacles à succès intitulé Mon île, mon coeurce qui a construit son attachement à cette ville. « Cet équilibre et cette convivialité qui fait qu’on se sent bien. Cette absence de cynisme et de snobisme, et ce droit sacré d’être qui on veut, de s’habiller comme on veut », résume-t-elle.

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Et puis il y a le cirque, reconnu ici comme un art majeur. Son collectif « Les sept doigts de la main », fondé avec six autres acrobates, fait des tournées de spectacles dans le monde entier mais n’aurait pu naître nulle part ailleurs. « Le multilinguisme a fait le succès d’arts qui se passent de mots, comme le cirque », analyse Shana.

➤ Article publié dans le Magazine GEO n°546, Le Québec prend la vie du bon côté, dès août 2024.

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Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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