« La démarche n’est pas humaine » : à l’hôpital de Fleurance, la CGT tente d’allumer la mèche de la contestation
Le nouveau directeur de l’Etablissement public de santé de Lomagne (EPSL), venu remettre l’hôpital sur pied, est sous le feu des critiques de la CGT. Mais les autres syndicats ne disent pas la même chose.
Arrivée à Fleurance en février, Hélène Colombié avait donné le ton : « S’il faut éradiquer certaines pratiques (à l’EPSL), je prendrai les mesures qui s’imposent. » L’hôpital de Lomagne accusait alors un déficit de près de 3 millions d’euros et de nombreux manquements aux règles de fonctionnement des établissements publics de santé.
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7 mois plus tard, la CGT prend la parole pour dénoncer la « gestion autoritaire et violente » de la nouvelle direction.
« C’est fait avec violence »
Lors d’une conférence de presse mardi à Auch, le syndicat CGT Santé a réuni personnels et familles de résidents pour présenter ses nombreuses doléances. Au premier plan, la revendication d’un trop-perçu. La direction précédente versait aux contractuels une prime réservée aux… fonctionnaires. « Elle compte réclamer cette somme depuis 2 ans », fulmine Christophe Bukovec, le secrétaire départemental de la CGT Santé et Action sociale, qui pointe un moyen de conserver les personnels : « S’ils veulent démissionner, il faut qu’ils remboursent ! Que la directrice veuille changer les façons de faire, revoir les habitudes, d’accord, mais cela doit se faire en concertation ! Là, c’est fait violemment. »
Il évoque le cas d’une salariée qui a pris sa retraite le matin et qui est partie le soir. Résultat d’une erreur juridique de la direction précédente, « mais l’approche n’est pas humaine. Cela montre vraiment la personne qu’elle est ! »
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Les familles dénoncent de leur côté l’absence de réponses aux courriers, d’une instance de dialogue avec les parents de résidents, « un manque choquant de personnel », la fin de toutes les activités, la qualité des repas, ou encore la fin de l’aumônerie, jugée trop coûteuse.
« Il faut lui laisser du temps »
Les autres syndicats ne voient pas la même situation. Force ouvrière, qui avait alerté sur la situation à l’EPSL à l’été 2023, estime qu’il faut « laisser le temps à la direction de mettre les choses en place ». Et le syndicat a une autre lecture des faits. Oui, la direction veut régler la question du trop-perçu, mais en offrant aux contractuels la chance de devenir fonctionnaires et de toucher la prime en toute légalité. « C’est une position qui tend plutôt vers l’apaisement. La directrice a annoncé dès le départ qu’elle voulait faire des économies d’échelle », juge un syndicaliste, qui souligne que l’EPSL compte près de 150 contractuels. « On entend des salariés exprimer leur ras-le-bol, mais il faut aussi éviter les propos déplacés qui sont surtout dus à la peur du changement : on a des réunions mensuelles avec la directrice, qui se passent bien, où elle est présente. Elle veut avancer. »
Hélène Colombié, pour FO, doit remettre en marche un établissement délocalisé et elle prend les problèmes un par un. « Par exemple, la direction précédente n’avait transmis aucun dossier à la commission médicale, qui évalue les maladies professionnelles, etc. Mme Colombié a mis en conformité une quarantaine de dossiers en 6 mois. »
La CGT a consulté les élus et le conseil de surveillance, pour demander une table ronde mi-septembre « pour arranger les choses ». Il n’est pas certain que les autres syndicats, CFDT en tête, partagent cette vision de la gestion de l’EPSL.
Hélène Colombié : « Je dois régler la succession »
Hélène Colombié ne plie pas sous les coups de la CGT, et confirme qu’elle va continuer sur sa lancée. « Nous avons des réunions mensuelles avec les syndicats. La CGT reste silencieuse, ou tourne en rond sur deux sujets. » Elle évoque les questions de planification, source d’une gestion du personnel en mode dégradé cet été, et parle de « privilèges à remettre à plat pour redonner leurs droits aux agents ». Pour la directrice, la CGT n’a rien de tangible à lui opposer. « Ils évoquent seulement un mécontentement qui sert de base à la suite, une stratégie que les autres syndicats ne partagent pas. Je dois effacer l’héritage de mes prédécesseurs, et je le ferai. »
Hélène Colombié avance également des chiffres, que la CGT ne conteste pas, sur le redressement financier de l’établissement. En médecine, l’activité était à 73,43 % en 2023. Le plan de redressement prévoit un retour à 85 % en décembre 2024, mais en 7 mois elle atteint déjà 88 %. Tous les indices de l’EPSL Ehpad sont également en hausse. A Tané, les 70,31 % de 2023 sont devenus 77 %, contre les 75 % attendus en décembre. Seuls les soins de suite (SMR) sont en perte, étant passés de 91 % à 85 %. « En septembre, j’ai obtenu un rapport de l’ARS avec les responsables. On va mettre les faits sur la table ! »