L’ancien porte-avions soviétique Minsk ravagé par les flammes en Chine
L’ancien porte-avions datant de 1978 était en cours de réparation pour redevenir un parc d’attractions touristique. Ce week-end, un violent incendie a détruit une grande partie de son île.
La rouille ne rongera bientôt plus sa coque, soudain ravagée par les flammes. Depuis longtemps déjà, la Minsk n’est déjà plus qu’un navire fantôme, amarré à Nantong dans une lagune proche du fleuve Yangtze, dans la province du Jiangsu en Chine. Le violent incendie qui s’est déclaré vendredi après-midi à bord de l’ancien porte-avions soviétique a précipité sa disparition.
Alors que des vidéos du violent désastre ont circulé ce week-end sur les réseaux sociaux, les autorités chinoises n’ont pour l’instant rien dit sur les causes possibles de l’incendie qui a duré près de 24 heures. Un bon tiers de l’îlot central d’où, par le passé, les officiers de l’Armée rouge surveillaient les décollages et les atterrissages des chasseurs Yakovlev de la marine soviétique, est tout simplement parti en fumée. Côté tribord, les flancs sont noircis par la suie et la coque gîte légèrement.
Né en Ukraine à Mykolaïv
Le porte-avions était actuellement en cours de réparation afin de devenir le vaisseau amiral d’un parc à thème militaire. « Il est dommage qu’un incendie ait rendu les perspectives de ce projet pleines de trop d’incertitudes »« Nous avons été très surpris de voir le volcan englouti », a regretté un responsable à la radio nationale chinoise, cité par CNN, précisant qu’il n’y avait pas eu de victimes. Un doux euphémisme puisqu’on peut désormais, au vu des dégâts, douter de son avenir touristique.
LE MinskLe navire de guerre soviétique, qui a hérité du nom de la capitale de la Biélorussie, est né sur les rives de l’Ukraine, dans le chantier naval de Mykolaïv. C’est dans cette ville portuaire, dont les Russes se sont dangereusement rapprochés après avoir franchi le Dniepr en 2022, que furent construits certains croiseurs et tous les porte-avions de l’URSS. Mis en service en 1978 dans la marine soviétique, il fut affecté loin de la mer Noire à la flotte du Pacifique, croisant en mer de Chine et faisant escale au Vietnam après la brève guerre sino-vietnamienne de 1979.
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Déjà en pleine mutation avec la chute de l’Union soviétique, son avenir fut précipité par un obscur incident technique en 1993, qui aurait nécessité son retour dans l’Ukraine nouvellement indépendante. Au lieu de cela, les autorités russes le déclassèrent et le vendirent pour démantèlement à une entreprise sud-coréenne, mais des militants écologistes inquiets coulèrent ce projet écologiquement sensible. Les Chinois achetèrent alors la coque pour… 4,3 millions de dollars et la transformèrent en parc d’attractions à Shenzhen, jusqu’en 2016. Dans un état pitoyable, le porte-avions fut envoyé à Nantong, où il brûla, dans le but de le transformer à nouveau en attraction touristique.
Ce navire, long de 273 mètres et pesant 41 000 tonnes – à peu près la même taille que le Charles de Gaulle – n’a rien à voir avec son homologue français, mis en service vingt ans plus tard. Minsk n’est pas un véritable porte-avions équipé de catapultes et de câbles d’arrêt automatiques permettant à tout type d’avion de décoller et d’atterrir. Selon la désignation officielle soviétique, il s’agissait d’un « croiseur porte-avions lourd »un objet naval hybride – pour ne pas dire bâtard – avec des capacités aéronavales très limitées et en même temps la présence de tubes de lancement volumineux pour missiles antinavires supersoniques. La piste pour les avions ne couvrait qu’une partie du pont et seuls des avions à décollage court et à atterrissage vertical – le Yakovlev Yak-38 – pouvaient être déployés à bord. Cet équivalent du « Harrier » Les forces navales britanniques ont offert des performances médiocres, incomparables avec les capacités de la marine américaine, avec ses « super transporteur » Nimitzses escadrons de F/A-18 et ses avions d’alerte aérienne AWACS.
L’avenir des porte-avions soviétiques en Asie
Le fait demeure que le Minskavec ses trois navires jumeaux de la même classe, fut la première tentative de l’Union soviétique en matière de porte-avions. Kyiva également été acheté par la Chine et est devenu une attraction touristique durable. Novorossiisk a été démantelé en 1997, leAmiral Gorshkov a été vendu à l’Inde en 2004 : après de longs travaux, la Russie l’a transformé en un porte-avions plus moderne et il est toujours en service dans la marine indienne, mais qui dispose désormais de son propre porte-avions. « fabriqué en Inde ».
Après les quatre Kyivà la fin de la guerre froide, l’URSS a construit deux porte-avions plus grands et légèrement plus modernes : le premier, leAmiral Kouznetsovest toujours en service dans la marine russe, mais sa modernisation dure depuis des années sans que l’on sache à ce jour quand (ou si) il pourra un jour reprendre la mer. La construction du deuxième, le Varyaga été achevé par la Chine, qui en a fait son premier porte-avions, le Liaoningmais Pékin construit désormais ses propres navires, rivalisant même avec les États-Unis en termes de technologie avec son troisième porte-avions, le Fujianéquipés de catapultes électromagnétiques. Ironiquement, l’avenir des anciens porte-avions soviétiques s’écrit en Asie, mais pas pour longtemps. L’incendie sur le Minsk, un monstre de foire en déclin en est une illustration symbolique.