Santé

pesticides détectés dans l’air de La Rochelle


Des pesticides ont été retrouvés dans l’air dans le centre de La Rochelle, à deux pas de vastes plaines céréalières, des résultats qui inquiètent les élus locaux, alors même qu’il n’existe aucune réglementation sur le sujet et donc aucun seuil de vigilance.

La pollution aux pesticides est un sujet brûlant depuis le lancement en 2018 d’une alerte sanitaire par le centre hospitalier de Poitiers pour signaler le nombre élevé de patients – une cinquantaine d’adultes et plusieurs enfants – atteints de maladies du sang et de cancers à Saint-Rogatien, commune de 2.200 habitants près de La Rochelle.

L’année suivante, l’observatoire de la qualité de l’air de Nouvelle-Aquitaine (Atmo) réalise de premiers prélèvements d’air dans la plaine de l’Aunis, à la demande de l’agglomération rochelaise.

Charente-Maritime : des pesticides détectés dans l'air de La Rochelle

La nouvelle étude, réalisée du 9 octobre au 26 décembre 2023, est la première à inclure des échantillons prélevés en zone urbaine.

Ses résultats publiés début juillet montrent que la concentration hebdomadaire moyenne de pesticides dans l’air pourrait atteindre « 3,9 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) d’air pour les herbicides » place de Verdun, au cœur de la ville, à 1,9 km de la première parcelle agricole.

Ces taux sont environ trois fois plus élevés à Montroy (13,2 ng/m3) et Saint-Christophe (11,8 ng/m3), les deux autres sites de prélèvement situés en zone rurale, respectivement à 15 et 20 km à l’est de La Rochelle.

Des produits « très volatil »

Cette différence de niveau suggère « un transfert de molécules par l’air depuis les zones agricoles vers cette zone urbaine »selon l’étude.

« Cela prouve scientifiquement que ces produits sont très volatils et qu’on les retrouve loin de la zone où ils sont répandus. »estime Marc Maigné, médecin et élu délégué à la politique de santé environnementale de l’agglomération rochelaise.

Onze molécules ont été trouvées parmi les 109 recherchées : un fongicide, sept herbicides et trois insecticides.

Quatre d’entre eux sont interdits d’utilisation agricole, notamment le lindane, un insecticide interdit depuis 1998 mais utilisé « dans le traitement du bois de construction jusqu’en 2006 » et qui est persistant dans les sols au point d’être « quantifié sur presque tous les échantillons »selon Atmo Nouvelle-Aquitaine.

Les principales molécules retrouvées sont le prosulfocarbe, utilisé essentiellement à l’automne comme herbicide sur les céréales d’hiver, et la pendiméthaline, un herbicide à large spectre épandu sur les céréales, le colza, le maïs, la vigne et les vergers.

« À l’automne 2021, nous avons mesuré une concentration nationale record de prosulfocarbe avec une valeur de concentration maximale de 265 ng/m3 sur une semaine. » à Montroy, rappelle Florie Francony, ingénieure de recherche en charge de la qualité de l’air chez Atmo Nouvelle Aquitaine.

Tendance à la baisse

Mais « La présence de pesticides dans l’air n’est pas réglementée, souligne-t-elle. Il n’y a donc pas de seuil. »comme c’est le cas pour la présence de pesticides dans l’eau.

« Nous ne pouvons donc pas dire si c’est beaucoup ou pas. Nous pouvons seulement comparer avec d’autres sites. »comme celui près d’Angoulême, dans une zone de « grande culture et viticulture »Ou « Nous avons constaté des taux plus faibles qu’à Montroy, où se concentre une plus grande concentration de cultures céréalières »elle dit.

Cependant à Montroy, « Les concentrations de prosulfocarbe ont diminué de manière significative depuis le début des mesures sur ce site en 2019 »surtout l’année dernière, « notamment en raison de conditions climatiques peu propices à l’utilisation de pesticides » avec un automne très pluvieux, souligne l’observatoire.

M. Maigné ne veut pas  » satisfaire «  de cette baisse. « Cela reste préoccupant. C’est une pollution qui s’ajoute à d’autres pollutions, le trafic automobile, les particules fines, etc. », souligne l’élu.

Bien qu’il n’établisse aucun parallèle avec le taux anormalement élevé de cancers locaux pédiatriques, car il soupçonne un effet cocktail, il estime qu’il « Il faut augmenter la fréquence de ces études et porter ces chiffres au niveau national ».

New Grb1

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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