Le président de la Fédération française de rugby fait le point ce mardi suite aux critiques
« C’est une certitude et je n’aurai pas la main tremblante, a-t-il confié. Il faut qu’on se pose, qu’on réfléchisse et qu’on mette quelque chose en place. Ce sera différent, c’est sûr, mais on ne le fait pas dans la précipitation. » Le deuxième ligne Hugo Auradou (20 ans, Pau, 1 sélection) et le troisième ligne Oscar Jegou (21 ans, La Rochelle, 1 sélection) ont été mis en examen vendredi pour viol aggravé.
Les deux joueurs sont accusés d’avoir violé une femme dans la nuit du 6 au 7 juillet dans un hôtel de Mendoza, dans le nord-ouest de l’Argentine, où le XV de France venait de disputer le premier match de sa tournée. Auradou et Jegou, qui parlent de relations sexuelles « consensuelles » et nient tout acte de violence, ont été placés en détention. L’examen de leur demande de placement en résidence surveillée devrait prendre « au moins dix jours », a précisé vendredi le parquet de Mendoza.
« Cataclysme »
Le soir même, à la suite de la victoire des Bleus face aux Argentins (28-13), l’arrière Melvyn Jaminet (25 ans, Toulon, 20 sélections) avait tenu des propos racistes dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, entraînant son exclusion immédiate du groupe. C’est donc sans ces trois joueurs que le XV de France, après une tournée d’intérêt sportif devenue relative, a atterri lundi soir à Roissy-Charles de Gaulle.
« Après une tournée comme celle-là, le pays nous manque. On a tous envie de rentrer à la maison, de voir nos familles », a reconnu samedi soir le troisième ligne Judicaël Cancoriet. Si les joueurs et le staff pourront prendre des vacances après ce « cataclysme » selon le sélectionneur Fabien Galthié, Florian Grill, élu il y a un peu plus d’un an, devra rester en première ligne pour défendre tout le rugby français.
Avec une priorité : faire passer le message que ses joueurs ne sont pas des agresseurs de femmes, ni même des violeurs, ni des racistes. Et convaincre que le rugby n’est pas « miné par des représentations stéréotypées des femmes et par la domination masculine et raciale », comme le dénonçait la semaine dernière dans Libération le sociologue du sport Seghir Lazri, auquel s’ajoute un effet « pack » propre aux troisièmes mi-temps, sur fond d’alcool, voire de cocaïne. Mais ces « cas isolés » ne doivent pas faire oublier que « le rugby, qui porte des valeurs très fortes, change les gens en les rendant plus nobles », assure le président du syndicat des joueurs de Provale, Malik Hamadache.
» Respect «
L’ancien sélectionneur du XV de France (2007-2011) Marc Lièvremont, aujourd’hui consultant pour Canal+, s’est indigné que son sport soit « soumis à l’opprobre général » alors que « dès le plus jeune âge, on nous apprend que le rugby, c’est le respect fondamental de l’adversaire, des règles, des autres sur et en dehors du terrain ». Interrogé par l’AFP, l’ancien centre international Didier Codorniou, candidat à la présidence de la FFR face à Florian Grill le 19 octobre, estime que cette « tragédie » pourrait avoir « des répercussions à tous les niveaux, économiques et sociétaux ».
« Malgré le côté très sensible et dommageable de ces deux dossiers, je ne suis pas sûr qu’il faille surréagir sur le côté négatif, d’un point de vue macroéconomique et structurant », explique l’économiste du sport Christophe Lepetit. « D’autant que la réaction des autorités (FFR et club de Toulon, ndlr) a été rapide et plutôt bonne. Cela semble de nature à rassurer les sponsors, et l’écosystème rugbystique plus largement à court terme », estime-t-il.