« Je ne finirai pas mes jours dans un Ehpad » : l’habitat participatif séduit de plus en plus de Français
Par Timothée Gaignoux
Publié le
14 avril 24 à 10h06
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« Chacun se sent plus chez soi », assure Pierre, enseignant-chercheur à Brest (Finistère). Comme lui, ils sont de plus en plus nombreux à vivre dans des logements participatifs.
Ecologique, économique et convivial, ce projet séduit petits et grands partout en France. Bilan avec la rédaction localeactu.fr.
L’habitat participatif « n’est pas un logement partagé »
Certains se connaissaient déjà, d’autres se retrouvaient autour du même principe de vie. Ils ont tous en commun d’être acteurs de la conception et de la gestion de leur habitat. A Brest, plusieurs habitats participatifs sont sortis de terre, c’est notamment le cas d’Ékoumène.
Six logements ont été construits dans cette bâtisse en bois. Les 18 résidents qui y vivent se connaissaient déjà auparavant. Ils fréquentaient les mêmes réseaux d’éducation populaire et valeurs communes partagées.
« Les espaces partagés nous permettent d’économiser de l’argent, même nos voitures sont souvent partagées », explique Audrey, dans Côté Brestois. Ensemble, ils ont créé une société civile immobilière (SCI)ce qui signifie que chaque résident est propriétaire d’une part sociale.
Mais un habitat participatif « n’est pas un logement partagé », prévient Maïthé, qui porte un projet sur la commune de Chaumes-en-Retz (Loire-Atlantique). « On ne veut pas prendre le petit-déjeuner tous les matins avec tout le monde ! », insiste-t-elle dans Le Courrier du Pays de Retz.
«Cette vie en communauté est un apprentissage»
À La Catiche des Villes, autre habitat participatif à Brest, les relations se nouent sur le terrain. Il faut alors composer avec les humeurs de chacun. « Parfois, nous ne sommes pas d’accord. Cette vie en communauté est un apprentissage. Nous n’avons pas tous les mêmes intérêts», explique Myriam, dans Côté Brestois.
Gérer les lieux demande toute une organisation. Les habitants se réunissent tous les quinze jours. Temps d’échange sur ce qui va ou ne va pas, l’entretien des lieux ou encore les futurs achats.
Pour sortir de l’isolement
À Louviers (Eure), les premiers logements participatifs seront livrés en 2025. Un bâtiment conçu conjointement par les futurs résidents, avec des espaces privés et collectifs. Pour l’instant, le projet rassemble principalement les célibataires et les retraitésen quête de sens à leur quotidien.
« En ce moment, je me sens complètement isolé. Entre voisins, on ne se voit pas, on reste chacun à la maison, on se salue juste quand on se croise. Ça ne me convient pas », glisse Graziella. La Dépêche de Louviers.
Même histoire avec Pluvigner (Morbihan), où les retraités de plus de 70 ans s’apprêtent à vivre sous le même toit. « L’idée n’est pas de se retrouver seul en fin de vie. Je n’ai pas l’intention de finir mes jours dans une maison de retraite ou une autre structure de ce type », insiste Annie pour La Gazette du Centre Morbihan.
Partagez des appareils électroménagers et des outils
Dans le Calvadosdix personnes ont parié pour acheter une grande propriété pour en faire un habitat partagé. L’objectif? Partager « un certain nombre de machines autant que possible ».
Comme la machine à laver, « pour réaliser des économies substantiellestant pour le bien-être du porte-monnaie que pour celui de la planète », explique Stéphanie à Liberté – L’homme libre.
Dans le projet situé à Chaumes-en-Retz (Loire-Atlantique), chacun dispose de son logement, mais de la les espaces communs seront partagés, comme la buanderie, la salle d’activités (cinéma, concert, ateliers) et l’atelier bricolage. « Les usages de l’habitat participatif techniques de construction écologiquepermet de gagner des surfaces et limite l’artificialisation des sols », rapporte Pierre.
En matière d’innovation écologique, un habitat participatif situé à Dol-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) a expérimenté avec succès des toilettes sèches ne nécessitant ni eau ni sciure. Un simple tapis roulant fait office de chasse d’eau.
L’urine est utilisée comme lisier pour un lycée agricole de la région. Quant aux selles, elles sont compostées puis utilisées pour la végétation et les cultures destinées aux animaux. Prévoir 2000 euros pour installer ce dispositif, qui permettrait aux habitants de diviser leur consommation d’eau.