Vous venez de prendre les devants de la Chambre d’agriculture de Saône-Et-Loire, quels fichiers allez-vous suivre principalement?
«Mon premier sujet de préoccupation est la crise de la santé dans l’élevage avec la progression du FCO (fièvre ovine de catarrhale) et du MHE (maladie hémorragique épizootique). Une aide technique et humaine devra être fournie aux éleveurs. Notre rôle sera également d’apporter un soutien et des solutions aux autorités publiques en attendant que les troupeaux l’imaginent. »»
Comment pouvons-nous nous protéger de ces crises de santé?
«Nous ne devons pas mentir, toutes ces crises de santé sont l’un des résultats du changement climatique. Nous sommes sur des maladies «vectorielles» si appelées, liées aux moustiques. Avec l’augmentation des températures, ils progressent du sud au nord en apportant des vagues de nouvelles maladies. Il est donc nécessaire d’anticiper. Fin janvier, au ministère de l’Agriculture, il y avait des assises sanitaires. Vous devez tous les deux être en mesure de protéger les troupeaux, accompagner les éleveurs dans le moment T et l’arrivée de ces nouvelles maladies. »»
Le spectacle agricole a ouvert ses portes samedi, comment voyez-vous cette nouvelle édition? Est-ce que la colère agricole est descendue l’année dernière?
«La loi sur l’orientation agricole est sur le point d’être promulguée. Dans quelques semaines, depuis que les parlementaires ont statué sur le sujet, ils ont avancé le dossier. Cela demande depuis un an. Maintenant, il reste à voir. Est-ce que tout dans cette loi permettra et sera-t-il suffisant pour fournir des réponses structurant? Nous attendons du béton pour définir un cours rassurant pour les agriculteurs. Surtout, le spectacle agricole est une relation entre les producteurs et les consommateurs. C’est un salon qui permet à ce contact de réévaluer nos points communs. C’est donc un moment privilégié de maintenir cette relation. »»
Selon Insee et l’Agreste, la France pourrait augmenter en 2035 à 274 600 fermes, une baisse de 30% des fermes par rapport à 2020. Saône -t-Loire ne fait pas exception à ces statistiques. Comment restaurer les jeunes pour devenir agriculteurs?
«Les deux sujets discutés auparavant, à savoir la loi sur l’orientation agricole et la foire agricole, sont vraiment stratégiques. Le premier parce qu’en structurant les secteurs, cela devrait être en mesure de fournir des réponses: rassurer la possibilité d’émerger un revenu décent et de proposer des conditions d’exercice de la profession qui ne sont pas seulement administrées. Le second parce qu’il nous permet de présenter nos beaux métiers en agriculture. Pour donner envie aux jeunes générations de s’installer dans l’agriculture, ce n’est pas seulement au défaitisme. C’est à nous de montrer que nos professions agricoles sont attrayantes du point de vue de la vie quotidienne et du travail. Tout cela permet de faire souhaiter que les fils et les filles des agriculteurs souhaitent, mais aussi pour ceux qui ne viennent pas de l’environnement agricole. Nous avons un beau défi devant nous. Ce n’est peut-être plus un projet de vie, peut-être un projet de 20 ans, peut-être moins. Nous devons montrer la réalité de l’agriculture, en particulier en parlant de souveraineté alimentaire. Il est clair que les consommateurs veulent et ont besoin d’un régime local. »»
Les jeunes agriculteurs (JA) de Bourgogne-Franche-Comté ont récemment publié une lettre ouverte « pour exprimer (leur colère) face à une situation inacceptable » sur la lenteur de la région pour obtenir les fonds européens FADER. Que devrait-il être fait pour débloquer cette situation qui semble être embourbée?
«Les jeunes agriculteurs ont exprimé leurs préoccupations. Je peux vous dire que les régions de France ont demandé que la compétence de ces fichiers leur revienne. Nous, ce que nous revendiquons aujourd’hui, c’est que cette compétence est assumée, affirmée et efficace. Il est clair que le Conseil régional n’a pas nécessairement une efficacité de la gestion sur ces fichiers. Les agriculteurs ne peuvent pas constamment être la variable d’ajustement. Soit la région parvient à mettre en place une compétence efficace, soit vous devez trouver le bon niveau afin que cette compétence soit satisfaite. Il est clair qu’aujourd’hui, on ne peut que s’inquiéter. Nous espérons que le retard sera pris. Je salue le DDT (Direction départementale des territoires), les préfets et les chambres de l’agriculture qui ont été les facilitateurs. Il est provisoire, il doit se stabiliser d’une manière ou d’une autre. »»
L’autre sujet en colère est le loup. Qu’en penses-tu?
«Au cours des dernières semaines, nous avons pris position. Le législateur a décidé de réintroduire le loup. Nous n’avons pas à statuer sur la présence ou non d’un animal qui fait partie de la biodiversité, en revanche, nous exigeons une attaque zéro. Il ne s’agit pas des agriculteurs d’assumer des défenses supplémentaires, de mettre des clôtures impossibles à maintenir, d’avoir une charge de travail supplémentaire ou d’augmenter leur charge mentale pour s’assurer que leurs animaux ne sont pas en danger. Nous parlons souvent du bien-être animal. L’élevage a fait beaucoup d’efforts. Aujourd’hui, nos animaux sont livrés dans des pâturages. Que ceux qui souhaitent la présence du loup dans nos territoires assument la charge complète. La solution peut ne pas encore être trouvée, mais ce n’est pas aux éleveurs de l’assumer. »»
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