Non sélectionnée pour les Jeux Olympiques, Cédrine Kerbaol prend une revanche éclatante et le droit de rêver du maillot jaune
La Bretonne, première Française lauréate de l’épreuve, franchit un cap. Elle est désormais bien plus que la meilleure jeune cavalière de l’édition précédente.
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Elle n’en faisait pas trop. Deux bras levés, les mains en forme de cœur, mais pas de libération ni d’explosion de joie. « Pour être honnête, j’avais vraiment envie de vomir tellement l’effort était violent. »En s’imposant à Morteau, Cédrine Kerbaol a surtout marqué l’histoire de son sport, en devenant la toute première Française vainqueur d’une étape du Tour de France féminin, depuis son grand retour en 2022.
« Un magicien ne révèle jamais ses secrets »Elle s’est bien amusée mercredi, avant de participer à l’étape qui l’a menée à Liège. Pas de dossard ni de feu d’artifice, juste de la pluie et quelques secondes de perdues sur les meilleures. Mais la leader de l’équipe Ceratizit-WNT, meilleure jeune du Tour 2023, a montré qu’elle était en pleine forme le lendemain, en terminant 7e et meilleure Française à Amnéville.
La France attendait plutôt Evita Muzic et Juliette Labous cette année, notamment en vue d’un podium au classement général final, mais c’est Kerbaol qui rafle toute la vedette. Même le jour où la course passe en Franche-Comté, patrie des deux premières citées. C’est ce qu’on appelle voler la vedette. « J’ai un peu de mal à m’en rendre compte. Je ne comprends pas vraiment ce qui m’arrive, a réagi Cédrine Kerbaol sur le plateau de France Télévisions. J’étais en colère depuis deux ou trois jours. Je voulais passer un bon moment.
« Je ne me fixe aucune limite et je n’avais pas spécialement pour objectif cette étape au départ du Tour. »
Cédrine Kerbaollors d’une conférence de presse
Cette performance n’a en aucun cas surpris Juliette Labous : « J’ai eu l’impression qu’elle était en mission cette semaine. Elle a été très forte et n’a pas fait d’erreurs. » Kerbaol place l’attaque décisive à 14 kilomètres de l’arrivée, creuse un écart d’une trentaine de secondes et résiste au retour du peloton en s’infligeant un terrible effort façon contre-la-montre. Au total, elle empoche 31 secondes sur toutes les meilleures et se retrouve dauphine du maillot jaune, Katarzyna Niewiadoma pour 16 secondes.
« Cette pression du maillot blanc n’est plus là. L’an dernier, la course était un peu verrouillée par la défense de cet objectif. Cette année, on est plus ouvert à la fantaisie.elle prévenait le jour du grand départ pour Rotterdam. J’ai envie de me battre pour le classement général et aussi, pourquoi pas, de tenter quelque chose sur une étape. » Une position plus qu’optimiste pour un coureur qui vient de connaître deux déceptions coup sur coup : l’abandon du Giro d’Italia et la non-sélection pour les Jeux Olympiques.
La Bretonne est un talent brut, à la personnalité explosive, sans filtre. Elle est aussi, malgré son jeune âge (23 ans), très à l’aise face aux médias. En conférence de presse, plus d’une heure après sa victoire, elle a salué la « patience » et a fait comprendre qu’elle avait beaucoup progressé dans son approche de la course. Sans le savoir, l’ancienne pilote Arkéa et Cofidis compte trois victoires cette saison, après deux courses espagnoles d’un jour en février et en mai.
Rouleuse, plutôt grimpeuse, elle est en position idéale pour faire mieux que l’an dernier (12e). L’intéressée ne souhaite pas se fixer d’objectifs précis et subir la pression que ceux-ci impliquent. « Je préfère prendre les moments comme ils sont, on verra bien. Le Tour a déjà été un succès pour moi, mais je suis déterminé à me battre pour obtenir le meilleur résultat possible au final. »elle a prévenu. Même si le maillot jaune Katarzyna Niewiadoma a dit « ignorer » Si la Française était une concurrente directe pour le classement général, les meilleures coureuses du peloton la regarderont différemment dès samedi sur les routes montagneuses menant au Grand-Bornand.