A la tête de deux entreprises spécialisées dans les installations électriques et la maçonnerie, ce couple, résidant à Pleucadeuc, avait un rayon d’activité dans tout l’est et le sud du Morbihan. Mais des liquidations judiciaires ont été prononcées en 2018 par le tribunal de commerce de Vannes pour ces deux sociétés au passif de 1,8 million d’euros. Ce qui n’a pas empêché le mari, âgé de 40 ans, et sa femme, 37 ans, de continuer à travailler et à mener une vie faste jusqu’en 2021, puisqu’il conduisait plusieurs véhicules dont une puissante Maserati et une luxueuse Mercedes. Cela a intrigué les gendarmes qui ont alors ouvert une enquête.
Fraude, maisons et armes
Il a ainsi été découvert que 17 chèques, pour un montant total de 81 531 €, destinés à l’une des sociétés, avaient en réalité été encaissés sur les comptes personnels des époux, alors même que leur déclaration fiscale s’élevait à 39 000 €. Des paiements des foncières pour un montant supérieur à 62 000 € ont également été enregistrés sur ces mêmes comptes.
Par ailleurs, le couple possédait trois terrains, ainsi que deux maisons dont les valeurs sont estimées à 466 000 € et 255 000 €. Des perquisitions ont été effectuées dans ces habitations et un bateau et un véritable arsenal d’une dizaine d’armes de guerre, avec plusieurs centaines de cartouches, y ont été retrouvés. Les deux véhicules de luxe, les armes, mais aussi les logements et les sommes présentes sur les comptes bancaires et deux polices d’assurance-vie, avaient été saisis.
Travail caché
Ce jeudi, le couple est poursuivi en justice pour faillite, déclaration frauduleuse, blanchiment, travail dissimulé et détention d’armes de guerre pour lui, recel pour elle. Aujourd’hui artisan, le mari avoue : « J’ai perdu pied quand mes entreprises étaient en difficulté. J’ai ensuite fait quelques travaux cachés pour mon propre compte après les liquidations. J’ai notamment travaillé pour un agent immobilier. Quant aux armes, je les avais acquises au fil des années pour en faire une collection, sans les utiliser. J’ai négligé de les déclarer. »
Aujourd’hui devenue comptable salariée, l’épouse fait profil bas : « Je savais qu’il ne fallait pas encaisser ces chèques, mais c’était la solution pour continuer à bien vivre, avec quatre enfants à élever. » Leur avocat précise : « Les faits ne sont pas contestés, mais les sommes avancées sont inexactes. »
Jugement le 16 mai
Selon le représentant de l’Urssaf, « cet artisan a continué à travailler sans déclaration et sans aucun statut, depuis la liquidation de son entreprise ». Le procureur enfonce le clou : « En ne tenant pas de comptabilité et en effectuant des virements suspects sur leurs comptes personnels, ce couple a trompé le fisc et l’Urssaf, tout en ne cessant pas leur activité devenue illégale après les liquidations. Cela lui aurait rapporté 350 000 € pour continuer à mener une belle vie, avec des voitures de luxe, de l’immobilier et des voyages à l’étranger.
Le jugement sera rendu le 16 mai, alors qu’ont été demandées 18 mois de mise à l’épreuve avec sursis contre le mari et un an de prison avec sursis contre l’épouse, l’interdiction pour tous deux de gérer une entreprise pendant dix ans et la confiscation des biens. les biens saisis.