J’aime imaginer que le vivant fasse muter nos machines
Nous recevons aujourd’hui Alain Damasio, écrivain de science-fiction, pour son travail La Silicon Valley publié aux éditions Seuil/Albertine.
Ni technophobe ni technophile, mais technocritique
Alain Damasio s’est rendu dans la Silicon Valley pour découvrir ses innovations, rencontrer ses dirigeants d’entreprises et sonder l’idéologie qui s’y produit. Sans être technophobe, il développe un esprit critique face à ce monde : «ce qui est clair, c’est qu’il y a un oubli du corps, une perte du lien social, une promotion de l’hyper-individualisme et de l’immatérialité. ».
Il cite le philosophe Jean Baudrillard, qui lui a permis de comprendre la nécessité qu’on a de renforcer l’intensité de l’instant en la redoublant par la mémoire et l’archive, en le captant par la technologie. Mais ces outils ont aussi tendance à nous isoler : « avant, nous étions dans une société qui nous permettait de trouver notre place. Aujourd’hui, nos vies sont fragmentées« .
Un imaginaire biopunk
Dans sa fiction, Alain Damasio inverse ces tendances en imaginant des robots qui s’ouvriraient vers le vivant, qui en auraient pris le contrôle et nous obligeraient à muter : « c’est ce que j’appelle le biopunk, la rencontre des technologies et de la vie qui rouvrirait des possibilités de libération et d’émancipation« .
« Le fait de pouvoir parler à la machine, pour qu’elle nous réponde, signifie que nous sommes entrés dans une anthropologie totalement humanisée, puisque le langage est propre à l’homme. Je pense donc que l’IA personnalisée va devenir quelque chose de fondamental, qui entraînera des conséquences psychologiques et sociologiques importantes, et auquel il faudra réfléchir.« .
Extraits sonores :
- Publicité pour Apple Vision Pro
- Archive de Jean Baudrillard du 5 mars 1986 dans l’émission Pendant la nuit sur France Culture
- Archive de Lionel Messi du 7 janvier 2019, match Barça vs Barcelone. Eibar
- Chanson de fin : Paranoid Android par Radiohead