On a beaucoup ri mais pas seulement au Festival du Film Comédie de l’Alpe d’Huez mais pas que… Si c’est la charmante comédie romantique Avignon de Johann Dionnet qui a remporté le Grand Prix du jury présidé par Elsa Zylberstein, des films aux thématiques plus sérieuses ont interrogé les festivaliers.
Le triomphe au box-office deUn petit quelque chose en plus et de En fanfare confirme que les spectateurs ne recherchent plus une comédie « prout avec les aisselles » mais des œuvres qui se moquent intelligemment du monde d’aujourd’hui. « Si les spectateurs veulent s’amuser, ils veulent aussi qu’on les prenne au sérieux », confie l’actrice Valérie Bonneton à 20 minutes. La sincérité deUn petit quelque chose en plus explique en partie son succès mérité et ouvre la porte à d’autres cinéastes. »
Des sujets sérieux traités avec humour
Valérie Bonneton et Michèle Laroque ont pris ce virage avec Meilleurs joursune comédie où ils incarnent des personnages brisés qui tentent de se désintoxiquer dans un centre pour femmes alcooliques. « Le prisme de l’humour est une bonne manière d’envisager les phénomènes de société. Un petit quelque chose en plus a ouvert la discussion sur le handicap comme nous espérons le faire sur l’alcoolisme féminin avec Meilleurs jours », déclare Michèle Laroque.
Même son de cloche du côté du cinéaste Michel Leclerc, qui a remporté un prix d’interprétation pour Benjamin Lavernhe pour Le mélange des genres. « J’ai toujours placé mes comédies dans un contexte politique », dit-il. Ce qui m’intéresse, c’est de lancer la discussion. » Ce que fera certainement son film, qui aborde des sujets comme la masculinité toxique et les violences faites aux femmes autour d’une organisation féministe et d’une policière qui l’a infiltrée.
Soyez sincère avant tout
Cette tendance est confirmée par l’excellent Nous irons d’Enya Baroux qui a remporté un double prix d’interprétation féminine pour Hélène Vincent et la toute jeune Juliette Gasquet. « Parler du suicide assisté dans une comédie n’a pas rendu mon film facile à réaliser, explique le jeune cinéaste. J’espère que le triomphe queUn petit quelque chose en plus rendra les producteurs moins hésitants à aborder des thèmes importants qui touchent les spectateurs. Il est désormais clair qu’il y a un public pour eux. » Les discussions allaient bon train après la projection de cette histoire familiale aussi bouleversante que sérieuse.
« Des films comme Un petit quelque chose en plus Et Intouchables ont en commun la capacité de réunir plusieurs générations au cinéma et de les faire parler après la projection, analyse le comédien Melvil Poupaud. Ils ouvrent les esprits sans les brusquer en les faisant rire. » Il est venu présenter Règles de l’art de Dominique Baumard, thriller amusant autour d’un vol de tableau, couronné d’un Prix du Jury. Le court métrage primé, Doigts d’or de Chryssa Florou, où un jeune homme se fait aider par des amis pour répéter son coming out, confirme cette nouvelle tendance. Tout comme Le dérapage d’Arélien Laplace, court métrage hilarant qui moque le traitement de la politique dans les médias et les conséquences qui peuvent en découler.
« On peut rire de tout à condition d’être sincère », déclare Franck Dubosc venu à l’Alpe d’Huez célébrer le succès de sa comédie noire. Un ours dans le Jura. Le mot « sincérité » revient souvent dans la bouche des artistes qui estiment qu’il fait toute la différence, un constat que l’excellente sélection du Festival de l’Alpe d’Huez a démontré par l’exemple.