« La plus belle et la plus effrayante du monde », la vague de Teahupo’o vue par les surfeurs de l’équipe de France
Les épreuves de surf auront lieu à partir de samedi à Tahiti. Parmi les quatre Français qualifiés, deux sont Polynésiens et connaissent parfaitement cette vague mythique, redoutée pour sa puissance.
Publié
Temps de lecture : 3 min
Deux mètres et demi à trois mètres de haut, une houle de sud-sud-ouest, une vague toutes les quinze secondes… La Française Vahine Fierro a une idée très précise des conditions de rêve pour les épreuves olympiques de surf, qui débutent samedi 27 juillet à Tahiti. Les 48 meilleurs surfeurs de la planète, hommes et femmes confondus, se retrouveront à 400 mètres au large du village de Teahupo’o, sur une vague au plan d’eau aussi connue que redoutée.
« C’est la plus belle vague du monde, là où il y a les plus beaux tubes. Mais c’est aussi celle qui fait le plus peur au monde décoller (passage de la position couchée à la position debout)« , résume Joan Duru, capitaine de l’équipe de France de surf et décrite comme « l’un des meilleurs surfeurs sur tube au monde » par le manager des Bleus, Jérémy Florès. Située dans un endroit paradisiaque, face à des montagnes luxuriantes, la vague de Teahupo’o, d’un bleu translucide, se brise sur une barrière de corail et non sur du sable.
« C’est une vague parfaite car, contrairement aux vagues de plage, elle déferle toujours au même endroit. Il n’y a pas de perturbations liées aux courants, aux marées », représente Vahine Fierro, qui a remporté cette année le Tahiti Pro sur ce plan d’eau. Avec très peu de profondeur, « moins d’un mètre » Selon l’agence de presse locale, chaque chute peut entraîner de graves contusions. « Je dis que c’est la belle et la bête. La vague est incroyablement puissante, avec beaucoup d’eau. Vous pouvez toucher le récif, passer beaucoup de temps sous l’eau, mais aussi surfer la meilleure vague de votre vie. Il faut de la confiance, du courage, connaître ses limites et rester humble », conseille le surfeur de 24 ans, originaire de l’île voisine de Huahine.
A Teahupo’o, la vague peut rester mesurée, ou prendre des proportions impressionnantes, au-delà de sept mètres. « Nous venons de vivre un mois avec des vagues de quatre mètres par jour », « Je suis très contente de voir les vagues, je suis très contente », sourit fin juin Kauli Vaast, qui rêve de conditions proches des Jeux Olympiques. Le Tahitien de 22 ans a découvert cette vague mythique à l’âge de 8 ans, aux côtés de son père.
« Depuis tout petit, on nous a « matricés ». On voyait Teahupo’o comme une vague effrayante, la plus dangereuse. Quand je suis arrivé avec mon père, elle était toute petite. Il m’a dit d’arrêter d’avoir peur et d’y aller. Depuis, je suis accro. »
Kauli Vaast, surfeur de l’équipe de Francelors d’une conférence de presse
À l’inverse, Vahine Fierro a mis du temps à l’apprivoiser. Kauli Vaast, chez qui elle vivait le week-end après avoir passé la semaine à l’internat de son lycée à Tahiti, l’a poussée à affronter sa peur. « À 15 années, Kauli m’a emmené à une compétition locale à Teahupo’o. Je n’ai pas attrapé une vague, elle a ri. Deux ans plus tard, j’en avais assez de toujours l’attendre sur le bateau, alors je me suis mise à l’eau. C’était tout petit, mais dans ma tête, j’étais traumatisée par les images que j’avais vues. »
Il aura fallu attendre ses 20 ans et l’une de ses apparitions dans Teahupo’o, élu « plus beau tube féminin de l’année » par le magazine américain Surfantpour que Vahiné Fierro ait « le déclencheur » et ne plus être obligé de « se forcer » pour commencer« J’étais plus mature et je voyais cela comme un défi », analyse la surfeuse polynésienne, qui accepte de donner quelques conseils de sécurité à ses concurrents, mais garde pour elle les secrets qu’elle a appris sur cette vague, avec laquelle elle dit être « connecté ».
francetvinfo