Uber écope d’une amende colossale pour avoir transféré les données de ses chauffeurs
Mauvaise affaire pour Uber. Le régulateur néerlandais de la protection des données a lourdement sanctionné lundi la célèbre entreprise de transport et de livraison à domicile. Uber devra payer une amende de 290 millions d’euros pour avoir collecté des informations sensibles sur des chauffeurs européens, notamment des licences de taxi, des données de localisation, des photos, des détails de paiement, des documents d’identité, « et dans certains cas même des données criminelles et médicales des chauffeurs », a détaillé la présidente de l’autorité néerlandaise de protection des données personnelles (AP), Aleid Wolfsen.
170 plaintes en France
Uber, qui n’a pas été épargné par les sanctions financières, notamment pour concurrence déloyale dans le secteur des taxis, va faire appel de cette amende. « Cette décision partiale et cette amende très inhabituelle sont totalement injustifiées », a déclaré un porte-parole de l’entreprise dans un communiqué. « Le processus de transfert de données transfrontalier d’Uber était conforme au RGPD (Règlement général sur la protection des données) pendant la période de trois ans d’immense incertitude entre l’Union européenne (UE) et les États-Unis ».
L’Union européenne a mis en place une série de règles pour les grandes entreprises technologiques et a imposé de lourdes amendes ces dernières années en cas de violation. L’AP a ouvert une enquête sur Uber après une plainte déposée en France par plus de 170 chauffeurs. L’enquête a été menée en collaboration avec l’autorité française de protection des données (CNIL). En vertu du RGPD, les actions d’une entreprise qui traite des données dans plusieurs pays de l’UE sont régies par l’autorité de protection des données du pays où se trouve son siège social.
290 millions d’euros
« En Europe, le RGPD protège les droits fondamentaux des personnes en exigeant des entreprises et des gouvernements qu’ils traitent les données personnelles avec précaution », a déclaré M. Wolfsen à l’AFP. « Malheureusement, ce n’est pas le cas en dehors de l’Europe. Pensez aux gouvernements qui peuvent exploiter les données à grande échelle. »
Il s’agit de la troisième amende infligée par le régulateur néerlandais à Uber. En 2018, l’entreprise, qui connaît un succès mondial, avait été condamnée à une amende de 600 000 euros et en 2023, à une amende de 10 millions d’euros. Uber a également fait appel de cette dernière amende.