« Une question de dignité »
La Croix : Le collectif Ensemble Contre la Traite des Êtres Humains rejoint la campagne de sensibilisation « C’est une pénalité »qui dénonce le trafic. Cette campagne, soutenue par des sportifs comme Usain Bolt, est affichée dans les stations de la région parisienne pendant les Jeux Olympiques. Cet événement est-il le moment d’une intensification du trafic d’êtres humains ?
Geneviève Colas : Les Jeux olympiques rassemblent un très grand nombre de personnes et sont donc un lieu où les exploiteurs peuvent particulièrement cibler les personnes vulnérables. Lors de ces grands événements, les organisations criminelles sont tentées de recruter massivement de nouvelles victimes. Le trafic peut prendre plusieurs formes : exploitation sexuelle, exploitation dans le but de commettre des délits, exploitation au travail (comme lors de la Coupe du monde au Qatar en 2022), mendicité forcée, etc.
Les Jeux Olympiques se déroulant en France, nous nous attaquons spécifiquement à cette problématique. Cette campagne de sensibilisation nous permet d’assurer la visibilité de la problématique de la traite. Mais notre travail ne s’arrête pas là : nous tentons également d’assurer un accompagnement des victimes pendant et après les Jeux.
Créé par Catholic Relief Services, le Collectif Ensemble Contre la Traitedont vous êtes le coordinateur, regroupe 28 associations. Comment le Secours Catholique est-il devenu central dans le mouvement contre la traite ?
CG: Le Secours Catholique est impliqué depuis plus de vingt-cinq ans dans des projets internationaux, notamment en Europe de l’Est, pour venir en aide aux victimes d’exploitation et de traite. Alors que nous travaillions avec le Conseil de l’Europe pour rédiger sa convention sur la traite, nos partenaires nous ont demandé comment nous abordions le problème en France. Pour nous, il n’existait que dans d’autres pays : cela nous a ouvert les yeux.
En réponse, j’ai créé en 2007 le collectif Ensemble contre la traite, que je coordonne toujours pour le Secours Catholique. La réalité de la traite en 2007 était très cachée en France. Il nous a fallu du temps pour comprendre qu’elle se développait aussi sur notre sol. Nous avons ajouté de plus en plus d’associations sensibles à cette cause au sein du collectif, le plus souvent axées sur la protection d’un public vulnérable.
En quoi la lutte contre la traite des êtres humains est-elle un défi que les chrétiens doivent relever ?
CG: Nous sommes particulièrement concernés en tant que chrétiens car la traite est une question de dignité humaine. La dignité des personnes doit être une condition première de toute action. Le Secours Catholique fait partie du réseau mondial Coatnet (Christian Organisations Against Trafficking Network) qui nous permet de coordonner nos actions avec celles d’autres associations chrétiennes engagées dans la lutte contre la traite au niveau international.
Il est important d’être présent à différentes échelles géographiques, et toutes les associations du réseau partagent des valeurs communes de respect et de promotion de la dignité humaine. Coatnet nous permet de suivre l’accompagnement apporté aux victimes, notamment au niveau international.
Bien sûr, nous voulons travailler avec tout le monde, y compris les non-chrétiens. Nous croyons en la dignité humaine en tant que citoyens et surtout en tant que chrétiens. Nous travaillons avec des organisations internationales non confessionnelles. Nous voulons mobiliser les décideurs politiques pour que la dignité humaine soit la priorité.
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