« L’extrême droite britannique est une constellation de petits groupes, sans réelle organisation ni hiérarchie »
DDepuis l’attaque meurtrière au couteau qui a fait trois morts et une dizaine de blessés à Southport le 29 juillet, le Royaume-Uni est en proie à des émeutes racistes visant les communautés musulmanes, les mosquées et les hôtels pour demandeurs d’asile, ainsi que la police. Une fausse information rapidement relayée dans la fachosphère a désigné l’auteur présumé d’abord comme un musulman puis comme un demandeur d’asile rwandais, alors qu’il s’agissait en réalité d’un mineur de 17 ans d’origine rwandaise, né à Cardiff et élevé au Royaume-Uni.
La première semaine d’août a été marquée par des scènes de violence d’une ampleur sans précédent dans plus d’une vingtaine de villes anglaises et à Belfast, où des slogans racistes, xénophobes et islamophobes ont été scandés : « Arrêtez les canots pneumatiques », « Nos femmes ne sont pas de la viande halal »… « Je n’hésite pas à appeler les choses par leur nom : ce sont des brutalités d’extrême droite » a réagi sur nouveau Premier ministre travailliste, Keir Starmer.
Ces émeutes violentes, instrumentalisées par l’extrême droite sur les réseaux sociaux, interrogent sur l’état de ce mouvement politique, que l’on aurait pu croire relégué aux confins de la marginalité depuis le référendum sur le Brexit en 2016 : pendant la campagne, la députée travailliste Jo Cox a été assassinée par un suprémaciste blanc néonazi. Huit ans plus tard, elle est toujours là et le fait savoir de manière violente dans la rue. Faut-il y voir une renaissance, une mutation ou un nouveau visage ?
Que voulons-nous vraiment dire lorsque nous parlons de l’extrême droite au Royaume-Uni ? Du discours raciste, dit « Rivières de sang »Après la chute du nationaliste conservateur Enoch Powell en avril 1968, l’extrême droite est représentée par de petits partis politiques ouvertement racistes et violents, héritiers du nazisme, par fusions et scissions. Le Front national, créé en 1967 et composé de nationalistes blancs, connaît un déclin à partir de 1977 après une manifestation violente à Lewisham, banlieue multiculturelle de Londres.
Au pouvoir, Margaret Thatcher a adopté une politique très à droite en matière d’immigration, ce qui a freiné le développement de l’extrême droite. Quant au British National Party, il a connu un changement idéologique avec son leader Nick Griffin, abandonnant l’idée d’un nationalisme ethnique. Résultat : deux sièges gagnés au Parlement européen en 2009, et quelques-uns dans certains conseils locaux, avant de subir lui aussi un déclin.
L’insubmersible Nigel Farage
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