Pourquoi il n’est jamais bon de se remettre avec son ex ?
Elle voulait croire à cette seconde chance, mais cette fois, c’est fini pour de bon. Deux ans jour pour jour après leur somptueux mariage en Géorgie célébré le 20 août 2022, Jennifer Lopez a demandé le divorce à Ben Affleck ce mardi, selon les médias américains.
JLo a déposé mardi les papiers du divorce auprès d’un tribunal de Los Angeles, selon les médias spécialisés TMZ et Variety, alors que les rumeurs de séparation entre la chanteuse-actrice de 55 ans et l’acteur-réalisateur de 52 ans couvaient depuis des mois. Une déception sans doute immense pour la chanteuse, qui voulait croire à cette seconde chance et qui pensait vivre heureuse avec l’amour de sa vie. Mais et si se remettre avec son ex était voué à l’échec ? Quand une histoire d’amour a déjà échoué une fois, ne faut-il pas reconnaître que la relation n’était pas viable ? Pourquoi ? 20 minutes vous explique.
« Il est difficile d’ignorer le passé »
« Il y a plusieurs raisons pour lesquelles cette histoire se répète. D’abord, il est extrêmement difficile d’ignorer le passé, ce qui est problématique lorsqu’il y a des souvenirs douloureux, car les souvenirs traumatiques refont surface en temps de crise », explique Véronique Kohn, psychothérapeute spécialisée dans les relations de couple et auteure de Quand la peur de perdre l’autre… me fait le perdre ! (éd. Tchou).
Il est important de garder à l’esprit que « la relation amoureuse est le lieu qui appuie le plus sur nos blessures d’enfance : l’abandon, la soumission, la trahison, etc., explique-t-elle. Donc, quand de vieux couples se remettent ensemble, il y a tout un passé attaché à cette histoire qui recommence. Or, si le couple s’était déjà séparé par le passé, c’est que la crise était tellement forte, qu’elle appuyait tellement sur les blessures intérieures qu’il était impossible aux partenaires de se réunir. »
Mais dans la pratique, « se remettre définitivement avec son ex ne se passe pas comme ça », prévient la psychothérapeute. « On ne peut pas décréter qu’on oublie les problèmes qu’on a pu avoir dans le passé. Si des points problématiques de la relation n’ont pas été pardonnés (infidélité ou autre), si votre partenaire n’a pas suffisamment reconnu la blessure créée en vous, et si vous « recommencez » sans avoir mis les choses au clair et reconnu vos responsabilités lors de la première rupture, c’est compliqué, car les ressentiments vont ressurgir pour un rien. »
La peur de « reproduire des modèles »
Par quels mécanismes ? « Parce que notre mémoire est pleine de souvenirs, de pensées et de croyances, que nous projetons sur la manière dont la relation va se dérouler, répond la psychothérapeute. Et à cela s’ajoute la peur que les événements du passé se reproduisent dans le futur. Résultat : nous sommes en vigilance permanente, et dans un état de confiance mitigée. » Une confiance altérée par la peur de reproduire les schémas qui ont conduit à la première rupture, et qui ravivent nos blessures intérieures : « Si nous nous sommes sentis abandonnés, nous aurons peur d’être à nouveau abandonnés, si nous avons eu l’impression de ne pas avoir été assez précieux pour que le partenaire reste avec nous la première fois, cette peur restera présente, poursuit Véronique Kohn. Il existe de nombreux schémas de rupture d’une relation. »
Pour certains couples, peut-être comme les Bennifer, « il n’y a peut-être eu ni tromperie ni abandon, mais un décalage entre les valeurs et les besoins des deux partenaires », explique la psychothérapeute. « Il arrive que malgré l’amour qu’on ressent, on n’a pas les mêmes goûts, on n’est pas sur la même longueur d’onde, et on se sépare parce qu’il y a de la frustration, parce que l’autre est trop différent de moi, parce que le décalage dans les valeurs est trop grand ».
Dans ce cas, comment ce qui nous a irrité la première fois au point de rompre ne plus être un problème quand on se donne une seconde chance ? « Si chacun est capable de faire son introspection et de clarifier ses attentes, c’est possible, estime la psychothérapeute. On peut aussi sortir du couple fusionnel en prenant conscience qu’on n’est pas obligé de tout partager ensemble, ni même de vivre à nouveau ensemble. On peut aller vers un couple plus autonome, plus mature, où l’on préserve son espace privé, où chacun respecte l’univers de l’autre. »
Une approche « très exigeante »
Pour renégocier le contrat de sa relation, « il est important de passer par le rituel du pardon, où chacun prend sa part de responsabilité dans la première relation et la rupture, recommande Véronique Kohn. Il faut être vigilant aux endroits où l’histoire a mal tourné et rétablir la confiance et la compréhension, pour savoir comment aborder ce nouveau tournant. Quand on se retrouve, être amoureux et passionné ne suffit pas : ce n’est pas parce qu’on ne s’aime pas qu’on s’est séparé, mais parce qu’on ne s’est pas accepté dans ses différences. On veillera donc à se tolérer malgré nos différences, en s’intéressant à la raison de la première séparation, et à travailler sur les besoins de chacun, pour pouvoir projeter un couple durable. Pour y parvenir, il est important de s’aménager des temps de communication structurée. »
Mais si la communication est essentielle pour tous les couples, n’est-elle pas encore plus cruciale pour les couples reconstitués ? « Oui, ce scénario est très éprouvant, reconnaît la psychothérapeute. Avec quelqu’un de nouveau, on ne projette pas d’éléments du passé, on ne se comporte pas de la même manière. Mais là, il est impossible d’effacer le passé. On sait que pour les couples reconstitués ou les relations à long terme, la communication respectueuse et l’écoute mutuelle sont cruciales. C’est un processus très exigeant. »
Le risque de souffrir encore plus que la première fois
Mais « on ne parle souvent pas des choses qui nous ont fait du mal. S’accorder une vraie seconde chance demande beaucoup d’introspection, de confiance, de recul, de capacité d’analyse de soi et des autres, de prise de conscience et de volonté pour réussir à réformer une relation durable », souligne Véronique Kohn. Mais tout le monde n’a pas forcément l’envie ou la capacité de le faire.
Conséquence : pour beaucoup de couples qui tentent à nouveau l’aventure, ce qui a eu raison de leur amour la première fois se répète à nouveau. Alors, quand le couple ne fonctionne toujours pas, la deuxième rupture n’est-elle pas encore plus douloureuse que la première ? « Bien sûr, la nouvelle rupture enflamme le terrain de la chute, confirme Véronique Kohn. Si les points douloureux de la première histoire n’ont pas été travaillés, on risque de rompre à nouveau pour les mêmes raisons. Dans ce cas, la nouvelle rupture réactive les mêmes schémas. »