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Trois ans après leur naufrage, des migrants vivent l’enfer sur une île paradisiaque

Qui ne rêverait pas de vivre sur l’atoll de Diego Garcia, avec ses plages de sable blanc, ses palmiers et ses eaux cristallines ? Les soixante demandeurs d’asile tamouls bloqués là depuis trois ans nous dressent un autre tableau. C’est un camp de réfugiés crasseux et un enfer juridique sans fin, gardé par des soldats américains mais dont le sort dépend des autorités britanniques.

Ils pensaient être sauvés. Fin septembre 2021, ces Tamouls ont fui les persécutions dont leur ethnie était victime au Sri Lanka et ont pris la direction du Canada. Leur bateau a pris l’eau et a commencé à couler après seulement dix jours. Le 3 octobre, la marine britannique les a repérés et les a ramenés à Diego Garcia, une base militaire de l’océan Indien. « Quand j’ai vu le drapeau britannique, dit l’un d’eux, Je pensais que nous étions enfin en sécurité.

Ce groupe de soixante migrants, dont seize enfants, s’entend d’abord dire que leur bateau sera réparé et qu’ils pourront partir dans quelques jours. Trois ans plus tard, ils sont toujours bloqués sur l’atoll, avec pour seul horizon un camp de la taille d’un terrain de football entouré de barrières de deux mètres de haut.

Leurs tentes de fortune fuient et sont infestées de rats, de souris et de cafards. « Nous vivons avec des rats, témoigne une mère. Ils mangent notre nourriture, grimpent sur nos enfants quand ils dorment et nous mordent.

Alors que la ville construite pour les militaires dispose d’un bowling, de boutiques, de bars et de terrains de sport, les Tamouls n’ont pas le droit de quitter leur camp. Seules quelques sorties très encadrées à la plage et des visites médicales peuvent justifier un départ. « Un garçon de 3 ans s’est volontairement cassé une dent pour pouvoir aller chez le dentiste et manger une banane »respire un réfugié.

Des conditions si déshumanisantes qu’une mère « demande si, en tant que parents, nous pourrions permettre à nos enfants de quitter l’île lorsqu’ils meurent. »

Le vide juridique de l’asile sur une base anglo-américaine

Si ces soixante Tamouls sont toujours bloqués sur cette île trois ans plus tard, outre la mauvaise volonté des autorités britanniques, c’est parce que personne avant eux n’avait jamais demandé l’asile sur Diego Garcia. Et l’atoll lui-même est contesté.

Colonisée par la Grande-Bretagne à la fin du XVIIIe siècle, elle est administrée depuis la création du Territoire britannique de l’océan Indien (BIOT) en 1965. Mais sa gouvernance est constitutionnellement distincte de celle du Royaume-Uni. Elle est également louée par l’armée américaine, qui y stationne entre 3 000 et 5 000 soldats. La base a servi aux attentats contre l’Afghanistan après le 11 septembre et à la guerre en Irak.

L’atoll est aujourd’hui principalement occupé par les 3 000 à 5 000 militaires américains qui vivent sur la base. | Senior Airman Rebeca M. Luquin, US Air Force via Wikimedia Commons

L’archipel des Chagos, qui comprend Diego Garcia, ne devrait même pas appartenir au Commonwealth britannique. Il est revendiqué par l’île Maurice, située à 2 000 kilomètres au sud-ouest, à laquelle la Cour internationale de justice a donné raison en 2019.

Cette impasse a exaspéré les avocats qui tentent de libérer les 60 Tamouls de leur camp. Si une lueur d’espoir a d’abord émergé en 2022 d’une lettre de Liz Truss, alors ministre des Affaires étrangères, recommandant au gouvernement de s’occuper des réfugiés au Royaume-Uni en raison du risque de suicide à l’intérieur du camp, rien n’a été fait à l’époque.

Dans un développement plus encourageant, la juge de la Haute Cour du BIOT, Margaret Obi, a accepté d’entendre une plainte déposée par les demandeurs d’asile. Elle leur a accordé une libération sous caution fin avril 2024 pour leur permettre d’accéder à certaines parties de l’île.

Cette décision fait suite à la visite d’une délégation du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, dont le rapport cinglant concluait que la détention des Tamouls était arbitraire et que le camp violait le droit international des réfugiés.

Mais cette petite victoire ne peut pas occulter le fait que, pendant ce temps, aucun asile n’est visible à l’horizon.

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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