EDITORIAL. Pourquoi Élisabeth Borne est aujourd’hui candidate à la direction de Renaissance
Elisabeth Borne annonce dans « Le Parisien » sa candidature à la tête du parti présidentiel. Le timing peut surprendre puisqu’il n’y a pas encore de gouvernement.
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Alors qu’Emmanuel Macron cherche toujours le moyen de former un gouvernement, les hostilités ont commencé pour le congrès de la Renaissance. Élisabeth Borne est la première à dégainer. Le congrès doit se tenir à l’automne pour élire sa nouvelle direction. Aucune date n’a été fixée à ce stade, mais les statuts le prévoient d’ici fin novembre. Soit une éternité compte tenu des incertitudes liées à la période politique.
« Hallucinant »chuchotent les conseillers exécutifs qui trouvent ce timing « incroyable »quelques heures avant les réunions des chefs de parti avec le président de la République. C’est un signe que nous sommes en « pleine race de petits chevaux », soupirent certains dans l’ancienne majorité, et surtout que Gabriel Attal n’a pas que des amis. Il n’a jamais dit ouvertement s’il briguerait ou non la direction du parti mais ne l’exclut pas, même si, selon son entourage, il se concentre d’abord sur ses retours en tant que Premier ministre démissionnaire puis comme président de groupe à l’Assemblée avant de penser à autre chose.
Mais c’est pour tenter de lui barrer la route qu’Élisabeth Borne se lance, en expliquant que « Il n’est pas habituel d’être à la tête d’un groupe et en même temps de diriger un parti ». Le soutien d’Elisabeth Borne est formel : « Elle a dû se déclarer tôt car il l’aurait fait dès qu’un nouveau Premier ministre aurait été nommé, maintenant Attal devra expliquer pourquoi elle n’est pas la bonne candidate. ». Et ses partisans vantent le côté collectif d’Elisabeth Borne qui manquerait à Gabriel Attal, pourtant élu dans un fauteuil à la tête des députés en juillet pour avoir sauvé les législatives.
Élisabeth Borne en profite pour mettre en avant sa bonne entente avec Gérald Darmanin. Il y a un an, le ministre de l’Intérieur était un rival d’Élisabeth Borne ; aujourd’hui, il est un rival de Gabriel Attal. C’est le jeu : les alliances et les inimitiés vont et viennent. « Quiconque la soutient ne sera là que pour rendre la vie d’Attal misérable », résume un macroniste. Et Élisabeth Borne lance un autre avertissement : « Le parti n’a pas vocation à être une écurie présidentielle. »
Rappelons que ce parti a été construit de toutes pièces par Emmanuel Macron pour servir son ascension à l’Élysée. Limité à deux mandats, il ne servira plus à Emmanuel Macron. Mais il peut servir à d’autres, à Gabriel Attal ou… à Gérald Darmanin ! Car un parti, ce sont des moyens financiers : le nerf de la guerre pour une campagne. Ce sont aussi des militants. Avec sa candidature, Élisabeth Borne semble vouloir repousser le moment où les bêtes sauvages s’affronteront pour prendre d’assaut l’Élysée, ce qui, de toute façon, ne manquera pas d’arriver.