(BFM Bourse) – Le constructeur automobile a publié des facturations, son principal indicateur de ventes, en chute de 9% au premier trimestre. Ce qui n’est guère de bon augure pour le groupe qui mise sur des lancements réussis et des gains de part de marché, cette année. Ce alors que le groupe risque de subir les répercussions des droits de douane américains.
Stellantis est dans une bien mauvaise passe depuis maintenant un an. En 2024, le constructeur italo-franco-américain avait vu ses revenus plonger de 17%, tandis que ses volumes avaient reculé de 12%.
Le groupe avait été plombé par des hauts niveaux de stocks aux États-Unis qu’il s’est efforcé de réduire sur la deuxième partie de l’année. Ce qui s’est toutefois fait aux prix de promotions, de réduction de tarifs, et de baisse de la production au second semestre.
In fine, son bénéfice a plongé de 70% en 2024 et l’entreprise est même passée dans le rouge au second semestre. L’emblématique Carlos Tavares a lui quitté la direction du groupe, fin novembre.
Le début de 2025 ne s’avère guère engageant. Stellantis a publié ce vendredi 11 avril ses volumes du premier trimestre ou plus exactement ses expéditions facturées, son principal indicateur commercial.
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Un début d’année difficile
L’entreprise n’a pas fait de miracles sur les trois premiers mois de l’année. Les facturations ont chuté de 9% sur un an en unités, à 1,218 million. Dans le détail, ces facturations ont plongé de 20% en Amérique du Nord et de 8% en Europe. Aux États-Unis la société précise que certains modèles récemment lancés ont bien fonctionné, notamment le Jeep Compass ou les Ram 1500 et 2500 qui ont vu leurs volumes progresser de plus de 10%. Le « troisième moteur » (c’est-à-dire les pays hors Europe et Amérique du Nord) a , a contrario, enregistré une hausse de 4%.
Stellantis avait prévenu, en février dernier, s’attendre à une première partie d’année encore difficile. Les volumes communiqués pour le premier trimestre s’avèrent toutefois inférieurs aux attentes. Oddo BHF cite un consensus Visible Alpha à 1,3 millions d’unités, contre 1,22 million publiés donc.
« Sans surprise, le repli (des volumes, NDLR) reflète principalement la baisse de la production en Amérique du Nord en raison de l’arrêt prolongé des vacances en janvier » ainsi que la perte de parts de marché », tandis que les volumes en Europe ont pâtit « de l’impact des transitions de produits et de la baisse des volumes de véhicules utilitaires légers », décortique Oddo BHF.
Le courtier conclut que le début d’année a été « difficile » pour Stellantis, impliquant que les attentes des analystes pour le chiffre d’affaires du premier trimestre (37,8 milliards d’euros) pourraient être trop élevées. Odddo BHF estime en conséquence que la reprise des volumes « prendra du temps et nécessitera probablement plus d’actions commerciales que celles déjà prises ces derniers mois, en plus des lancements prévus ».
Une reprise compliquée par les droits de douane
À la Bourse de Paris, l’action Stellantis chute de 3,7% vers 16h, accusant le deuxième repli le plus prononcé du CAC 40. En sus de ses facturations en forte baisse, le titre du constructeur peut pâtir du manque de confiance général du marché sur le sujet des droits de douane, ce vendredi. Donald Trump a, certes, acté une pause sur les surtaxes douanières pendant 90 jours, mais ce sursis exclut la Chine. Or, ce vendredi matin, Pékin a relevé à 125% ses droits de douane additionnels sur les importations américaines en réponse à une surenchère similaires de la part de Washington, jeudi.
Rappelons aussi que les droits de douane appliqués américains à l’automobile (25%) ainsi qu’aux importations canadiennes et mexicaines sont toujours en vigueur. Ces mesures auront des impacts sur Stellantis. Selon Royal Bank of Canada, le groupe produit environ 580.000 véhicules au Mexique et au Canada, générant environ 11% de son résultat opérationnel courant. Selon ses calculs, des droits de douane américains permanents sur l’automobile de 25% retrancheraient 12% bénéfices de la société, sans mesures compensatoires (comme une relocalisation de la production aux États-Unis).
« Dans l’état actuel des choses », les droits de douane représentent « un obstacle supplémentaire important pour le groupe, étant donné la part élevée des ventes américaines construites en dehors du pays (dont un tiers environ au Mexique et au Canada, y compris le Jeep Cherokee clé qui doit être lancé au quatrième trimestre et qui sera assemblé au Mexique…), sans parler de l’utilisation substantielle de pièces étrangères dans les véhicules assemblés aux États-Unis (de plus de 40%) », explique Oddo BHF.
« À cet égard, et face à la pression sur la demande, nous nous attendons à ce qu’une concurrence commerciale plus intense (…) pèse davantage sur les bénéfices et la trésorerie, compromettant potentiellement la trajectoire de redressement du constructeur aux États-Unis et même au niveau mondial (avec des risques sur le résultat opérationnel courant que nous estimons à plus de 25%) », conclut le bureau d’études.
L’horizon reste ainsi bien nuageux pour Stellantis qui mise surtout sur le second semestre 2025 pour tenir ses objectifs et redresser la barre. La société compte s’appuyer sur des nouveaux lancements (segment C en Europe, les nouveautés chez Jeep) pour reconquérir des parts de marché, relancer ses volumes, améliorer le taux d’utilisation de ses usines et générer un flux de trésorerie positif, au second semestre.
Mais entre les coûts induits par les droits de douane, les incertitudes sur la demande, et un potentiel regain de concurrence, donc, les vents contraires ne manquent pas.
Depuis le début de l’année, l’action Stellantis dévisse de 40% depuis le début de l’année et de 70% sur un an. Le groupe publiera son chiffre d’affaires du premier trimestre le 30 avril prochain.
Julien Marion – ©2025 BFM Bourse
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