Licenciement, rémunération au mérite, refonte des catégories… Les pistes du gouvernement pour réformer la fonction publique
Le ministre de la Fonction publique a lancé mardi une consultation auprès des syndicats de fonctionnaires autour de cette réforme. Stanislas Guerini compte présenter son projet de loi à la rentrée 2024.
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L’épineuse question de la réforme de la fonction publique est désormais mise à l’épreuve par les consultations avec les syndicats. Le ministre de la Transformation et de la Fonction publique, Stanislas Guerini, a lancé mardi 9 avril à Paris les négociations sur son projet de loi. Deux autres réunions sont prévues les 14 mai et 20 juin. Annoncée en septembre 2023, la réforme suscite l’inquiétude des partenaires sociaux et des 5,7 millions d’agents publics, notamment après les déclarations chocs du ministre à Parisien, Mardi. Franceinfo liste les pistes envisagées à ce stade.
Réformer les trois catégories de fonctionnaires
Au sein de la fonction publique, les emplois de fonctionnaires sont classés en trois catégories hiérarchiques (A, B et C), en fonction des niveaux de qualification. Ces distinctions sont présentes dans les trois secteurs de la fonction publique : étatique, territoriale et hospitalière. Les enseignants, les médecins hospitaliers, les inspecteurs des impôts ou les chefs de service appartiennent à la catégorie A. Les éducateurs spécialisés et les inspecteurs des douanes à la catégorie B, les soignants ou agents d’écoles maternelles à la catégorie C, par exemple.
Mais ces catégories sont jugées trop rigides par Stanislas Guerini. Invité de France Inter mercredi, le ministre a regretté un système qui « bloque beaucoup de choses et met un plafond de verre au-dessus de la tête des agents », des blocages liés selon lui à leurs diplômes et à leur formation. L’objectif de la réforme est, selon lui, de permettre aux agents de « rentrer chez soi plus facilement »de « bouger plus facilement » et de « pouvoir parfois quitter plus rapidement la fonction publique ».
Faciliter les licenciements pour insuffisance professionnelle
« Je veux qu’on lève le tabou du licenciement dans la fonction publique »disait Stanislas Guerini dans Le Parisienpointant un « culture d’évitement sur ces sujets » et suscitant immédiatement la colère des syndicats. Comme le rappelle le site Vie-publique.fr, le statut professionnel de fonctionnaire permanent garantit un emploi et oblige l’administration à trouver « le fonctionnaire se voit attribuer un emploi correspondant à son grade en cas de suppression d’emploi »contrairement à ce qui est prévu pour les agents contractuels ou les stagiaires.
Le ministre entend s’attaquer à ce principe de l’emploi à vie en élargissant les sanctions en cas d’insuffisance professionnelle. Le licenciement pour insuffisance professionnelle dans la fonction publique est une « outil très mal défini et extrêmement peu appliqué »a déploré Stanislas Guerini sur France Inter.
Le statut des fonctionnaires « Je n’ai jamais expliqué qu’on ne pouvait pas licencier quelqu’un qui ne faisait pas bien son travail », a fait valoir le ministre. Trois motifs de licenciement existent aujourd’hui dans le Code général de la fonction publique. Les administrations peuvent séparer leurs agents en cas d’abandon d’emploi, d’insuffisance professionnelle ou de refus de trois emplois différents.
Mais ces dispositions seraient trop peu appliquées, selon Stanislas Guerini. Sur les 2,5 millions d’agents appartenant à la fonction publique de l’État, « il y a eu 13 licenciements pour insuffisance professionnelle » en 2023. Quant à « révocation pour faute »un autre type de sanction, « il y en avait 222 »Durant la même période, a estimé le ministre.
Stanislas Guerini précise que son projet de loi n’introduirait pas de motif de licenciement des fonctionnaires pour motif économique. « Il n’y a pas de licenciements économiques dans la fonction publique et je ne souhaite pas changer celaa-t-il assuré. Je pense que statutairement, c’est quelque chose de très important qui distingue le public du privé.
Promouvoir une rémunération au mérite pour les agents
Autre piste explorée par Stanislas Guerini : « mieux rémunérés et mieux récompensés » fonctionnaires. Le gouvernement souhaite élargir les possibilités de récompenser financièrement les agents les plus méritants, autrement dit une individualisation des rémunérations. Aujourd’hui, les salaires sont fixés sur des grilles communes à l’ensemble de la fonction publique (État, hôpitaux et collectivités) et dépendent largement de l’ancienneté et du poste. Cette proposition n’est pas nouvelle. En novembre 2015, Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, se déclarait favorable à cette mesure.
Pour défendre sa proposition, Stanislas Guerini peut s’appuyer sur les résultats d’une enquête publiée fin mars par la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) : « Dans la fonction publique, en 2021-2022, 20% des agents souhaitent travailler plus d’heures avec une augmentation de salaire, contre 23% des salariés du privé. » « Le travail doit mieux payer, il faut pouvoir récompenser l’engagement individuel et collectif des agents et il faut disposer de plus d’outils pour valoriser les métiers et les compétences »a expliqué le ministre sur France Inter.
Ce principe de rémunération au mérite existe déjà mais il n’est pas généralisé à toutes les fonctions publiques. Dans la fonction publique de l’État, « valeur professionnelle » agents « est pris en compte, le cas échéant, pour la modulation de compensation », d’avancement professionnel ou en matière de mobilité, précise le ministère de la Fonction publique. Il existe également une prime facultative qui rémunère les agents de l’État. Ce complément de rémunération annuel est versé « reconnaître spécifiquement l’engagement professionnel et la manière de rendre service ».