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Emploi dans l’Aude : à 50 ans, ils osent créer leur entreprise de bricolage

Suite à des mésaventures professionnelles, Anne Barbanson, 53 ans, et Dominique Laurent, 57 ans, ont perdu leurs emplois respectifs. Ils ont décidé de rebondir en se lançant dans l’entrepreneuriat. Un pari audacieux qu’ils ont décidé de relever ensemble.

Le bricolage et le jardinage, c’est leur truc. Alors quand ils ont chacun perdu leur emploi, Dominique Laurent et Anne Barbanson ont décidé de se construire un nouvel avenir professionnel. Le premier était designer industriel, la seconde travaillait dans un laboratoire d’analyse. Ils sont aujourd’hui chefs d’entreprise et ont chacun créé leur « boîte » : « L Bricole 11 » et « Anne B. travaux d’intérieur et entretien de jardin ». Il leur a fallu oser. « Parce que quand on a plus de 50 ans, on est considéré comme un senior : on pense qu’aucun employeur ne voudra de nous. Et quand on a la cinquantaine, on est souvent amené à penser qu’on va rester au même poste jusqu’à la retraite. Mais les choses ont changé ! » disent-ils. Le duo a donc décidé de se lancer dans l’entrepreneuriat, « mais pas n’importe comment ».

Devenir chef d’entreprise n’est pas quelque chose qui s’improvise.

Tandis qu’Anne Barbanson a rejoint le groupe Comptoir des entrepreneurs, Dominique Laurent est accompagnée par la boutique de management BGE et a intégré une pépinière d’entreprises du Grand Narbonne. Chacun bénéficie ainsi d’un accompagnement personnalisé et de conseils avisés pour mener à bien leurs projets respectifs. « C’est très important, surtout quand on a été salarié toute sa carrière. On est plein de doutes et on se pose mille et une questions. Devenir chef d’entreprise ne s’improvise pas. C’est comme un saut dans l’inconnu. »

Dominique Laurent, passionné de bricolage et aujourd'hui chef d'entreprise.
Dominique Laurent, passionné de bricolage et aujourd’hui chef d’entreprise.
Indépendant – CHRISTOPHE BARREAU

Pour les petits projets de bricolage du quotidien

Avant de se lancer, l’acquisition de compétences a constitué une part importante du parcours : chacun d’entre eux a suivi la formation qualifiante « agent d’entretien d’immeuble » auprès de l’Agence de formation professionnelle des adultes. Dominique a même obtenu une certification de réparatrice serrurier. Elle est d’ailleurs lauréate du concours « 101 femmes entrepreneures à Matignon » lancé par le ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Ce qui lui a également valu le soutien de BPIfrance, la banque publique d’investissement française.

Sous le couvert de leur organisme d’accompagnement, ils peuvent chacun exercer leur nouvelle activité professionnelle. Si Anne Barbanson se distingue par ses connaissances en jardinage, tous deux proposent de petites interventions de bricolage « au féminin ».

« Nous faisons tout et nous nous complétons. Nous pouvons faire l’entretien du jardin, les joints de salle de bain, peindre, poser une étagère, résoudre un problème de fil électrique… Toutes ces petites choses du quotidien que les artisans professionnels n’ont pas envie de faire. »

Anne Barbanson réalise des travaux d'aménagement intérieur et des prestations de jardinage.
Anne Barbanson réalise des travaux d’aménagement intérieur et des prestations de jardinage.
Indépendant – CHRISTOPHE BARREAU

Au service des personnes âgées et des femmes seules

Ils sont désireux d’atteindre « des prestations de qualité, propres et respectueuses du client ». Leurs services s’adressent avant tout à « aux personnes âgées, aux femmes seules, à celles qui manquent de mobilité ou qui ont été escroquées ! » Et si la mission demandée dépasse leurs compétences, « nous pouvons nous adresser à des professionnels spécialisés en qui nous avons confiance. »

Actuellement en phase de test, les deux chefs d’entreprise devront prouver la viabilité de leur activité. Mais ils pensent déjà à la suite. « Pourquoi ne pas proposer des cours de bricolage directement chez les gens ? Parce que j’aime transmettre mon savoir », Dominique Laurent, explique-t-elle. Ensemble, ils espèrent aussi que leur envie d’avancer sera contagieuse, notamment auprès des femmes. Ils veulent ainsi démontrer « Que l’on peut s’épanouir en faisant de sa passion son métier, même si l’on pense être trop vieux pour commencer ! »

Face à la baisse historique des offres d’emploi, la tentation de l’entrepreneuriat

Hormis la période de pandémie de Covid-19, il n’y a jamais eu aussi peu d’offres déposées auprès de France travail (ex-Pôle emploi) pour le département de l’Aude depuis 2019. D’avril à juin 2024, « seulement » 4 480 offres ont été enregistrées, soit une baisse de 15,5% par rapport à la même période en 2023. La baisse est d’environ 7% par rapport à ce qui était enregistré avant la crise sanitaire. Concernant les territoires (comparaison avril-mai-juin 2024 vs avril-mai-juin 2023), cette baisse est de 24,9% à Narbonne, -22,9% à Limoux, -13% à Carcassonne. En revanche, le territoire du Lauragais, le plus dynamique économiquement de l’Aude depuis plusieurs trimestres, enregistre une hausse des offres de 21%.

En conséquence, l’emploi salarié, après avoir connu une forte dynamique en 2021 et 2022, continue de baisser. La plus forte baisse concerne l’agriculture avec une baisse annuelle de 4,3%, la construction avec -1%, le secteur tertiaire commercial avec -0,9% tandis que l’emploi dans l’industrie a augmenté de 1,4% et le secteur tertiaire non commercial de 0,8%.

Un recul qui oblige donc certains à choisir l’entrepreneuriat. Et sur ce point, l’Aude affiche des données encourageantes et bien meilleures que les autres départements d’Occitanie. Ainsi au 2e trimestre 2024, 1 419 entreprises ont été créées dans le département, soit une hausse de 11,6 % sur un an contre 7,6 % en moyenne dans la région. Quant aux caractéristiques de cet entrepreneuriat, 67 % sont des micro-entreprises, 22 % des créations d’entreprises et 11 % des entreprises individuelles.

Enfin, du fait de la hausse des créations, on observe une hausse des faillites, +13,1% sur un an. La construction, le commerce et la réparation automobile représentent 42% de ces faillites, suivis par l’hébergement et la restauration (15%).

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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