« A-t-elle fini de barboter ? » Entre amusement et étonnement, les badauds ont suivi la nage d’Anne Hidalgo dans la Seine
Trente-six ans après la promesse de Jacques Chirac, la maire de Paris Anne Hidalgo s’est baignée mercredi dans la Seine, neuf jours avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques.
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Trois bateaux avec caméras de la presse française et américaine, plusieurs dizaines de journalistes accrédités dans le périmètre de sécurité à quai et au moins autant à l’extérieur… Si l’engagement devait être honoré pendant plus de six mois, les dispositions autour de la nage d’Anne Hidalgo dans la Seine, mercredi 17 juillet, ont vite semblé excessives lorsque la maire de Paris est sortie de l’eau au bout de quatre minutes, montre en main, peu avant 10 heures
A neuf jours des Jeux olympiques, le maire a parcouru, en combinaison de plongée, la centaine de mètres qui séparait une plateforme, installée pour l’occasion au niveau du quai des Célestins, dans le IVe arrondissement de la capitale, d’un ponton construit sur le Bras Marie du fleuve. Une promesse tenue sous le soleil, malgré les reports successifs liés au débit de la Seine, puis aux législatives, en compagnie de Tony Estanguet, président du comité d’organisation de Paris 2024, et du préfet de la région Ile-de-France, Marc Guillaume.
Mais on reviendra à parler de plongeon. Parmi les officiels, seul l’adjoint aux sports à la mairie, Pierre Rabadan, s’est risqué à franchir le pas. Le reste de la troupe a opté pour une entrée plus classique par l’échelle. De quoi décevoir les badauds, qui se sont rabattus sur le crawl maîtrisé de l’élu socialiste pour se muer en juges, comme aux JO. « Et bien, si elle a été si rapide, c’est aussi parce qu’elle nageait avec le courant ! Les bons nageurs derrière elle font du surplace quand ils reculent. »note Xavier en désignant la trentaine d’autres baigneurs invités jouant avec un ballon de water-polo.
« J’habite à proximité alors je suis venu voirexplique Jessica, une jeune américaine qui vient de commencer à travailler en France. J’ai toujours l’impression que tout est très orchestré. Je ne crois pas que ça me donne envie de me lancer. « C’est vraiment une occasion de faire un spectacle : ‘regardez ce qu’on a fait, ce dont on est capable' »rejoint Alban, 21 ans. Il hausse les sourcils lorsque son ami Emile, plus joyeux et qui l’a traîné mercredi sur les quais de la Seine, reconnaît qu’il s’agit d’un engin « un peu contradictoire avec la simplicité de l’idée de nager ».
L’instant, moins « ridicule » tout comme le lapsus de la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, quatre jours plus tôt sous le pont des Invalides, a évidemment un enjeu politique fort. « Ils attendent un hoquet »plaisante Christophe, chauffeur pour la télévision japonaise, en désignant ses clients. « En vérité, il n’y a rien d’exceptionnel dans cette petite baignade, tout se passe bien, d’autant plus qu’il y a toute la sécurité autour », ajoute cet habitué des « ploufs » dans la Seine en amont de Paris.
La police municipale et le personnel de sécurité de la mairie veillaient à ce qu’il n’y ait pas « pas de bannière » ou autre message politique affiché depuis le pont Sully avant de se baigner dans une eau à environ 20°C.Je pense à Jacques Chirac aujourd’hui, je crois qu’il avait vraiment envie de se baigner dans la Seine. (il a fait une promesse en 1988 alors qu’il était maire de Paris, sans la tenir) et tu vois, parfois ça prend un peu de temps »se réjouit Anne Hidalgo en s’essuyant.
« Ah, elle a fini de pagayer ? »s’interroge Mélanie au même moment sur la rive opposée, où s’était rassemblée une foule plus nombreuse de photographes que de passants.Je n’ai rien vu du tout et je ne comprends pas pourquoi ils ont interdit l’accès à la plateforme. Anne Hidalgo voulait faire de la publicité, c’est raté car il n’y a qu’un petit nombre d’initiés et d’invités qui sont là et le public n’a pas vu grand chose », continue cette retraitée, avant de confier qu’elle a toujours « Des doutes sur la qualité de l’eau ».
Didier, 65 ans, est ravi d’avoir pu assister « ce symbole fort » mais il avoue aussi vouloir attendre les futurs résultats de l’analyse des eaux de la Seine pour aller s’y baigner, comme cela devrait être le cas à partir de 2025. « Je ne suis pas fan des Jeux Olympiques. Pour moi, c’est une énorme machine à fric, mais pour Paris, c’est fantastique. Anne Hidalgo a dit qu’elle irait et je pense que si ça n’avait pas été le cas, elle aurait été agressée. » raconte ce Parisien, venu spécialement en vélo.
A peine un quart d’heure après la fin du bain du maire, les habitants et les touristes de passage ont quitté les lieux et seule la presse reste pour suivre la fin des festivités. Pour le public, il ne reste plus qu’à attendre les épreuves de triathlon et de natation en eau libre de la quinzaine olympique pour assister à des exploits bien plus spectaculaires.