Le désarroi de la nation start-up après le choc de la dissolution
C’est dans un cadre chic et champêtre, niché au cœur du Bois de Boulogne à Paris, que France FinTech, le lobby des jeunes pousses technologiques de la finance, organisait mardi 9 juillet sa fête d’été. Le nom du lieu ? « Pigeon Shooting ». Comment ne pas y voir le symbole quasi freudien d’une entreprise technologique française inquiète pour son avenir ?
C’est sous ce terme de « pigeons », en effet, que les entrepreneurs du numérique, craignant d’être floués par une loi fiscale jugée « confiscatoire ». Mais cette année-là, ils avaient trouvé leur champion : Emmanuel Macron, alors secrétaire général adjoint de l’Elysée, avait convaincu le président de la République, François Hollande, de faire marche arrière. Cet épisode marquait le début d’une intimité entre les start-up et un dirigeant politique adepte de la « disruption », comme il l’a encore prouvé en choisissant de dissoudre l’Assemblée nationale après les élections européennes du 9 juin. Presque une histoire d’amour, donc.
Mais le réveil est brutal. De Versailles à Las Vegas (Nevada), de l’Elysée à Davos (Suisse), le chef de l’Etat a tellement incarné la French Tech que ses membres craignent désormais d’être des victimes collatérales de son revers électoral. Parce qu’ils sont jugés trop proches d’un leader politique largement discrédité. « Ma crainte est que les personnes extérieures à l’écosystème ne comprennent pas en quoi notre contribution est utile. D’autant plus avec l’arrivée de l’intelligence artificielle, certains pourraient se sentir exclus de l’innovation »déclare Roxanne Varza, la patronne de Station F, la « cathédrale » des start-ups, dans le 13eet quartier de Paris.
« François Mitterrand allait dans les villages tous les mercredis, Jacques Chirac tâtait le derrière des vaches et Emmanuel Macron caressait les licornes (surnom donné aux start-ups valorisées à plus d’un milliard de dollars, soit environ 922 millions d’euros) « , ironise Hugues Le Bret, président de Nickel, le promoteur du « compte (en banque) pour tous ». Si la French Tech et son coq rouge ont été créés en 2013 par Fleur Pellerin, alors ministre dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault (2012-2014), le futur président de la République a donné une nouvelle dimension au programme en devenant ministre de l’Economie, en 2014 : par goût personnel, par l’intérêt qu’il avait à associer son image à la modernité, par son exigence de souveraineté.
Pour le monde entier, Emmanuel Macron était devenu la tête d’affiche de la French Tech, lors de son déplacement, en janvier 2016, au Consumer Electronics Show de Las Vegas, la grand-messe mondiale du secteur. Avec sa barbe de trois jours stylée, il avait été le « roi » d’une soirée financée à hauteur de 289 000 euros par l’agence Business France, refaisant le monde toute la nuit avec des entrepreneurs captivés.
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