« La famille est soulagée que le procureur ait donné la description correcte »
C’est l’une des dernières étapes avant un procès. Lundi 5 août, le parquet de Paris a requis un procès pour meurtre contre Loïk Le Priol, 30 ans, et Romain Bouvier, 33 ans, après plus de deux ans d’enquête. Le 19 mars 2022, ces deux militants d’extrême droite avaient tiré plusieurs fois sur Federico Martin Aramburu. L’ancien rugbyman…
C’est l’une des dernières étapes avant un procès. Ce lundi 5 août, le parquet de Paris a requis un procès pour meurtre contre Loïk Le Priol, 30 ans, et Romain Bouvier, 33 ans, après plus de deux ans d’enquête. Le 19 mars 2022, ces deux militants d’extrême droite avaient tiré plusieurs fois sur Federico Martin Aramburu. L’ancien rugbyman argentin, figure du Biarritz Olympique, s’est effondré boulevard Saint-Germain, touché à plusieurs reprises.
L’enquête s’est notamment attachée à déterminer si ce crime était prémédité ou non. En retenant la qualification de meurtre, le parquet se prononce en faveur de la préparation. C’était d’ailleurs la thèse défendue par les parties civiles. « Au terme d’une enquête au cours de laquelle les accusés ont tenté de se soustraire à leurs terribles responsabilités, la famille de Federico Martin Aramburu est soulagée que le parquet de Paris ait donné la qualification exacte aux faits dont il a été victime », a réagi Me Yann Le Bras.
Six coups en quelques secondes
Le drame s’est déroulé en deux actes. En pleine nuit, Federico Martin Aramburu et Shaun Hegarty, son ancien coéquipier devenu depuis président du Biarritz Olympique, dînent à la terrasse de la brasserie Le Mabillon. Loïk Le Priol et Romain Bouvier sont attablés à proximité. Les groupes s’entendent bien, mais la cordialité se transforme en tension au fur et à mesure des échanges. Une blague potache du rugbyman argentin finit d’enflammer les esprits.
Après un premier échange de coups, Federico Martin Aramburu et Shaun Hegarty quittent les lieux à pied. Ils ignorent que Loïk Le Priol et Romain Bouvier se sont lancés à leurs trousses. Ce dernier retrouve les joueurs de Biarritz. Il tire sur Federico Martin Aramburu à la cuisse et au flanc. L’Argentin tente de fuir lorsque Loïk Le Priol, alerté par les détonations, fait irruption. Dans la bagarre, le rugbyman est à nouveau touché. Le jeune homme l’achève de trois balles dans le dos lorsqu’il se dégage. Six coups de feu sont tirés en quelques secondes.
Pour l’accusation, la bagarre sur la terrasse et la course-poursuite dans le quartier constituent « une seule et unique scène de violence, qui est la mise en œuvre du projet prémédité ». L’acte d’accusation évoque « une atmosphère de chasse à l’homme, corroborée par plusieurs témoins ». Une position que ne partage pas la défense des deux accusés. Les deux hommes affirment avoir craint pour leur sécurité. Ils disent avoir tiré sur la victime en état de légitime défense et démentent avoir décidé de poursuivre les Biarritzois.
Au cours de l’instruction, Loïk Le Priol, ancien militaire, a également mis en avant un stress post-traumatique non résolu, qui pourrait fausser ses perceptions. Son avocat n’a pas souhaité commenter les réquisitions du procureur de Paris. Celles-ci devraient prochainement aboutir à une ordonnance de mise en examen devant la cour d’assises. La défense a la possibilité de la contester en faisant appel.