Chaque jour, une personnalité s’invite dans le monde d’Élodie Suigo. Lundi 24 février 2025: le joueur de tennis, Isabelle Demongeot. Elle republie son livre « Stolen Service – du silence brisé à la réhabilitation, 17 ans après » Auditions Les Sportifs.
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Entre 1983 et 1996, la joueuse de tennis Isabelle Demongeot a marqué l’histoire du tennis français par son jeu et son double avec Nathalie Tauziat, ses plus belles années avec pas moins de neuf titres. En 2007, elle est revenue sur le devant de la scène pour dénoncer ce qui avait une bombe dans le monde du tennis, les viols qu’elle a subis par son entraîneur Régis de Camaret et dont elle a été la principale victime de son 13e anniversaire à son 21e anniversaire. Une enquête judiciaire a suivi et 25 victimes ont été identifiées grâce à cela. Le Régis de Camaret a été condamné à dix ans de prison pour les viols de deux résidents mineurs. Le drame de cette histoire est que pour elle, ces faits ont été prescrits. Le livre a été adapté en 2021 sur TF1 à Telefilm et aujourd’hui il republie Service volé Dans une version accrue, avec une partie entière sur la réhabilitation par la Fédération française de tennis qui lui a offert un contrat jusqu’en 2027.
Franceinfo: Cette réhabilitation, finalement, ne l’attendait plus?
Isabelle Demongeot: Il a fallu beaucoup de temps pour venir, il a fallu un certain nombre de mesures difficiles. Je pense qu’il est nécessaire d’accepter ces années parce que vous devez vous rapporter aux humains. Il faut dire qu’un jour il peut tourner et que nous pouvons également rencontrer les bonnes personnes.
« J’ai toujours eu l’âme d’un sportif de haut niveau qui m’a permis de toujours aller de l’avant et d’essayer de trouver des solutions à ces violences. »
Isabelle Demongeoten Franceinfo
Lorsque vous vous sentez soutenu par toutes ces victimes, vous le vivez toujours différemment. Mais tout cela est très long. Cela a pris beaucoup de temps, mais le reste aujourd’hui est plus heureux.
Lorsque vous publiez le livre, vous avez été banni par la Fédération française de tennis. Vous dites aux viols que nous découvrons pour la première fois en 2007. C’est insupportable. Cela s’est produit avant les matchs, avant l’entraînement, par la suite, tout était un prétexte, même sur les autoroutes.
Oui, c’est difficile. Il y en a un que je n’oublierai jamais … parfois je passe quelque part et je me dis: oh là, je ne me suis pas souvenu que c’était là, mais c’est très rare. Cela m’est arrivé plusieurs fois, c’est donc là que nous pensons que nous pouvons aussi guérir, mais nécessairement, pour moi, la relation amoureuse ne pouvait pas exister car c’était un acte barbare qui était court.
Vous expliquez que c’est pourquoi vous vous êtes tourné vers les femmes, pour obtenir la douceur parce que le contact avec un homme était impossible.
J’ai essayé l’expérience et il est vrai que, malheureusement, je ne me suis pas vu construire une vie avec un homme si je ne pouvais pas avoir des relations sexuellement. Et il est vrai que j’ai découvert ce que c’était avec une femme. Après avoir été sous l’influence de cet entraîneur, j’ai toujours été avec des gens qui avaient une forme d’adhérence sur moi, que je me sentais plus fort que moi, que je me sentais plus solide, qui voulait m’aider, ce qui m’a donné la douceur mais qui, qui, En même temps, j’ai toujours eu une forme de: « Tu ne sais pas, je vais te répondre, je vais faire ça«Et il y avait toujours une notion de contrôle.
« J’ai réussi à passer cette étape et à avoir une relation longtemps après. Nous avons eu une petite fille nommée Chloé et je n’aurais jamais pensé que cela se produirait un jour, c’est le grand bonheur de ma vie. »
Isabelle Demongeoten Franceinfo
Pour comprendre à quel point c’était vraiment un scandale que nous ne vous écoutons pas, je vais juste lire un extrait: « Mes parents ont dit que Régis de Camaret avait fait des efforts en nous donnant des heures pour nous entraîner. Il n’y avait qu’une seule chambre d’hôtel louée pour lui, l’autre joueur et moi. Et je me suis retrouvé seul dans la pièce avec lui. Je dors profondément et je suis éveillé par une main qui glisse dans ma culotte. Je ne peux pas réagir. Je ne comprends pas ce qui se passe. Le corps d’un enfant devant un corps adulte. Il a 38 ou 40 ans, je ne dors pas beaucoup et le lendemain, je gagne pour la première fois. Puis il me viole. Une main, une tête, une langue, une moustache. C’est répugnant. Mais je suis silencieux. J’ai tellement gagné. Je me suis dit que sans lui, je ne serais rien. Il s’était rendu essentiel à ma vie« . Départ, vous avez 13 ans. Personne n’a compris à cet âge, nous n’avions pas les armes et le courage de dire non, de vous défendre et de parler.
Oui, c’est évident, c’est le corps d’un enfant. Et il est vrai que ce qui était très frappant, c’est que les victoires l’ont rendu essentiel. C’était le Dieu. Et j’avoue que cette fois était magnifique. Nous étions les deux meilleures femmes françaises. Et puis j’avais mes parents qui étaient fiers, c’était incroyable!
Pouvons-nous pardonner?
Je n’en suis pas loin. Oui, je suis là. J’aime comprendre d’où nous venons et le cours que nous pourrions avoir et où nous sommes allés. Il a eu une enfance parmi les jésuites, il a peut-être aussi souffert de ce genre de chose quand il était enfant et qu’il y a certainement des répercussions. Alors aujourd’hui, ça ne me touche plus. Il ne me touche plus. Ce n’est plus mon partenaire sur la route, Nathalie Tauziat, dont je m’attendais un jour un jour, elle fait peut-être son mea culpa. C’est un peu ce que j’attends. Mais sinon sur Camaret, pour moi, son «pardon» des fondations fait du bien.