Terriblement endetté, le numéro 1 européen se remet petit à petit sur pied
Dans une interview au média néerlandais FD – relayée par Bike EU -, le patron d’Accell Group livre de précieux chiffres relatifs au surstockage de l’entreprise. En novembre 2023, environ 320 000 vélos attendaient de trouver preneur. Aujourd’hui, cette masse a été réduite à 210 000 unités.
Le groupe Accell est aujourd’hui considéré comme le numéro 1 du vélo en Europe, possédant de nombreuses marques comme Batavus, Haibike, Lapierre, Loekie, Raleigh, Sparta, Winora ou encore Babboe (actuellement en pleine tourmente depuis le rappel massif de ses vélos cargos). Le problème est que ce géant du vélo est en mauvaise posture.
En mars dernier, les médias néerlandais Journée financière (FD) reprenait une dette gigantesque de 1,2 milliard d’euros. Heureusement, Accell Group est désormais couvert par son actionnaire principal, l’américain KKR, qui l’a racheté pour 1,56 milliard d’euros en janvier 2022.
Objectif 160 000 unités
Néanmoins, le groupe Accell a été durement touché – comme presque tout le monde – par le phénomène dit de surstockage, qui s’est produit en 2023 et est toujours d’actualité en 2024. Tjeerd Jegen, le nouveau patron de l’entreprise depuis octobre dernier, évoque les stocks du fabricant dans une interview avec FDrelayé par Vélo UE.
» Lorsque j’ai commencé en novembre 2023, nous avions un stock de 320 000 unités. À cette époque, notre flottant a été multiplié par deux pour atteindre 1 milliard d’euros. Le volume a été réduit à 210 000 unités aujourd’hui et notre objectif pour la fin de cette année est de 160 000. Nous reviendrons ensuite à un niveau normal. » il explique.
Il est relativement rare que les propriétaires d’entreprises soient aussi transparents à propos de leurs stocks excédentaires. Cela nous donne une bonne idée de l’ampleur du phénomène et du travail qu’il reste à faire pour revenir à un niveau stable.
Aussi, et toujours selon Tjeerd Jegen, la majorité de ce stock serait destinée au marché allemand. A noter que l’Allemagne a connu une baisse de 15 % des ventes en 2023, tous vélos confondus, contre 5 % pour les vélos électriques. Avec l’Italie (-23 %) et le Danemark (-40 %), elle fait partie des pays européens les plus touchés par la crise. Outre-Rhin, le début d’année 2024 serait néanmoins prometteur avec une reprise à l’horizon.
Quelles solutions ont été mises en œuvre ?
Tjeerd Jegen revient également sur les solutions mises en place pour se remettre sur les rails.Nous avons drastiquement réduit notre production et mis en place une politique commerciale agressive.(comprendre, des remises importantes, ndlr).Ce sont les seules options dont nous disposons.« .
L’intéressé fait ici référence à la délocalisation de sa production – du moins d’une grande partie – vers la Hongrie et la Turquie, où la main d’œuvre est moins chère. En conséquence, entre 100 et 150 emplois sur le site de Heerenveen aux Pays-Bas étaient alors menacés.
De plus, Tjeerd Jegen estime désormais que le cyclisme sur route n’a plus l’attrait qu’il avait autrefois.Pendant la pandémie, de nombreuses personnes ont acheté des vélos de route pour 5 000 à 7 000 euros et ils sont désormais proposés sur eBay à moitié prix.« , il croit.
Quand le surstockage prendra-t-il fin ?
Nous tenons ici à tempérer légèrement cette affirmation : en France par exemple, le vélo de route électrique a résisté à la crise avec une hausse de 3 % en 2023. Mieux encore, le vélo de route musclé a progressé de 25 % l’an dernier, ce qui tend à démontrer un certain intérêt pour cette catégorie de produits. Sans parler du marché chinois, très friand de vélos de route depuis plusieurs années.
Ce qui est sûr, c’est que le surstockage chez Accell Group n’est pas prêt de disparaître avant quelques mois. On estime qu’il devrait s’atténuer considérablement au cours du second semestre 2024, voire début 2025 selon les marchés et les acteurs.