350 seniors dansent en rouge et blanc
« Ne serre pas trop, Maite ! » Marie-Thérèse Cotin, dite Maite, 82 ans, aime porter son foulard rouge légèrement tombant sur les épaules, le nœud bien serré contre la gorge. Véronique Benas, de neuf ans sa cadette, préfère inverser le sens, la pointe du foulard tournée vers l’avant. « Je trouve ça plus seyant. Mais chacun fait comme il veut… » Vendredi 12 juillet, deux heures avant le traditionnel repas des seniors des Fêtes de Bayonne (1), chacun donne son petit conseil vestimentaire, dans le salon de la résidence pour personnes âgées Iguzkian.
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« Ne serre pas trop, Maite ! » Marie-Thérèse Cotin, dite Maite, 82 ans, aime porter son foulard rouge légèrement tombant sur les épaules, le nœud bien serré contre la gorge. Véronique Benas, de neuf ans sa cadette, préfère inverser le sens, la pointe du foulard tournée vers l’avant. « Je trouve ça plus seyant. Mais chacun fait comme il veut… » Vendredi 12 juillet, deux heures avant le traditionnel repas des seniors des Fêtes de Bayonne (1), chacun donne son petit conseil vestimentaire, dans le salon de la résidence pour personnes âgées Iguzkian.
>> Le repas des seniors en vidéo par TVPI, regardez ici :
Dix des cinquante résidents de la structure de ce quartier populaire de la rive droite ont revêtu leurs plus belles tenues blanches et rouges. En fin de matinée, ils monteront à bord d’un des quatre bus privatisés par la Ville pour emmener ces fêtards aux cheveux blancs jusqu’au gymnase du collège La Salle Saint-Bernard, à deux pas de la fête.
Près de 350 personnes y ont réservé leur place cette année. Pour 32,50 euros le repas (20 euros pour les Bayonnais non imposables), les participants – entre 70 et 100 ans, pour la majorité – passent une bonne partie de l’après-midi sur la piste de danse. La fanfare de l’accordéoniste Gérard Luc, présente dans toutes les fêtes du Pays basque, anime la danse.
« Danse Danse Danse »
Pour l’occasion, Maite a investi dans une paire de tennis immaculées. Du genre ultra-confortables. La Bayonnaise se sent aussi à l’aise dedans que dans des espadrilles portées toute sa vie. « Vos chaussures sont vraiment jolies », constate Véronique, impressionnée. « J’ai hâte de danser, danser, danser », s’enthousiasme Maite. La native de la rue Maubec, à deux pas de la maison de retraite, dans le quartier de la gare, dit avoir toujours aimé les Fêtes de Bayonne. Malgré son petit salaire de femme de ménage et cinq enfants à élever. « C’était comme ça. On ne gagnait pas beaucoup, mais on adorait l’ambiance. Mais ça, c’était avant. Aujourd’hui, il y a beaucoup trop de monde. »
« Ce repas est le seul moment où certains Bayonnais vont aux fêtes. Ce sont leurs fêtes, en miniature »
L’octogénaire se sentirait bien incapable de plonger dans le chaudron rugissant que sont devenues les Fêtes ces dernières années. Même pendue au bras de sa fidèle acolyte, Véronique. « On est trop vieilles pour ce genre d’expédition », soupire France Hiairrassary. À 91 ans, la dame aux cheveux courts et à l’élégante blouse rouge est la doyenne du petit groupe. Elle est aussi la dernière arrivée à la résidence. « Je ne me fais pas facilement des amis, mais pour m’inscrire à ce repas, je ne me suis pas fait prier », avoue la Landaise. « Madame Hiairrassary, retrouvez-moi sur la piste de danse ! », lance France Moulier-Chevalier, l’une des animatrices de la structure.
« Ce repas, c’est le seul moment où certains Bayonnais vont aux fêtes. C’est leurs fêtes, en miniature », explique Laurent Duvigneau, l’un des trois animateurs du service Génération seniors de la Ville de Bayonne. Ce grand gaillard aux lunettes jaune fluo aidait déjà à organiser l’événement quand il était enfant. « J’avais 12 ans. Ma mère, qui travaillait au CCAS (centre communal d’action sociale, ndlr) m’a mis au travail », rembobine-t-il.
Casser la routine
A midi, tout est encore calme sur le parquet du gymnase. Sur de longues tables, tout est impeccablement dressé : chemin de table rouge, sets de table verts, verres à pied et serviettes blanches pliées. Un chapeau de paille et un verre de sangria attendent chaque convive. Robert Muller est assis timidement à une extrémité de la table. Représentant commercial à la retraite, il raconte que c’est aux côtés de sa première femme, une bayonnaise pure souche, qu’il a découvert les fêtes de Bayonne.
Il avait 17 ans. « On était jeunes, on aimait le bruit et s’amuser. » Et aujourd’hui ? « Pas du tout ! C’est tout le contraire : je préfère la montagne et la nature. Il y a un temps pour tout », raisonne celui qui approche les 90 ans.
En attendant la prochaine excursion vers la Rhune, ou un autre sommet pyrénéen, Robert compte bien profiter du moment. « C’est une façon de rompre avec la routine, dit-il. Bien sûr ! l’interrompt Maite. Et puis on pourra même danser la valse et le cha-cha-cha… »
(1) Cette année du 10 au 14 juillet.