Questions sur l’arrestation de deux dirigeants du cartel mexicain de Sinaloa aux États-Unis
Un épais mystère entoure encore l’arrestation, jeudi 25 juillet, aux Etats-Unis, de deux importants dirigeants du cartel de Sinaloa, la plus puissante organisation criminelle mexicaine. Selon la ministre mexicaine de l’Intérieur, Rosa Icela Rodriguez, interrogée vendredi, les « narcos » Ismael Zambada Garcia, alias « El Mayo », cofondateur du cartel, et Joaquin Guzman Lopez, l’un des cinq fils de Joaquin Guzman Loera, alias « El Chapo », seraient montés jeudi matin à bord d’un avion privé en provenance de l’Etat de Sonora, avant d’atterrir à l’aéroport de la ville d’El Paso, au Texas, où ils ont été arrêtés.
La ministre a déclaré qu’elle ne savait pas si les deux dirigeants avaient été capturés ou s’ils s’étaient rendus de leur plein gré à l’Agence américaine de lutte contre la drogue (DEA). « L’ambassade des États-Unis au Mexique nous a informés de leur arrestation, mais nous n’avons pas participé à cette opération et nous n’avons aucun détail sur son déroulement. »a expliqué le ministre, lors de la conférence de presse quotidienne du chef de l’État, Andrés Manuel Lopez Obrador. Ce dernier a demandé au gouvernement américain « un rapport complet ; il doit y avoir des informations, il doit y avoir de la transparence. » Il a reconnu que ces arrestations « Cela représente une avancée importante dans la lutte contre le trafic de drogue. » Le président Joe Biden a pour sa part félicité » (son) agents de cette lutte acharnée contre le cartel de Sinaloa », sans parler du Mexique.
Selon des médias américains citant des sources policières, Joaquin Guzman Lopez, le fils du célèbre chef du cartel « El Chapo », aurait convaincu « El Mayo » de monter à bord d’un avion censé être destiné au sud du Mexique, alors qu’il se dirigeait en réalité vers les Etats-Unis. Cet épisode intervient après des années de contacts discrets entre M. Guzman Lopez et une équipe d’officiers du FBI et du département de la Sécurité intérieure, selon la presse américaine.
« Aucune balle n’a été tirée »
Au Mexique, la capitulation de « Mayo » est une hypothèse prise au sérieux par les spécialistes du narcotrafic, alors que le leader n’a jamais connu la prison à 76 ans, après soixante ans de carrière criminelle. Ismael Zambada avait accordé une interview en 2010 à Julio Scherer, alors directeur du magazine mexicain Processusdans lequel il raconte ses débuts, à 16 ans, dans le cartel de Guadalajara avant de fonder, avec « El Chapo », celui de Sinaloa.
Contrairement à d’autres capos mexicains, « El Mayo » s’est toujours montré très discret, préférant les ranchs simplistes des montagnes de Sinaloa au luxe ostentatoire des villas des stations balnéaires. Si « El Chapo » a été repéré et arrêté une troisième fois en 2016 – il s’était évadé deux fois – à cause des messages qu’il avait envoyés à l’actrice Kate del Castillo, « El Mayo » n’a jamais cherché à attirer la moindre lumière sur lui et sa famille. Extradé vers les États-Unis, « El Chapo » a été condamné à la prison à vie en 2019.
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