Après trois ans de guerre, de plus en plus de réfugiés ukrainiens en France choisissent de demander l’asile afin de s’y installer en permanence. La protection temporaire, un mécanisme de l’Union européenne (UE) qui a été prolongée jusqu’en mars 2026, n’est pas suffisante. Ce système offre en effet un statut plus précaire que l’asile et pas très adapté aux réfugiés qui aspirent à une nouvelle vie dans le pays qui les accueille. La protection temporaire ne permet pas, par exemple, de passer le permis de conduire.
« L’Ukraine aura besoin du retour des réfugiés »
Les Ukrainiens, dont la demande d’asile a été quadruplée en 2024, représente désormais la première nationalité parmi les demandeurs d’asile, devant les Afghans. Plus de 13 000 Ukrainiens ont demandé la protection de la France. La plupart sont des femmes bénéficiaires de la protection temporaire. Il y a aussi des Ukrainiens qui refusent de s’être enrôlés dans l’armée et d’autres qui disent être persécutés en raison de sympathies pro-russes. Les Ukrainiens bénéficient d’un taux de protection très élevé, qui a atteint 86% en 2023.
« Si les demandes d’asile augmentent, c’est probablement que certains Ukrainiens veulent rester, mais aussi parce que la protection temporaire, qui n’est pas prévue pour durer, ouvre moins de droits », commente le sénateur de Nièvre Nadia Sollogoub, présidente du groupe d’amitié France-Ukraine du Sénat. « Certains Ukrainiens perçoivent un écart entre un discours très accueillant et une réalité beaucoup plus complexe », ajoute l’élu, qui s’inquiète des conséquences de cet afflux sur les services déjà surchargés.
«Il est également très préjudiciable à l’Ukraine, qui aura besoin du retour de ses personnes exilées au moment de la reconstruction. L’esprit de protection temporaire n’était pas de pousser ses bénéficiaires aux demandes d’asile », souligne Nadia Sollogoub.
Un appareil qui subit des échecs
À la fin de 2024, la France était le pays de l’Union européenne accueillant les moindres réfugiés ukrainiens proportionnellement à sa population avec 58 530 bénéficiaires de protection temporaire. Ils étaient 30 fois plus nombreux en République tchèque ou en Pologne et 15 fois plus en Allemagne, ce qui compte plus d’un million.
La France n’est pas dépassée mais son système de réception est en cas de défaillance. Les Ukrainiens pourraient se retrouver dans la rue en raison d’une forte baisse du financement dans le budget de 2025, des associations d’alerte qui n’ont obtenu que 10 millions d’euros, tandis que les besoins sont estimés à 30 millions d’euros.