En ce matin gris, Brest se pare de bleu. Le bleu de quelque 500 marins (mais aussi des élèves gendarmes de l’école de Châteaulin, en treillis), heureux élus pour un défilé du 14 juillet hors norme. Pour ces Fêtes maritimes de Brest, surplombant le port et la rade, la cour Dajot a pris ses aises. Et ressemble aux Champs-Élysées. Cette année, le parcours a été étendu à toute la descente vers le port, jusqu’au cœur des Fêtes : 1 300 mètres de long, entouré d’une foule compacte.
» C’est le bordel ! «
Hors norme, aussi en raison de l’actualité internationale. « Trump vient d’être abattu, la guerre fait toujours rage en Ukraine, la Russie se rapproche de la Chine et de la Corée du Nord, la Chine fait pression sur Taïwan… » énumère Jean-Michel, 77 ans, un vétéran qui ne rate jamais une seule fête nationale. Sur son torse, un étalage de médailles rappelle et salue quarante-quatre années passées au service de la Nation, dans la Marine. « Vingt-quatre ans en service actif, et vingt en réserve ! », insiste-t-il, avant de lâcher : « C’est le bazar ! » Il évoque aussi « la situation politique en France ». Mais oublie les menaces russes de samedi, après le déploiement de missiles américains à longue portée en Allemagne.
« Cela rassemble les gens »
Alors, on regarde un peu différemment ces militaires qui s’apprêtent à défiler à Brest. Pas cette femme tombée sur l’événement « un peu par hasard ». « Mais je me suis arrêtée, insiste-t-elle. J’aime leurs uniformes. Ils sont très beaux. C’est prestigieux. On les admire. » Un peu plus loin, Anne est déjà émue. Son mari, officier supérieur, recevra dans quelques minutes la Légion d’honneur. « Parce qu’il est dans la Marine depuis trente ans », précise-t-elle, sans donner plus de détails. Émue aussi parce qu’elle a « perdu un ami en Afghanistan, il y a quinze ans ». « Depuis, toutes les cérémonies sont particulièrement intenses… »
Serge, policier à la retraite, ne rate lui non plus aucun 14 juillet. « La fête nationale et son défilé rassemblent les gens. Regardez autour de vous ! Et puis ça a une saveur incroyable cette année. On tourne la tête de l’autre côté, on voit la mer et on est émerveillé ! », s’enthousiasme-t-il en regardant l’incroyable forêt de mâts hérissés dans la rade.
Machines amusantes
La Marseillaise retentit. Menton levé, les 500 soldats défilent dans un quasi-silence, sous une haie de téléphones en mode vidéo. Dans l’enceinte de la Fête maritime, des milliers de spectateurs. Des applaudissements aussi. Pas assez pour ce commerçant, qui prend à partie la foule : « Eh ohhh ! Ce sont eux qui nous protègent ! Bravooo ! »
Dans l’un des bassins, la masse grise de la FREMM Normandie rappelle bien sûr que Brest, avec ses huit bâtiments de surface et plus de 1 000 marins au quotidien, est un bastion de la Marine. Mais la frégate n’est pas là que pour faire joli. Elle est « en alerte », prête à appareiller dans six heures, si la situation l’exige.
Brest 2024 engloutit le cortège. Les derniers à défiler, comme un symbole du dernier rempart, sont les sous-mariniers du Téméraire, l’un des quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) basés juste en face de Brest. Les « machines » ? Seize missiles thermonucléaires pouvant contenir jusqu’à dix têtes nucléaires, capables de frapper 160 cibles différentes dans un seul pays, n’importe où dans le monde. Dans le ventre du sous-marin gît l’équivalent de 1 000 fois la bombe qui a rasé Hiroshima.
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