Les élections locales en Allemagne pèsent sur l’aide à l’Ukraine
Après des semaines de négociations difficiles, les trois partis de la coalition du chancelier allemand Olaf Scholz semblaient être parvenus à un accord sur le projet de budget 2025. Mais une enquête du Frankfurter Allgemeine ZeitungPublié le samedi 17 août, ce rapport rappelle l’ampleur des divisions qui traversent la majorité au pouvoir à Berlin sur un sujet : l’Ukraine.
Selon le grand quotidien de centre-droit, le gouvernement, en plein resserrement de son budget, n’entend pas aider Kiev au-delà des 8 milliards d’euros inscrits au budget 2024, des 4 milliards d’euros prévus pour celui de 2025 et des 3 milliards d’euros attendus en 2026, là où les partisans d’un soutien militaire accru – y compris au sein de la coalition de M. Scholz – tablaient sur des enveloppes supplémentaires pour permettre à l’Ukraine de gagner la guerre.
Parmi eux figure le ministre de la Défense, Boris Pistorius, membre du Parti social-démocrate (SPD). Au printemps, ce dernier avait demandé 3,8 milliards d’euros supplémentaires, en plus des 8 milliards d’euros déjà prévus pour 2024, afin de financer l’envoi d’un système de défense antiaérienne IRIS-T ainsi que de munitions d’artillerie et de drones aux forces de Kiev. Mais dans une lettre datée du 5 août, également adressée à la ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock (Verts), le ministre libéral-démocrate des Finances, Christian Lindner (FDP), lui a adressé un refus net.
Président du parti libéral FDP, qui a fait de l’équilibre des comptes publics le coeur de sa politique, M. Lindner souhaite désormais que les nouveaux crédits alloués à Kiev ne proviennent pas des budgets nationaux mais du futur instrument créé par le G7 et l’Union européenne, destiné à utiliser les intérêts générés par les 300 milliards de dollars d’actifs russes gelés dans le monde afin de soutenir l’Ukraine dans son effort de guerre contre Moscou. Le problème est que ces fonds ne seront pas disponibles avant 2025, au plus tôt.
Crise d’identité du SPD
Sans surprise, les révélations de la Frankfurter Allgemeine Zeitung ont provoqué une forte réaction de la part des autorités de Kiev. « La sécurité de l’Europe dépend de la capacité et de la volonté politique de l’Allemagne de continuer à jouer un rôle de premier plan pour aider notre pays. »L’ambassadeur d’Ukraine en Allemagne, Oleksii Makeiev, l’a déclaré au quotidien dimanche. Image.
Sans surprise, l’opposition conservatrice CDU/CSU a lancé de violentes attaques contre la coalition de M. Scholz, comme elle l’a fait à chaque fois que ce dernier, par ses atermoiements et ses hésitations à fournir de nouvelles armes, a semblé remettre en question son soutien à l’Ukraine. « Le gouvernement fait de la politique à la manière de Donald Trump, en bloquant toute aide supplémentaire à l’Ukraine en raison de conflits politiques internes. La différence est qu’en aidant l’Ukraine, l’Allemagne contribue à sa propre sécurité. »a réagi le député Norbert Röttgen, ancien président de la commission des affaires étrangères du Bundestag (2014-2021).
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