Le montant du Smic devrait augmenter une nouvelle fois avant la fin de l’année. Une revalorisation qui n’est en rien un coup de pouce du gouvernement. Seul salaire indexé sur l’inflation, le Smic bénéficie d’une augmentation mécanique chaque année au 1er janvier. Mais des revalorisations peuvent aussi intervenir en cours d’année en cas de forte inflation. La condition est la suivante : le dernier indice connu des prix à la consommation, hors tabac, pour les 20 % des ménages les plus pauvres doit augmenter d’au moins 2 % (par rapport à celui pris en compte pour la dernière revalorisation du Smic).
Or, le 31 juillet, l’Insee a révélé une estimation provisoire plaçant le curseur à 2,3 % sur un an pour le mois en cours. Il faudra attendre le 14 août, et la publication du chiffre définitif, pour savoir si le Smic sera revalorisé dès septembre. Dans le cas contraire, rendez-vous mi-septembre pour connaître les résultats définitifs du mois d’août. Le Smic légal est fixé à 1 766,92 € brut par mois, soit 1 398,70 € net. Avec la revalorisation, il devrait passer la barre des 1 800 € brut et 1 400 € net.
Neuvième augmentation depuis janvier 2021
Cette nouvelle augmentation du montant du Smic sera la neuvième depuis janvier 2021 (trois revalorisations annuelles et cinq liées à l’inflation). Un phénomène qui contribue à une baisse des salaires. Ce mécanisme de revalorisation ne concerne que le Smic. Les salaires légèrement supérieurs, n’augmentant pas au même rythme, peuvent alors être rattrapés. Ces dernières années, le nombre de salariés payés au Smic a fortement augmenté en France.
Selon le dernier rapport annuel du Groupe d’experts sur le SMIC, 3,1 millions de salariés du secteur privé sont concernés. Cela représente 17,3 % de l’ensemble des salariés hors agriculture, apprentis, stagiaires ou intérimaires. Cette proportion n’a jamais été atteinte depuis que des statistiques complètes existent. Elle dépasse la précédente valeur la plus élevée, qui remontait à 2005, avec 16,3 % de salariés concernés. A l’époque, ce poids important s’expliquait notamment par le passage à la semaine de 35 heures et la garantie de salaire mensuel alors mise en place pour maintenir la rémunération des salariés payés au SMIC.
Selon une étude de la Dares publiée fin 2023, la proportion de bénéficiaires est plus élevée parmi les salariés à temps partiel (38 %, contre 12 % pour les salariés à temps plein) et dans les très petites entreprises (27 % dans celles de moins de dix salariés, contre 15 % dans les autres). Parmi les salariés du secteur privé rémunérés au SMIC, les femmes constituent la plus grande part des effectifs (57 %, alors qu’elles représentent moins de la moitié des salariés).
Le salaire minimum à 1 600 € net, mesure phare de la gauche
Le Nouveau Front populaire, qui ambitionne de gouverner, défend une mesure phare : l’augmentation du salaire minimum (SMIC) de près de 1.400 à 1.600 euros net. Une proposition jugée intéressante par le ministre démissionnaire de l’Intérieur, Gérald Darmanin : « L’augmentation du SMIC défendue par la gauche n’est pas un mauvais débat et nous aurions tort de l’écarter d’un revers de main », a-t-il déclaré le 20 juillet dans un entretien au Journal du Dimanche.
Selon Eurostat, la France est le sixième pays de l’Union européenne où le salaire minimum est le plus élevé. Mais c’est aussi celui où la hausse depuis dix ans a été la plus faible. Si l’on ne prend pas en compte les revalorisations automatiques imposées par la loi, le dernier « coup de pouce » au salaire minimum remonte à 2012 (+0,6 point de plus que l’obligation légale).
L’augmentation de 200 euros du Smic net mensuel (+14%), proposée par le NFP, serait ainsi inédite depuis plus de 40 ans et les +10% accordés en 1981 par la gauche arrivée avec François Mitterrand à l’Élysée.
La mesure inquiète les petits entrepreneurs. En revanche, elle satisfait la plupart des syndicats de salariés. La CFDT a cependant une voix différente, prônant une augmentation plus diffuse des salaires. « L’essentiel n’est pas seulement le niveau du Smic, mais aussi comment sortir du Smic ? Comment ne pas rester au Smic à vie ? », estime Luc Matthieu, secrétaire national CFDT en charge des politiques économiques.