Aux États-Unis, une vidéo montre la mort de Sonya Massey, une femme noire tuée chez elle par un policier blanc – Libération
La scène se déroule le 6 juillet à Springfield, dans l’Illinois, aux États-Unis. Deux policiers se trouvent au domicile d’une femme noire vêtue de blanc, qui les a appelés car elle soupçonne un voleur de se trouver à proximité. L’un des hommes ordonne à la femme de se lever pour éteindre le feu sous une casserole. Elle obtempère, s’empare de la casserole, semble plaisanter avec ses interlocuteurs et murmure : « Je vais vous faire une faveur. »Je te renonce au nom de Jésus.” «Tu ferais mieux de ne pas le faire ou je jure devant Dieu que je te tire une balle dans la gueule.« , rétorque un policier, qui sort son arme et la pointe sur la femme. L’autre s’excuse, se baisse et soulève la casserole comme pour se protéger. L’homme tire, à plusieurs reprises, bien que la femme soit à plusieurs mètres de lui et ne semble pas menaçante.
Ces images proviennent d’un enregistrement vidéo de trente-six minutes diffusé ce lundi 22 juillet par la police fédérale de l’Illinois grâce aux caméras frontales portées par les agents le jour du drame. Elles apportent un nouvel éclairage sur la mort de Sonya Massey, 36 ans, dans une nouvelle affaire de violences policières qui rappelle la précédente Breonna Taylor – une femme noire de 26 ans tuée par la police à Louisville (Kentucky), chez elle, alors qu’elle dormait, en mars 2020. Sean Grayson, l’auteur de la fusillade contre Sonya Massey, a été inculpé la semaine dernière de meurtre et de faute professionnelle.
« Elle avait besoin d’un coup de main, pas d’une balle dans la tête »
Adjoint du shérif du comté de Sangamon, l’officier de 30 ans a plaidé non coupable mais sa demande de mise en liberté sous caution a été refusée. Le 17 juillet, le procureur du comté a reconnu que l’examen de l’enquête de la police fédérale « ne nous permet pas de conclure que (…) l’usage de la force Grayson était justifié« . « Mec, je ne vais pas prendre de l’eau bouillante dans ma putain de tête« , entend-on l’agent dire à son collègue dans la vidéo, peu après la fusillade. Puis, en sortant de l’appartement, il s’adresse aux autres agents postés à l’extérieur, les rassurant : « Ouais, je vais bien, cette putain de garce est folle.»
Lundi soir, un rassemblement en hommage à Sonya Massey a rassemblé plusieurs centaines de personnes à Springfield, alors que les critiques publiques contre l’intervention policière se multiplient. Ben Crump, l’avocat de la famille de la défunte, et auparavant d’autres proches de victimes de violences policières aux Etats-Unis, comme celles de George Floyd, a expliqué lors d’une conférence de presse que Sonya Massey avait des problèmes de santé mentale mais qu’elle n’avait pas été agressive avec la police.Elle avait besoin d’un coup de main, pas d’une balle dans la tête. » a-t-il déploré. Le président Joe Biden lui-même s’est intéressé à l’affaire lundi, affirmant que la famille de la femme de 36 ans « mérite justice« . « Mon cœur se brise pour ses enfants et toute sa famille alors qu’ils doivent faire face à cette perte impensable et insensée. » a-t-il ajouté dans un communiqué.