Boom de l’or : au Crédit Municipal de Perpignan, Marie-Claire et Hubert misent une fois par mois leur alliance pour manger
Chaque fin de mois, Marie-Claire et Hubert, deux retraités de Perpignan, se rendent main dans la main au Crédit Municipal de Perpignan. Ils viennent déposer leurs alliances pour remplir le réfrigérateur.
A la vue de ces amoureux d’un autre temps, Audrey Perez est émue. « Ils ont travaillé toute leur vie pour obtenir une petite pension et voici le résultat »s’attriste le directeur de l’agence de Perpignan du Crédit Municipal, située avenue de la Gare. Autrefois, elle s’appelait Mont-de-Piété et on y mettait « jusqu’aux clous » bijoux et objets de valeur. En guise de gage. Le temps ou l’espoir de gagner un peu d’argent et de revenir les récupérer.
Marie-Claire et Hubert sont pris dans les rouages de ce cercle vicieux, une spirale dont il est difficile de sortir. « Dès qu’elles ont touché leur pension, elles viennent récupérer leur alliance et remettent la bague à leur doigt. Trois semaines plus tard, elles reviennent, déposent à nouveau leurs bijoux et repartent avec quelques billets. » Audrey Perez sait que l’habitude n’efface pas le chagrin de se séparer d’un bien aussi précieux chargé de tant de souvenirs, ni la honte de franchir les portes de l’établissement.
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Nous accueillons une large gamme de clients, des fonctionnaires titulaires aux professions libérales.
Cependant, de plus en plus de personnes décident de le faire. « Aujourd’hui, nous aidons tous types de clientèles des catégories socioprofessionnelles moyennes à supérieures. Nous avons des fonctionnaires en CDI, des professions libérales, des personnes âgées bien sûr ou encore des jeunes chômeurs qui n’ont pas accès aux prêts bancaires. »note la directrice, constatant un afflux de visiteurs sans précédent. Selon elle, l’après Covid 19 et l’inflation sont à l’origine de la forte augmentation des engagements et des nouveaux utilisateurs. « Nous ne recevons que des gens dans le besoin, des gens qui viennent par nécessité. Ils gagnent de l’argent pour joindre les deux bouts. »
Au Crédit Municipal, en revanche, la récupération de l’or, essentiellement du 18 carats, atteint à peine 25 euros le gramme. Contre 35 à 35 euros chez les négociants en or. « La différence c’est qu’on prête, on ne fond pas » souligne Audrey Perez, qui évalue avec ses équipes entre 87 et 90 % des consommateurs. « La plupart d’entre eux se soucient de leurs biens, alors ils viennent les récupérer. » Les autres bijoux sont vendus aux enchères publiques à Nîmes, où se trouve l’agence catalane.
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