Le « weird », ce petit gimmick de Tim Walz pour attaquer Donald Trump
Il est le nouveau « chien d’attaque » de Kamala Harris. Tim Walz a été choisi pour endosser le rôle du colistier de la candidate démocrate à l’élection présidentielle américaine, celui qui « délivrera les attaques négatives les plus virulentes contre le camp adverse », explique 20 minutes Marie-Christine Bonzom, politologue, journaliste spécialiste des Etats-Unis, basée depuis près de trente ans à Washington. Peu connue sur la scène politique américaine, elle a réussi à se faire remarquer par son camp politique notamment en provoquant un tollé avec une expression aussi simple que piquante : le gouverneur du Minnesota multiplie les attaques contre Donald Trump en le qualifiant de « bizarre ».
Une expression qui n’est pas anodine et qui s’est largement répandue sur les réseaux sociaux. C’est même un mot très fort aux Etats-Unis. « Weird » se traduit par « bizarre », voire « très bizarre ». Quand on dit « weird » en anglais américain, il y a un côté « étrange », voire « inhabituel », presque « surnaturel », explique Marie-Christine Bonzom. Ainsi, lorsque Tim Walz répète à l’envi que Donald Trump et son colistier J.D. Vance sont « bizarres », il tente de les placer « en dehors de l’arc de ce qui est « normal », à la fois pour la politique américaine mais aussi pour la société américaine », ajoute la politologue.
Votez jeunes
Cinq lettres, c’est court, percutant, efficace. Un modèle taillé pour les réseaux sociaux et pour cibler les jeunes qui se sont désintéressés de la politique et plus particulièrement de la campagne vieillissante de Joe Biden. « Le mot a réussi à capter l’attention, du moins sur TikTok et d’autres réseaux sociaux fréquentés notamment par les jeunes électeurs. C’est un mot qui ressemble à une image et les campagnes présidentielles américaines, plus que dans d’autres pays, reposent sur des images, des mots forts », explique Marie-Christine Bonzom. Vu l’engouement sur les réseaux sociaux, « il est possible qu’il marque quelques points auprès des jeunes », avance-t-elle. Mais pour en mesurer l’impact, il faudra jeter un œil aux prochains sondages.
A elle seule, elle ne va pas redresser une campagne qui était en perte de vitesse jusqu’à l’arrivée surprise de Kamala Harris. Mais cette « bizarrerie », « est un petit truc, un gadget, qui fait partie d’une panoplie d’outils utilisés en ce moment par les deux campagnes pour tenter de mobiliser les électeurs », estime le spécialiste. C’est tout un faisceau de facteurs qui redonne des couleurs à la campagne démocrate, à commencer par la candidate qui a remplacé Joe Biden à la dernière minute, portée par « l’effet de surprise, la nouveauté et le fait qu’elle ne soit pas le président américain et tout ce qu’il représente, à savoir quelqu’un de vieux et de déclinant », souligne le journaliste.
Les Américains et la « campagne négative »
Cette attaque personnelle s’inscrit dans une stratégie globale déjà lancée par Joe Biden lorsqu’il a qualifié son adversaire de « fasciste ». C’est devenu un refrain, un refrain aux Etats-Unis. A chaque élection présidentielle, les deux principaux partis s’affrontent à coups de mesquineries et d’affronts ciblés. « Après la tentative d’assassinat contre Donald Trump, les deux camps avaient promis de mettre un terme à la rhétorique enflammée, de ne pas attiser les flammes de la colère, de la haine et de ne pas diviser le peuple américain », se souvient Marie-Christine Bonzom. Mais « ils sont très vite retombés dans leurs manières habituelles de personnaliser la campagne et d’utiliser des attaques personnelles au lieu de vraiment parler de leur programme et de leur politique, du fond », ajoute-t-elle.
Certains le regretteront peut-être, mais l’histoire des récentes campagnes électorales américaines leur donne raison. Cette stratégie acrimonieuse, « ce qu’on appelle le « negative campaigning » », fonctionne, « d’autant plus que les deux grands partis sont en déclin. C’est le moyen qu’ils ont trouvé pour mobiliser leur base et aller pêcher des électeurs qui se disent indépendants », explique le journaliste spécialiste des Etats-Unis.
Notre reportage sur l’élection présidentielle américaine de 2024
Tim Walz a clairement pris les devants en présentant la candidate républicaine comme quelqu’un qui « sème le chaos et la division » lors de son premier meeting aux côtés de la démocrate, à Philadelphie mercredi. De son côté, Donald Trump a également multiplié les diatribes contre son adversaire, la qualifiant de « folle » et de « menteuse ». Les électeurs américains devront se rendre à l’évidence. a priori pour remettre une fois de plus la barre sur les débats de fond et la promotion des programmes.