Microsoft renonce à son siège au conseil d’administration d’OpenAI – 2024-07-10 14:05
Sam Altman, PDG d’OpenAI, et Kevin Scott, directeur technique de Microsoft, lors de la conférence annuelle du géant américain de l’informatique à Seattle, le 21 mai 2024 (AFP/Jason Redmond)
Microsoft a renoncé à son siège d’observateur au conseil d’administration d’OpenAI, le développeur de ChatGPT, alors que les régulateurs européens et américains intensifient leur surveillance du marché de l’intelligence artificielle (IA).
« Au cours des huit derniers mois, nous avons constaté des progrès significatifs de la part du nouveau conseil d’administration et sommes confiants dans la trajectoire de l’entreprise », a déclaré Microsoft dans une lettre envoyée à OpenAI mardi et consultée par l’AFP mercredi.
« Nous ne pensons pas que notre rôle limité d’observateur soit encore nécessaire », a ajouté l’entreprise fondée par Bill Gates, précisant que ce retrait prenait effet « immédiatement ».
Microsoft a investi environ 13 milliards de dollars dans OpenAI depuis le début de leur partenariat en 2019, soulevant des questions des deux côtés de l’Atlantique quant à l’étendue de son influence sur la startup californienne fondée en 2015.
Le géant du logiciel s’était vu accorder un siège d’observateur sans droit de vote au conseil d’administration en novembre 2023, après un débat houleux sur la question de savoir si Sam Altman devait ou non rester à la tête de l’entreprise. Altman est finalement revenu, soutenu par Microsoft.
La start-up californienne OpenAI, qui a développé ChatGPT, a été créée en 2015 (AFP / Lionel BONAVENTURE)
Les deux sociétés commercialisent des services d’IA auprès des développeurs et des particuliers, et sont en concurrence avec Google et d’autres géants de la technologie dans ce domaine.
Depuis le lancement de l’interface ChatGPT en novembre 2022, une course effrénée a en effet commencé pour prendre le dessus dans l’IA dite générative.
Développer cette technologie nécessite des investissements colossaux, principalement en serveurs et processeurs pour entraîner les logiciels, appelés modèles de langage, qui pourront répondre aux requêtes en langage courant.
– Surveillance accrue –
Seule une poignée de géants de la technologie ont la capacité d’engager les sommes nécessaires pour devenir un acteur légitime de l’IA générative, qui attire une attention accrue de la part des régulateurs en Europe et aux États-Unis.
Après enquête, l’autorité européenne de la concurrence a conclu en juin qu’en l’état actuel des choses, Microsoft n’avait pas acquis de « contrôle durable » sur OpenAI.
Mais la Commission européenne a demandé au géant du logiciel de nouvelles informations sur l’accord entre les deux sociétés « pour comprendre si certaines clauses d’exclusivité pourraient avoir un effet négatif sur la concurrence ».
L’autorité britannique de la concurrence, la CMA, évalue depuis décembre si le partenariat entre l’entreprise informatique basée à Redmond (État de Washington, nord-ouest des États-Unis) et OpenAI constitue une fusion.
Le PDG d’OpenAI, Sam Altman, serre la main du directeur technique de Microsoft, Kevin Scott, lors de la conférence annuelle du géant américain de l’informatique à Seattle, le 21 mai 2024. (AFP/Jason Redmond)
L’autorité américaine de la concurrence (FTC) a également annoncé une enquête sur les investissements de plusieurs milliards de dollars réalisés par Microsoft, Google et Amazon dans les principales start-ups de l’IA générative, OpenAI et Anthropic.
« Il semble clair que la décision de Microsoft a été fortement influencée par l’examen en cours de la concurrence de son impact (et de celui d’autres acteurs technologiques majeurs) sur les acteurs émergents de l’IA comme OpenAI », a commenté Alex Haffner, avocat en concurrence et associé chez Fladgate.
« Il est clair que les régulateurs sont particulièrement intéressés par le réseau complexe de relations que les géants de la technologie ont tissé avec les fournisseurs d’intelligence artificielle, d’où la nécessité pour Microsoft et d’autres d’examiner attentivement la manière dont ils structurent ces partenariats à l’avenir », a-t-il poursuivi.
Apple, qui devait obtenir un siège d’observateur au conseil d’administration d’OpenAI, s’est retiré suite au retrait de Microsoft, ont rapporté plusieurs médias.
Contacté par l’AFP, le géant Apple n’a pas immédiatement répondu.