Face à Emmanuel Macron qui tergiverse, Gabriel Attal prend ses distances
Le Premier ministre a présenté sa démission, mais Emmanuel Macron lui a demandé de rester en poste « pour le moment afin d’assurer la stabilité du pays ». Gabriel Attal a néanmoins confirmé une certaine rupture avec le chef de l’Etat.
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Qui gouvernera ? C’est la surprise de la soirée électorale après le second tour des législatives, le 7 juillet : le Nouveau Front populaire est arrivé en tête du scrutin, devant le camp présidentiel, qui a perdu une centaine de députés, mais a limité la casse, tandis que le RN reste très loin de la majorité absolue qu’il espérait.
Mais qui sera alors à Matignon ? C’est le casse-tête qui se pose à l’Elysée, mais aussi au NFP et à Ensemble !, de trouver une personnalité »consensuel« Cette personne, en tout cas, prendra la relève de Gabriel Attal, qui moins de six mois après son arrivée comme Premier ministre, prend cette fois clairement ses distances avec le président. Ainsi, quand l’un temporise, l’autre accélère ; quand Emmanuel Macron veut que la nouvelle Assemblée se structure avant de prendre des décisions, Gabriel Attal, lui, n’attend pas.
Le Premier ministre a ainsi présenté sa démission lundi 8 juillet, comme le veut la tradition républicaine, et a déjà appelé à un «nouvelle ère » Pour « reconstruire son espace politique« et reprendre »le flambeau de ses idéaux« . Démission mise en suspens par Emmanuel Macron qui a demandé à Gabriel Attal de « rester Premier ministre pour le moment afin d’assurer la stabilité du pays. »
« Il a été déclaré mort il y a trois semaines.se souvient un proche. Mais attention, « pas de triomphalisme, mais de l’humilité« , clame son entourage, persuadé que Gabriel Attal est en train de prendre rendez-vous. »Le message envoyé est fortreconnaît un conseiller. Il appelle à une nouvelle façon de gouverner.« Si le nom du successeur de Gabriel Attal reste un mystère, les négociations avec la droite ou la gauche pourraient s’éterniser. »Mais son rôle sera différent« , jure un ami. Autrement dit, loin d’Emmanuel Macron désormais.
Le président lui-même veut attendre « la structuration de l’Assemblée » pour prendre des décisions. La stratégie se résume par un soutien d’Emmanuel Macron : «Laissez la poussière retomber pour voir clairement.» Et pour une bonne raison, « En ces temps-ci, les alliances se font et se défont à grande vitesse »souligne un conseiller officieux du président.
Emmanuel Macron veut donc attendre de voir ce qui se passe à gauche, observer les rapports de force entre les socialistes, les écologistes, les communistes et les Insoumis avec lesquels personne, en dehors du Nouveau Front populaire, ne veut travailler, juge un allié du président. Et puis le chef de l’Etat attend aussi de voir ce qui se passe à droite, notamment avec ces trente députés LR qui ont été réélus sans candidat de la majorité sortante contre eux.
Finalement, le chef de l’Etat a une conviction : le bloc central ne s’efface pas. Il sera pivot. Plus que jamais, il s’accroche à l’idée d’une grande coalition. « Cette fois, il faudra prendre notre temps », recommande son entourage. « À partir d’aujourd’hui, cela va provoquer » depuis plusieurs semaines, prédit un chef de parti reçu dimanche à l’Elysée.