Propositions de réformes pour lutter contre la crise du logement
« L’accès au logement est l’un des sujets sur lesquels on m’a le plus interrogé pendant la campagne législative »« Nous sommes très inquiets de la situation actuelle, souligne la députée du Finistère Annaïg Le Meur (Renaissance), qui se mobilise pour faire avancer ce dossier. Récemment réélue à l’Assemblée nationale, elle entend relancer la proposition de loi transpartisan qu’elle avait portée avec Inaki Echaniz (Parti socialiste, Pyrénées-Atlantiques), afin de renforcer la régulation du marché des meublés touristiques de type Airbnb. » « Les députés et les sénateurs l’avaient voté. Il suffit apparemment de convoquer à nouveau la commission mixte paritaire, qui n’avait pu se réunir en raison de la dissolution, pour que le texte soit définitivement adopté. »elle explique.
La députée a également présenté ses propositions de réforme de la fiscalité locative, commandée par Matignon, avec un double objectif : encourager la location longue durée et assurer une offre de logements privés abordables et de qualité.
Le rapport d’une centaine de pages, publié lundi 15 juillet, commence par un tour d’horizon éloquent. La France est le seul pays d’Europe à taxer différemment les locations vides et les locations meublées (qui peuvent être saisonnières ou de longue durée), favorisant fortement ces dernières. Le propriétaire d’un bien vide percevant au maximum 15 000 euros de loyer par an peut bénéficier d’une réduction de 30 % – c’est-à-dire qu’il paiera des impôts sur les 70 % restants. Les conditions sont beaucoup plus favorables pour les biens meublés (régime des micro-profits industriels et commerciaux, BIC) : pour les locations de longue durée, les revenus jusqu’à 77 700 euros sont éligibles à une réduction de 50 % ; s’il s’agit d’un meublé de tourisme classé, il peut empocher jusqu’à 188 700 euros de loyer, avec une réduction atteignant 71 %.
L’offre de logements meublés augmente
Les différences sont encore plus marquées si l’on déclare en termes réels. Grâce au régime BIC, les loueurs meublés non professionnels peuvent déduire de leurs revenus locatifs leurs charges et amortissements, qui consistent à étaler le coût d’acquisition d’un bien sur sa durée d’utilisation. Cela permet à 70 % d’entre eux de ne payer aucun impôt sur ces revenus. A cela s’ajoute « une incohérence fiscale et comptable majeure » :lors de la revente du bien, ils n’auront pas à réintégrer leur amortissement dans le calcul de la plus-value, ce qui réduira les impôts à payer à l’Etat.
Ces différences sont le résultat d’un héritage historique. « qui apparaît aujourd’hui sans aucune justification »écrit Annaïg Le Meur. Mais ils ont un impact sur le marché locatif. L’offre de logements meublés à l’année, avec des loyers 10 à 20 % plus chers que ceux des logements équivalents non meublés et des baux limités à douze mois, a ainsi progressé plus vite que la demande. Ils représentent désormais 30 % du parc parisien, et même 60 % des annonces si vous recherchez un T2.
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