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DÉCRYPTAGE. Élections législatives 2024 : et maintenant… quel Premier ministre et quelle majorité pour gouverner la France ?

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Même sans majorité, le NFP appelle à exercer le pouvoir pour mettre en œuvre son programme. Le parti présidentiel tentera de convaincre ses alliés de développer des majorités de circonstance. Emmanuel Macron se donne quelques jours pour choisir son Premier ministre.

Ce qui devait arriver, arriva. A l’issue de ce second tour des législatives, aucun parti politique n’est en mesure de revendiquer la majorité absolue. La coalition du Nouveau Front populaire (NFP) avec environ 190 députés arrive certes en tête mais est très loin de la majorité absolue (289 sièges). La majorité présidentielle (160-169) arrive en deuxième position, le Rassemblement national arrive en troisième position (135-144 sièges) et enfin Les Républicains avec 63 élus.

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Le président a toujours le pouvoir de nommer le Premier ministre

Une chose est sûre : le pouvoir n’est plus à l’Élysée. Et pourtant, le président a toujours un pouvoir à exercer selon la constitution : celui de nommer un Premier ministre. Mais quel Premier ministre, de quel parti avec quelle majorité ? Cette grande question va agiter la France toute cette semaine alors que Gabriel Attal doit présenter officiellement la démission de son gouvernement ce lundi matin. Dès dimanche soir, l’Élysée annonçait qu’Emmanuel Macron attendait « la structuration de l’Assemblée nationale pour prendre une décision ».

Concrètement, le président de la République attend que le brouillard qu’il a lui-même créé se dissipe. C’est désormais au siège du parti de se réunir et de discuter. Les quatre chefs de parti composant le NFP ont entamé ce sprint de négociations dimanche à 23 heures. L’objectif est de pouvoir construire une majorité gouvernementale pour mettre en œuvre leurs promesses. Car bloquer le RN n’est pas un programme. Sentant que la situation pourrait déraper, Jean-Luc Mélenchon a tenté hier soir de verrouiller les discussions avec ses alliés socialistes, verts et communistes. La « volonté du peuple doit être strictement respectée » en exigeant que le président de la République fasse appel au NFP pour gouverner.

Le NFP se dit prêt à gouverner

Profitant de sa position de premier groupe à l’Assemblée, le NFP se dit capable de gouverner « pour mettre en œuvre l’intégralité de son programme » même sans majorité. Manuel Bompard (LFI) a ainsi rappelé que le parti macroniste gouverne bien depuis deux ans sans majorité. La coalition de gauche a également prévenu qu’elle utiliserait décrets et référendums pour mettre en œuvre dès cet été les premières mesures de son programme : SMIC à 1 600 €, blocage des prix, etc.

Ensemble, nous chercherons à créer un nouveau bloc central

Jean-Luc Mélenchon a également prévenu qu' »aucune combinaison ne serait acceptable » craignant que le parti présidentiel, qui se porte mieux que prévu, ne négocie une plateforme de gouvernement avec des députés LR et des sociaux-démocrates du Parti socialiste. Avec une telle alliance, un nouveau bloc central capable de gouverner pourrait émerger. Des personnalités comme Raphaël Glucksmann qui a obtenu 14,2% des voix aux élections européennes, François Hollande, Bernard Cazeneuve ou la présidente de l’Occitanie Carole Delga pourraient jeter un pont vers cette union inédite afin de trouver une plateforme de gouvernement.

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Le NFP survivra-t-il aux élections ?

Pour former un gouvernement, il faudra cependant que la coalition électorale de gauche survive aux élections. Chaque composante de la gauche devra décider de former ou non une alliance de long terme. Tous les leaders auront alors en tête l’objectif de 2027, grand rendez-vous présidentiel pour lequel chaque écurie alignera son candidat, Jean-Luc Mélenchon en tête. Quoi qu’il en soit, la question de la majorité d’action se posera à l’Assemblée nationale.

L’ancienne Première ministre Élisabeth Borne, réélue dans le Calvados, a appelé à « construire des compromis pour servir les Français ». Un exploit qu’elle n’a jamais réussi à réaliser lors de son passage à Matignon, la forçant à utiliser l’article 49.3 à de multiples reprises. Un autre ancien Premier ministre, Édouard Philippe, s’est montré plus prudent. Il a appelé à un accord de gouvernement « ni avec le RN ni avec LFI, qui ne sera pas tenable et ne servira qu’à gérer le pays ». Le chef du parti Horizons se projette vers l’avenir, sans trop s’exposer, en visant l’élection présidentielle de 2027. La majorité sortante ne semble pas très désireuse de former un arc anti-NFP à l’Assemblée nationale.

Le RN dénonce un «radeau de méduses»

En embuscade, le RN sera, comme à son habitude, le bon élève du Palais Bourbon, observant sagement le « radeau de la Méduse du PFN se désagréger face à la tempête budgétaire annoncée cet automne » a réagi Jean-Philippe Tanguy, le député (RN) réélu de la Somme. Le vote du prochain budget sera un véritable baptême du feu quel que soit le prochain gouvernement aux commandes, notamment face à un Sénat dominé par LR qui ne laissera rien passer.

Des millions de Français qui ont le sentiment que leur vote a été contourné regarderont les prochaines élections d’un œil sévère. Cette dissolution voulue par Emmanuel Macron a donné naissance à une anomalie : elle a fait renaître le IVet République sous le Vet République, un modus vivendi qui ne peut prospérer. Les mois à venir s’annoncent très houleux.

Cammile Bussière

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