Fede Alvarez revitalise la saga en revenant aux origines de l’horreur « Alien »
CINEMA – Ajouter un nouveau film à la franchise Étranger semblait être un miracle : pourtant Fede Alvarez l’a fait. 45 ans après la sortie en salle deAlien, le huitième passagerun nouvel opus de la franchise de science-fiction d’horreur, sort en salles ce mercredi 14 août, sous le nom intrigant deAlien: Romulus.
Se déroulant plusieurs années après le premier film et la victoire de Ripley sur l’Alien dans le vaisseau Nostromo, Romulus suit le périple de Rain (Cailee Spaeny) et de son androïde Andy (David Jonsson). Deux personnages invités par leurs amis à participer à l’exploration d’une station spatiale abandonnée, pour mettre la main sur un moyen de supporter plusieurs années de voyage spatial. Une mission risquée pour tenter d’échapper à une existence prédéfinie.
Porté par le prometteur réalisateur uruguayen Fede Álvarez, ce septième film de la saga délivre un véritable coup de jeune, tant par son casting que par ses ambitions d’offrir une nouvelle porte d’entrée vers cet univers, tout en respectant ses codes. Une tâche loin d’être aisée après les multiples réinventions opérées sur la saga depuis le film original de Ridley Scott.
Horreur matricielle
D’emblée, Fede Alvarez subvertit les codes deÉtranger en introduisant un groupe de jeunes amis sur une planète minière inhospitalière. La recette idéale pour s’attacher aux personnages. Ce que n’a pas fait Ridley Scott en catapultant les spectateurs dans le quotidien d’un équipage professionnel, sans autre introduction qu’un petit déjeuner autour d’une table. En choisissant un groupe d’amis comme personnages, j’introduis des sentiments forts entre eux. Vous souffrirez quand vous les verrez mourir. Dans mon film, ce n’est pas chacun pour soi « , a ajouté Fede Alvarez dans HuffPost, rencontré en juin à Paris.
Studios du 20e siècle.
Rain et Andy forment un duo rafraîchissant pour la série, tout en perpétuant les stéréotypes d’Alien : une jeune femme forte ou un androïde aux aspirations humaines.
Bien conscient de sa lourde charge, il explique avoir voulu rendre hommage au premier film, tout en y apportant sa touche personnelle. Un exercice dont il était déjà sorti avec les honneurs avec son remake demal mort en 2013. La difficulté pour moi, c’est que j’espère ne pas avoir été « trop » fidèle au premier film. Que les spectateurs comprendront que j’ai voulu le respecter, mais en osant le réinventer. »
Il faut noter que si les hommages et clins d’œil au premier film (mais pas seulement) sont présents, sa mission est particulièrement réussie, car le film semble naturellement s’inscrire dans la continuité de cet univers, non sans y ajouter de nouvelles dynamiques et objectifs. Pour cela, le réalisateur ne s’est pas contenté de se faire adouber par Ridley Scott, producteur de Romulus. De son propre aveu, il s’est également rapproché de la » spécialistes des effets spéciaux des premiers films » pour redécouvrir l’horreur qui a caractérisé le premier Étrangeravant que les films suivants ne suivent leur exemple. Sur ce point, l’attention portée aux Facehuggers est là pour le prouver, puisque les créatures arachnides qui ont introduit la menace en 1979 bénéficient ici d’un traitement particulièrement soigné.
Vous avez dit anxiété ?
Ce qui ressort le plus en regardantRomulus extraterrestrec’est à quel point le film tire parti de ses décors et des codes de la saga pour restituer le sentiment d’angoisse du premier film. Avec plusieurs séquences particulièrement réussies en terme de » horreur corporelle « , un thème indissociable de l’œuvre et du concepteur de l’Alien, l’artiste suisse Hans Ruedi Giger. Mention spéciale à la scène tirant profit de la chaleur corporelle, ou encore celle s’amusant avec la gravité du » sang » de la créature.
Studios du XXe siècle
Moins visible, plus iconique… La créature Alien retrouve les ingrédients qui ont fait son succès.
Loin de se contenter uniquement de son aspect horrifique, Romulus propose également une extension de thèmes chers à la saga : comme celui des androïdes, découverts avec Ash (Ian Holm) dans Étranger ou David (Michael Fassenbender) dans les récents préquelles de Ridley Scott. Des êtres difficiles à déchiffrer, comme Andy dans ce nouveau film. En termes d’univers, Fede Alvarez s’amuse aussi − comme David Fincher, Jean-Pierre Jeunet ou David Cameron avant lui − à créer son propre » cycle naturel de la créature « , comme le cocon terrifiant que l’on découvre à mi-chemin.
D’une durée parfaite de deux heures, le film se distingue également par son rythme soutenu et son esthétique qui apporte un vent de fraîcheur au genre de l’horreur. Le film n’hésite pas à utiliser des couleurs vives pour déconstruire l’approche visuelle sombre qui a permis d’iconiser le Xénomorphe, le nom scientifique de l’Alien.
Studios du XXe siècle
Avec Andy, incarné par le Britannique David Jonsson, « Alien : Romulus » dépasse le slasher classique pour proposer un questionnement plus large de l’existence.
Si l’on peut lui reprocher un certain manque d’originalité dans certains aspects de l’intrigue finale, le film regorge néanmoins de surprises qui ne sont pas seulement là pour plaire aux fans. Ce film peut donc être apprécié comme une suite indirecteÉtranger. Ignorant presque tout le reste… Ou le contraire de Prométhée Et Engagementdeux préquelles largement discutables, qui ont bien failli enterrer définitivement la franchise sur grand écran.
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