Présidentielle américaine : s’il est réélu, Trump fait savoir aux chrétiens qu’ils n’auront « plus besoin » de voter
Le paradis sur terre, le miracle trumpien ? Le candidat républicain à la présidentielle Donald Trump a déclaré vendredi aux chrétiens que s’ils votaient pour lui en novembre prochain, « dans quatre ans, ils n’auront plus besoin de voter ».
Comme si l’élection présidentielle était un jeu qui allait sceller le sort, une fois pour toutes, des Etats-Unis ? Ou qu’il était le nouveau messie attendu par les chrétiens évangéliques ? Devant le groupe conservateur Turning Point Action, qui organisait une conférence à West Palm Beach, en Floride, Trump s’est enthousiasmé : « Chrétiens, sortez et votez, juste cette fois. Vous n’aurez plus à le faire. Dans quatre ans, vous savez quoi ? Tout sera réglé, tout ira bien, vous n’aurez plus à voter, mes chers chrétiens », a-t-il lancé, s’écartant d’un geste de la main qui semblait confirmer son idée d’un vote et c’est tout.
« Je vous aime, chrétiens. Je suis chrétien. Je vous aime, sortez, vous devez sortir et voter. Dans quatre ans, vous n’aurez plus à voter, nous aurons réglé le problème pour que vous n’ayez plus à voter », a poursuivi Trump. Les dirigeants de Turning Point Action sont connus ces dernières années pour dénoncer avec véhémence, mais sans aucune preuve, la fraude électorale « massive » qui a empêché Trump de gagner contre Biden en 2020.
« Installer une nation chrétienne », s’inquiète un avocat ?
Sa déclaration a suscité des inquiétudes. Pour l’avocat constitutionnel et des droits civiques Andrew Seidel, par exemple, « il ne s’agit pas d’un nationalisme chrétien subtil. Il parle de mettre fin à notre démocratie et d’installer une nation chrétienne ». L’actrice Morgan Fairchild a fait semblant d’être surprise sur X : « Mais… et si je voulais voter à nouveau ? On m’a toujours dit qu’on pouvait voter à nouveau ! C’est ça l’Amérique ». Et la chroniqueuse juridique de NBC Katie Phang a déclaré : « En d’autres termes, Trump ne quittera jamais la Maison Blanche s’il est réélu ».
Le porte-parole de la campagne de Donald Trump, Steven Cheung, n’a pas directement répondu aux questions des journalistes. Le candidat républicain « parlait d’unifier ce pays », alors qu’un « environnement politique conflictuel » a conduit à la tentative d’assassinat contre son champion il y a deux semaines, a-t-il déclaré.
Avant de mettre un terme à sa campagne de réélection le 21 juillet, Joe Biden a tenté à plusieurs reprises de présenter Trump comme une menace existentielle pour la démocratie américaine. Si Trump remporte un second mandat à la Maison Blanche, il ne pourra rester que quatre ans de plus, conformément au 22e amendement de la Constitution américaine, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels, consécutifs ou non.
En mai, lors d’un rassemblement de la National Rifle Association, Trump a plaisanté sur le fait d’avoir exercé plus de deux mandats présidentiels. Il a fait référence à la présidence de Franklin D. Roosevelt, un démocrate qui a été le seul président à avoir exercé plus de deux mandats, ce qui a conduit à la limitation. « Vous savez, FDR (Franklin Delano Roosevelt) 16 ans ! Presque 16 ans. Il a exercé quatre mandats. Je ne sais pas, est-ce que nous allons être considérés comme ayant exercé trois mandats ? Ou deux mandats ? », a demandé Trump à la foule de la NRA, qui a applaudi, ne comprenant probablement pas comment il comptait.
Les évangéliques anti-avortement soutiennent farouchement Trump
Jason Singer, porte-parole de la campagne de Kamala Harris, a qualifié le discours de Trump de « bizarre » et « démodé », sans s’attarder sur la précision selon laquelle les chrétiens n’auraient plus à voter. En 2016 comme en 2020, la républicaine a bénéficié du soutien fidèle des évangéliques, des chrétiens protestants qui ne manquent pas d’influencer la sphère politique.
Marié trois fois, accusé de plusieurs agressions sexuelles et condamné au civil pour fraude, Donald Trump n’a jamais montré beaucoup d’intérêt pour la messe, mais il fait régulièrement référence à la religion depuis son entrée en politique. Avec un intérêt accru pour cette campagne. Au printemps, une semaine avant Pâques, il s’était mis en scène dans une publicité pour vendre une Bible à 60 dollars contenant également des textes fondateurs de la nation américaine. Il conclut désormais presque chacun de ses meetings par un temps de recueillement spirituel, qui évoque l’« appel à l’autel », une pratique qui conclut certains offices chrétiens évangéliques, où les dévots s’avancent pour proclamer leur foi.
Les milieux évangéliques, sans être totalement dupes des principes moraux de leur candidat, estiment devoir à Trump la nomination d’une majorité conservatrice à la Cour suprême, qui a permis de révoquer l’arrêt Roe versus Wade reconnaissant la liberté des femmes à avorter. Les évangéliques constituent le plus grand mouvement religieux des États-Unis.