« Je le vois très fort, il monte vraiment en puissance », le peloton donne l’avantage à Jonas Vingegaard avant les Pyrénées
Le Tour de France entame samedi la première des deux étapes pyrénéennes, qui sera sans doute décisive pour le duel entre Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard.
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Après Après leur première explication sur les pentes du Galibier lors de la 4e étape, puis leur mano a mano au Lioran dans la 11e, Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard entament le dernier gros morceau du Tour de France, samedi 13 juillet, avec les Pyrénées à avaler avant la journée de repos. Ces 14e et 15e étapes s’annoncent décisives et franceinfo:sport a donc sondé les coureurs du peloton pour connaître leur impression sur les deux grands favoris, mais aussi sur le Belge Remco Evenepoel, qui pourrait jouer les trublions.
Avec 1’14 » d’avance sur son rival danois, le Slovène dispose d’une marge honorable mais loin d’être décisive. « J’ai une belle avance et je me sens très bien. Il ne faut pas que je m’emballe et que je conserve cette avance. Si j’ai des opportunités, je les saisirai mais ce n’est plus à moi de faire la course et d’attaquer »« Je suis très content de ce que je fasse », a déclaré le maillot jaune vendredi soir à l’arrivée de la 13e étape. Attaquer précisément, c’est ce qu’il fait sans relâche depuis le départ de Florence, en Italie, le 29 juin.
Mais 14 étapes plus tard, le zébulon slovène aborde les Pyrénées avec autant de confiance que de doutes face au niveau de Jonas Vingegaard. Impossible de savoir comment il est humainement possible que le Danois soit aujourd’hui à un tel niveau, alors qu’il était sur un lit d’hôpital il y a moins de trois mois. Mais il est là. « C’est impressionnant le niveau que Jonas Vingegaard a réussi à retrouver après son accident »estime le champion français Paul Lapeira.
Parmi les coureurs interrogés au départ vendredi, la majorité penchait pour le Danois, qui rassurait sur son état de forme. « Je vois Vingegaard comme quelqu’un de très, très fort, il prend vraiment de l’ampleur et ce week-end, je pense qu’il va essayer. »observe Warren Barguil. « Je pense que ça pourrait s’inverser entre eux lors de la troisième semaine. Il pourrait y avoir de la fatigue du Giro pour Pogacar, ou pas. C’est aussi ce qui va peser. »croit le Breton.
Axel Zingle, le puncheur-sprinteur de Cofidis, toujours pointu dans ses analyses, va encore plus loin en décortiquant l’étape de mercredi au Lioran. « Vingegaard perdu quelques mètres sur le coup de poing. Mais le« Les trente secondes qu’il a perdues ensuite, c’était plutôt sur un profil descendant. Par contre, on a vu que sur la montée suivante qui était plus longue, il a pu rattraper son retard. »rappelle l’Alsacien.
« Je pense que Tadej Pogacar n’est pas très calme et cela pourrait changer la troisième semaine. Il est possible qu’il s’énerve à un moment donné. »
Axel Zingle, coureur Cofidisà franceinfo : sport
Pour lui, le Danois aura l’avantage sur le Slovène dans les longs cols en fin de Tour. « En regardant les estimations de puissance, Jonas Vingegaard a grimpé au même rythme que la précédente ascension, mais elle était deux fois plus longue. Donc, à mon avis, il est un cran au-dessus dans les longues ascensions et cela devrait être prouvé ce week-end », Axel Zingle s’avance.
Avec le colossal Tourmalet (19 km à 7,4%) et le Plat d’Adet (10,6 km à 7,9%) samedi, puis l’arrivée au plateau de Beille dimanche (15,8 km à 7,9%), le Danois aura le terrain de jeu idéal pour ses qualités de grimpeur résistant.
D’autant que l’équipe UAE-Team Emirates de Tadej Pogacar a perdu vendredi Juan Ayuso, 9e du classement général avant son abandon. Un renfort en moins, alors que son équipe domine actuellement celle du Danois. « Je pense que mon équipe est très forte. Nous n’avons pas encore eu l’occasion de le montrer, mais nous le ferons à un moment donné. J’ai vraiment confiance en l’équipe. »a prévenu Jonas Vingegaard vendredi.
La troisième année du duel Pogacar-Vingegaard, qui n’a été jusqu’ici que soubresauts sans réelle secousse, peut-elle être perturbée par un troisième homme ? Avec Primoz Roglic éjecté de la course, Remco Evenepoel s’avance comme le seul capable d’arbitrer, par moments, ce duel. « Ce sera un beau duel, mais il ne faut pas oublier Remco Evenepoel. C’est un très bon coureur qui va monter en puissance, il y a une chance qu’il fasse quelque chose de vraiment grand. Ce ne serait pas mal qu’il soit au milieu pour les arbitrer. »estime l’alpiniste pyrénéen Bruno Armirail.
Le Belge, qui a jusqu’ici craqué à chaque fois devant Jonas Vingegaard face aux tirs de semonce de Tadej Pogacar, pourrait perturber la démolition progressive du Danois. Il semble avoir trouvé en Tadej Pogacar un allié de style et de circonstance face au scrupuleux Danois. « Je pense qu’Evenepoel peut être le troisième homme. Il perdra un peu de temps dans les montées raides. Mais dès qu’il y aura des opportunités, il fera le spectacle. Le podium est quasiment assuré donc il va essayer. »poursuit Bruno Armirail.
Reste que l’issue est, comme chaque année, incertaine avant d’avoir avalé les Alpes et les Pyrénées. Qui remportera cette 111e édition ? Il est encore trop tôt pour le dire, et Paul Lapeira hésite, comme beaucoup. « Ce n’est pas facile. Chacun a ses qualités, mais je dirais quand même Pogacar. »